AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Philippe Claudel (2732)


On sait toujours ce que les autres sont pour nous, mais on ne sait jamais ce que nous sommes pour les autres.
Commenter  J’apprécie          1842
On dit toujours que la vie est injuste , mais la mort l'est encore davantage , le mourir en tout cas . Certains souffrent et d'autres passent comme dans un soupir . La justice n'est pas de ce monde mais elle n'est pas de l'autre non plus .
Commenter  J’apprécie          1283
[...] ça, c'est la grande connerie des hommes, on se dit toujours qu'on a le temps, qu'on pourra faire cela le lendemain, trois jours plus tard, l'an prochain, deux heures après. Et puis tout meurt. On se retrouve à suivre des cercueils, ce qui n'est pas aisé pour la conversation.
Commenter  J’apprécie          1184
Je ne sais pas si l’on peut guérir de certaines choses. Au fond, raconter n’est peut-être pas un remède si sûr que cela. Peut-être qu’au contraire raconter ne sert qu’à entretenir les plaies, comme on entretient les braises d’un feu afin qu’à notre guise, quand nous le souhaiterons, il puisse repartir de plus belle.
Commenter  J’apprécie          1160
C'est douloureux d'écrire. Je m'en rends compte depuis des mois que je m'y suis mis. Ça fait mal à la main, et à l'âme.
Commenter  J’apprécie          1020
Ce peut-être aussi cela l'existence ! Des miracles parfois, de l'or et des rires et de nouveau l'espoir quand on croit que tout autour de soi n'est que saccage et silence !
Commenter  J’apprécie          1010
J'ai déjà dit qu'il parlait peu. Très peu. Parfois, en le regardant, j'avais songé à quelque figure de saint. C'est très curieux la sainteté. Lorsqu'on la rencontre, on la prend souvent pour autre chose, pour tout autre chose, de l'indifférence, de la moquerie, de la conspiration, de la froideur ou de l'insolence, du mépris peut-être. On se trompe, et alors on s'emporte. On commet le pire. C'est sans doute pour cela que les saints finissent toujours en martyrs.
p58
Commenter  J’apprécie          970
Ne restent en elle que les jolis moments et les belles heures, tout ce qu'il y a de plus doux et d'heureux. Les autres souvenirs, ceux qui coupent, ceux qui blessent, ceux qui entaillent l'âme et la dévorent, tous ceux-là disparaissent, dilués dans l'eau comme une goutte d'encre dans l'océan.
Commenter  J’apprécie          911
La vérité, ça peut couper les mains et laisser des entailles à ne plus pouvoir vivre avec, et la plupart d'entre nous, ce qu'on veut, c'est vivre. Le moins douloureusement possible. C'est humain.
p12
Commenter  J’apprécie          881
Pour essayer de comprendre les hommes, il faut creuser jusqu'aux racines. Et il ne suffit pas de pousser le temps d'un coup d'épaule pour lui donner des airs avantageux: il faut le creuser dans ses fissures et lui faire rendre le pus.
Commenter  J’apprécie          850
C'est la peur qui gouverne le monde. Elle tient les hommes par leurs petites couilles. Elle les serre dans sa main, de temps à autre, pour leur rappeler qu'elle peut les anéantir si elle le veut.
P165
Commenter  J’apprécie          820
Les mets sont disposés sur des assiettes et dans des bols. Il y a une soupe aux liserons d'eau et à la citronnelle, des crevettes sautées à l'ail, un crabe farci, des nouilles aux légumes, du porc à la sauce aigre-douce, des beignets de banane et des gâteaux de riz gluant. C'est un véritable festin. Toutes les nourritures répandent dans la maison leurs parfums délicieux de coriandre fraiche, de cannelle, de gingembre, de légumes, de caramel. Monsieur Linh encourage son ami à goûter ces mets et lui-même se sert copieusement, reprenant plusieurs fois de chaque plat. Voilà une éternité qu'il n'avait pas pris autant de plaisir à manger. Il verse à son ami de petits verres d'alcool de riz. Tous deux boivent et mangent, et se sourient. Par les fenêtres de la pièce, on voit les rizières et la lumière du soleil qui étincelle dans l'eau.
Commenter  J’apprécie          750
M'endormir seul n'a jamais été mon plaisir. Même enfant me manque un autre corps. Sa chaleur, sa puissance, sa douceur, son souffle tiède et les battements de son coeur. L'endormissement souvent me fait craindre le pire, qui n'est pas la mort mais l'abandon, la solitude interminable.
Commenter  J’apprécie          720
Les deux amis s'en vont. Ils descendent le chemin qui se coule dans la forêt. Le jour est d'une beauté sans égale. L'air embaume la terre humide et la fleur de frangipanier. Les mousses ressemblent à des coussins brodés de jade et les bambous frémissent des bruissements de mille oiseaux. Monsieur Linh marche en tête. Souvent il se retourne vers son ami et lui indique d'un mot ou d'un geste une racine susceptible de le faire trébucher, ou bien une branche qui pourrait le blesser.
La forêt cède la place à la plaine. Les deux hommes s'arrêtent à sa lisière et leurs regards embrassent l'étendue verte qui tout au loin s'épanche vers le bleu tremblant de la mer.
Dans les rizières, les femmes en chantant repiquent les jeunes pousses de riz. Leurs pieds disparaissent dans la mare chaude et boueuse. Des buffles méditent, la tête basse, tandis que des pique-boeufs paradent sur leurs dos en ébouriffant leurs plumes blanches. Des enfants tentent d'attraper des grenouilles en poussant de grands cris et en frappant l'eau avec des baguettes de saule. Dans le vent léger, les hirondelles écrivent d'invisibles poésies.
Commenter  J’apprécie          680
C'est douloureux d'écrire. Je m'en rends compte depuis des mois que je m'y suis mis. Ça fait mal à la main, et à l'âme.
Commenter  J’apprécie          640
C'est un vieil homme debout à l'arrière d'un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul à savoir qu'il s'appelle ainsi car tous ceux qui le savaient sont morts autour de lui.
Debout à la poupe du bateau, il voit s'éloigner son pays, celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l'enfant dort. Le pays s'éloigne, devient infiniment petit, et monsieur Linh le regarde disparaître à l'horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette.
Le voyage dure longtemps. Des jours et des jours. Et tout ce temps, le vieil homme le passe à l'arrière du bateau, les yeux dans le sillage blanc qui finit par s'unir au ciel, à fouiller le lointain pour y chercher encore les rivages anéantis.
Commenter  J’apprécie          631
Philippe Claudel
Lire, c'est se frotter à l'intelligence des autres, à l'univers des autres, et c'est forcément enrichir le sien aussi. C'est ouvrir une porte dans son esprit vers un infini qu'on ne maîtriserait pas sans les livres.
(La grande librairie, 15 mars 2018)
Commenter  J’apprécie          620
Il se dit qu'un pays où les prénoms ne signifient rien est un bien curieux pays.
Commenter  J’apprécie          540
La plupart des hommes ne soupçonnent pas chez eux la part sombre que pourtant tous ils possèdent. Ce sont souvent les circonstances qui la révèlent, guerres, famines, catastrophes, révolutions, génocides. Alors quand ils la contemplent pour la première fois, dans le secret de leur conscience, ils en sont horrifiés et ils frissonnent.
Commenter  J’apprécie          533
O petite Poupchette… certains te diront que tu es l'enfant du rien, que tu es l'enfant de la salissure, que tu es l'enfant engendrée de la haine et de l'horreur. Certains te diront que tu es l'enfant abominable conçue de l'abominable, que tu es l'enfant de la souillure, enfant souillée déjà bien avant de naitre. Ne les écoute pas, je t'en supplie, ma petite, ne les écoute pas. Moi je te dis que tu es mon enfant, et que je t'aime. Je te dis que de l'horreur nait parfois la beauté, la pureté et la grâce. Je te dis que je suis ton père à jamais. Je te dis que les plus belles roses viennent parfois sur une terre de sanie. Je te dis que tu es l'aube, le lendemain, tous les lendemains et que seul compte cela qui fait de toi une promesse. Je te dis que tu es ma chance et mon pardon. Je te dis ma Poupchette, que tu es toute ma vie.
Commenter  J’apprécie          531



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Philippe Claudel Voir plus

Quiz Voir plus

Philippe Claudel

Philippe Claudel est professeur. Auprès de quel public particulier a-t-il enseigné ?

des aveugles
des prisonniers
des immigrés

5 questions
147 lecteurs ont répondu
Thème : Philippe ClaudelCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..