AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Philippe Delannoy (30)


Ces jeunes désenchantés voulaient tout et ne croyaient plus en rien. Leurs parents les avaient conçus au sortir de la guerre sur des valeurs qui étaient caricaturées sous Pompidou. Eux, tentaient de se grandir en professant des idéaux généreusement imprécis : abolition des races, des frontières, des pays, des cartes d'identité, des morales, des religions. "Imagine", la chanson de John Lennon, résumait le programme.
Commenter  J’apprécie          263
Pour l'an 2000, les prévisionnistes promettaient le métro dans un tube à vide, le train sur coussin d'air, des pilules pour remplacer les repas, des villes lunaires, des villes sous-marines. Le tramway passait pour un moyen de transport ringard digne des films de Charlie Chaplin.
La carte à puce, le micro-ordinateur, les téléphones portables, Internet ? Les prévisionnistes prévoyaient tout sauf l'essentiel. Mieux encore : un expert en aéronautique affirmait qu'en 1980, cent cinquante avions supersoniques Concorde sillonneraient le ciel. Un éminent professeur de sciences politiques soutenait qu'il était impossible de gouverner avec une Assemblée de droite et un Sénat de gauche ; un étudiant, inspiré, qui serait venu lui parler de la possibilité d'une cohabitation entre un Président de gauche et un Premier ministre de droite aurait pu regagner sa chambre à la cité universitaire.
Commenter  J’apprécie          240
Les parents travaillaient tous les jours de la semaine, y compris le dimanche. Peut-être se sentaient-ils heureux ? Les ennuis arrivent quand on se croit heureux, soutenait le père, refermant ainsi la parenthèse optimiste.
Commenter  J’apprécie          222
- "Savez-vous que nous sommes toujours considérés par les élites parisiennes comme des indigènes au parlé ridicule, des péquenots de l'Ouest, têtus, naïfs, roublards, rebelles abrutis de religion, des Bécassines ! Vous savez, François, que Bécassine a vraiment existé ? Elle s'appelait Annaïk Labornez, née en 1885, à Clocher-les-Bécasses, près de Quimper."
Commenter  J’apprécie          190
- "La Paimpolaise qui m'attend en pays breton. Vous connaissez la chanson de Théodore Botrel ? J'irai revoir Paimpol et sa falaise...Y'a pas de falaise à Paimpol.
- Y'a pas non plus de café Pouchkine, place Rouge, rétorqua François en citant la chanson de Bécaud, Nathalie.
Commenter  J’apprécie          190
Chaque jour, à l'heure du goûter, Jacques Chancel, à l'antenne de France Inter, interviewait des artistes dont le nom était connu de tous. A les entendre, le succès était le produit de la chance et du travail. Les journalistes semblaient quant à eux croire que les vies des laborieux étaient éclairées par des stars menant une existence entre ciel et terre : Yves Montand, Simone Signoret, Alain Delon, Romy Schneider, Charles Aznavour...Des êtres si brillants, loués, enviés, si écoutés, que ne pas être leur semblable signifiait aux auditeurs qu'ils avaient laissé passer leur chance, peut-être même avaient-ils totalement raté leur vie. Si une "étoiles" venait à s'éteindre, le public en prenait pour des jours d'émissions endeuillées. Certaines personnes, constellées d'idioties, se sentaient plus affectées par la mort d'une célébrité, qu'elles croyaient connaître, que par le décès d'un parent, qu'elles ne connaissaient que trop.
Commenter  J’apprécie          190
Et Brigitte Bardot portait le col mao. Les aliénés couraient derrière les mini-jupes, les collants, les Beatles, les Kings, les Rolling Stone, s'enivraient de mots anglais, hard, soft, in, out, show-biz, look, cool, et s'emparaient du téléphone. Les gens de peu quittaient la survie et découvraient le mode de vie. Les pauvres osaient parler de standing. Ils investissaient plusieurs mois de salaire dans l'achat d'une voiture, s'endettaient dans l'acquisition des gros appareils ménagers ; les plus nantis, grâce à l'emprunt, devenaient propriétaires de leur logement ; tous rêvaient de partir en voyage. Les fortunés n'avaient pas assez des douze mois de l'année pour visiter leurs propriétés, ni d'une vie entière pour dépenser leur argent.
Commenter  J’apprécie          180
Dans l'intervalle, l'honneur de Mme Pompidou avait été lavé. On a étouffé l'affaire, affirmait tante Marie-Jeanne, qui semblait tenir à ses danseuses nues sous le tutu. Mme Pompidou n'était sans doute pas aussi coupable que certains avaient voulu le faire croire, néanmoins, il n'y avait pas de fumée sans feu. Et puis n'avait-elle pas été bien légère en fréquentant des milieux peu recommandables lors de ses vacances à Saint-Tropez. Selon tante Marie-Jeanne, une femme honnête, une vraie femme honnête, reprit tante Marie-Jeanne, passe ses vacances à Plestin-les-Grèves en bottes bleues et ciré jaune !
Commenter  J’apprécie          183
Soyez lucides, deux forces dirigent le monde : l'argent et le sexe. Les hommes gagnent de l'argent pour posséder le plus possible de femmes, et les femmes séduisent les hommes pour leur soutirer le plus possible d'argent. Tout le reste est littérature.
- Litres et ratures, aurait dit Antoine Blondin, s'esclaffa François en levant son verre.
Commenter  J’apprécie          170
A son âge, Jacques avait dû retenir par cœur les noms colorés des pays d'Afrique et leur capitale. Zéro pointé à l'élève qui se trompait sur un nom exotique. Le prof citait Victor Hugo et Jules Ferry pour qui la générosité exigeait que l'on apportât les lumières de la civilisation aux peuples prisonniers de l'obscurantisme. Un écolier d'hier qui, sous l'effet d'un sort, se réveillerait aujourd'hui, et répéterait sa leçon, se ferait tancer par les maîtres actuels. Qui donc a fourré de pareilles insanités dans le crâne de ce morveux ?
Commenter  J’apprécie          170
Sous Pompidou, on révolutionnait l'habitat avec virilité : on faisait des gros pâtés, des tours phalliques, des barres, des blocs, des forteresses tristes, isolées les unes des autres, entourées d'arbres, qui dissimulaient à peine la méchanceté de la réalisation. Bientôt ces bâtiments autonomes construits à l'écart du centre devinrent des lieux livrés à l'ennui de ceux qui n'espèrent rien.
Commenter  J’apprécie          170
A Saint-Paul, au timbre de la première sonnerie, les retardataires voyaient se clôturer la grille ; la vitesse d'exécution de la manœuvre dépendait de la vie amoureuse du pion. A pion frustré : grille claquée ; à pion comblé : grille compréhensible et patiente.
Commenter  J’apprécie          150
Le Frère qui enseignait le français était un jeune homme tendu qui ne souriait jamais. Il flanquait des claques pour faire entrer les règles de l'orthographe. Les élèves rédigeaient les dictées la trouille au ventre à la perspective de la séance des gifles au corrigé des copies. Les accents oubliés ou mal tournés n'étaient pas des fautes à claques ; pour cette raison François ne se privait pas d'en faire. Toujours ça de pris sur l'adversité, pensait-il.
Commenter  J’apprécie          150
Pour donner une idée du climat qui régnait ces année-là, l'admission dans les rangs d'un élève de parents divorcés soulevait question. A la récré, les écoliers considéraient le petit divorcé comme un enfant amputé d'un parent. Pour eux tous, un père et une mère leur semblaient aussi naturels que d'avoir des bras et des jambes. Il revenait à l'invalide le soin de rassurer sur sa normalité s'il voulait être accepté dans les jeux.
Commenter  J’apprécie          141
Devant la bibliothèque de son salon de réception, je lui parlais d'un livre d'André Gide, La Symphonie pastorale, lu quand j'étais adolescent, un récit dont je me rappelle des passages entiers, sais-tu, Jacques, ce qu'elle m'a répondu avec une petite moue de tête à gifles ?
Les écrivains sont des vicieux ; les artistes ont des mœurs déréglées ; les intellectuels se noient dans un verre d'eau ; les politiciens mentent, seule la famille compte.
Eh bien, nous parlâmes de nos saintes familles !
Commenter  J’apprécie          120
Quelques jours avant Pâques, François, chaperonné par sa mère, rencontra, innocemment, rue Glais-Bizoin, derrière la vitre de la pâtisserie, debout, dans un coin de la devanture, un enfant en chocolat noir, haut d'un mètre, qui semblait le regarder en clignant de l'œil vers lui.
Aux pieds dodus de la figurine pur cacao, la vitrine présentait des copies miniatures du modèle, elles aussi, toutes en chocolat noir, excepté le pagne, qui ceignait les reins, qui, lui, était en chocolat blanc. Les cheveux des personnages étaient délicieusement crépus et leur ventre, généreusement rebondi. Sur une étiquette était écrit, avec le prix : négrillons en chocolat.
Commenter  J’apprécie          110
Leur but, aux capitalistes américains, disaient les curés, était de faire de vos enfants des crétins juste capables d'acheter leur bimbeloterie. Ils tentaient, affirmaient-ils, de les coloniser avec leur sous-culture idiote. A titre d'exemples d'andouilles made in France, les curés citaient : Sheila, Dick Rivers, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday. Pour être abréviatif : les vedettes du journal Salut les Copains, que le père d'Hervé, homme d'esprit, contre-pétait en " Ça Pue Les Colins"
Commenter  J’apprécie          100
Les descentes à vélo vers les plages des Rosaires, de Binic, de Pléneuf, offraient des sensations de vitesse, relevées par la tonicité du vent marin ; en revanche, les lentes et laborieuses remontées, en danseuse, rappelaient au dit cycliste les préceptes de la Bible concernant ce qu'il faut gagner à la sueur du front, des cuisses et des mollets.
Commenter  J’apprécie          100
Selon Hervé, le matin, Mme Boisjouan ouvrait ses volets, vêtue d'une simple nuisette. C'était une dame qui lui donnait envie de grandir.
Commenter  J’apprécie          100
Le ressentiment de M.Perdriaux contre Paris remontait à la guérilla chouan de Cadoudal en 1795, à la brutale politique de Combes en 1905 avec l'interdiction de donner un prénom breton à ses enfants.
Commenter  J’apprécie          90



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Philippe Delannoy (18)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Petit Prince

Que demande le petit prince?

un dessin
un livre
une feuille
un stylo

10 questions
282 lecteurs ont répondu
Thème : Le Petit Prince de Antoine de Saint-ExupéryCréer un quiz sur cet auteur

{* *}