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Citations de Philippe Delaveau (84)


I – NOCTURNAL

VI
L'OISEAU


Dans la cage habite l'oiseau
Derrière les barreaux de rotin
L'oiseau relie le soir et le matin,
L'heure qui rampe sur les toits et les tables,
L'oiseau toujours joyeux, l'oiseau proche, lointain.

Nous habitons ce monde aux barreaux de pluie,
La cour vertigineuse entre quatre hauts murs.
La ville ronronne et geint sans plus finir.

Je me souviens au creux d'une vallée,
L'ai-je connue, fut-elle en mon désir ?
D'une trouée paisible entre les arbres.
Quelle douceur esquisse au loin sur l'herbe
Un jardin de clairière où refluera la nuit.

J'ouvre les persiennes rétives puis la fenêtre :
Quels seront aujourd'hui les messagers de joie ?
Il n'est de liberté qu'intérieure, je le sais bien ;
De silence, qu'au fond de soi
Pour peu qu'on sache s'en éprendre.

La voix familière ignore les mots,
Elle parle toujours et sans paroles,
Veille dans un déni de faits immodestes
Et nous comprend avant que nous ne l'entendions.

Oh pourquoi l'oiseau docile, pourquoi
L'oiseau chanteur, lorsque je le regarde
Se taira-t-il, l'oiseau qui sait chanter ?

p.25-26
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II. UN CHANT D'AMOUR

XXII. LES MONTS BLEUS


Les monts bleus
Et le ciel songeur.
Toi
Dont les yeux ardents
Sont l’abri du ciel et des monts.

Source, frisson, tristesse, joie.
Je baiserai de ma langueur
Ta bouche.

Je vois les mots se former
Dans tes pupilles, sur tes lèvres.
Et je respire ton haleine.

Je me raccroche à la vie,
Je sais l’existence du monde
Lorsque je tiens ta main.

p.63
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FEUILLE ROUGE RESTÉE

Les oreilles du lièvre aussi sont fragiles
que dire du rouge-gorge qui s’est aventuré dans la pièce où j’écris
viens lui dis-je d’une voix adoucie en le prenant
entre mes mains qui tremblent de ce qu’il tremble
que je te rende l’absolu de ton ciel où tes semblables règnent
parce que vous êtes purs comme la neige et les prophètes

Et cette feuille qui a navigué si longtemps
en demeurant toujours à la magistrature de sa branche
d’où elle assiste au lent procès du jour
sèche noyée de pluie parcheminée comme une main

L’hiver ne l’a pas rendue à la terre
elle est rouge du feu qu’elle ignore
plissée d’une lointaine rêverie
la branche autour est nue comme la vérité
quelle est la vérité ? quelle est son heure ?
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LE CHANT DE LA TERRE

Voici la plus belle heure, les arbres
Sont roses dans le jour qui se lève.
Les parfums n'ont encore épuisé leurs timides
Secrets, dans le lacis des herbes, parmi les fleurs.
Alors le soleil blanc et rond quitte son écurie
Perdue dans la douceur du ciel au-dessus de la crête
Des arbres centenaires. Le lourd charroi qu'il tire
De la chaleur d'été d'où tombe le foin rouge,
S'engage sur l'ornière de la Loire jusqu'au soir des collines,
Que des merles, des hirondelles, veillent de leurs cris.
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LES POEMES

Les poèmes vieillissent confusément,
Parlant encore de forêts, d’or et de roses. Toutefois
Quel sage aurait pu dans une seule fable
Serpentant au-dessus des hommes et des fleurs,
Dire comme la perle un peu l’attente
Qui est au creux du monde, et peut-être à la fin composer
Pour un prince las du soleil et des livres,
Un autre chant qui ne vieillirait pas,
Qui parlerait sans fin de ce qui recommence,
Au gré des libellules bleues, des armoiries de l’onde ?

Alors l’image en ce poème serait plus limpide
Que le bruit continu de l’eau, plus sombre qu’un silence
Au pied de l’arbre à qui écoute
La nuit parfaire les saisons
En quête de sagesse nébuleuse et d’ordonnance.
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À LA BELLE ENDORMIE

Maintenant que j'écris sur la page secrète
Des mots doucement ivres de ton nom,
Tu dors dans ce désordre de cheveux
Odorants et doux que je respire,
Et les volets fermés ont replié leurs ailes.
Le soleil par les fentes soyeuses d'un après-midi
Jette ses lettres sur le plancher qui flambe :
Je les ramasse, je veux les lire, je transcris
Ces mots d'amour et dans ton cou je les traduis
Contre l'oeil clos de ton oreille.

Belle endormie loin de moi, tout près de moi, ton rêve
Encore fou, rêve et s'enfuit. Dis-moi tout bas
De deux amants quel est ce doux royaume.
Et comment le soleil qui déjà fuit t'admire.
Mais tu souris et je me brûle
De tant de mots, à travers coeurs en flammes.
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Ce que disent les vents

Ce que disent les vents dans leurs langues nue,
en effleurant la courbe des collines, frères
des paysages crus ou sombres qu'ils traversent.

Plus d'obstacles bruyants, plus de nuits, de frontières
Vents de grande antiquité, derniers-nés sur la mer :
le temps rompu sur l'échiquier recule – puis vainqueur

Comme l'eau scintille sur sa propre étendue ! Miroirs,
diamants, saphirs, rubis de toits, émeraudes – les plaines
traversées de courants où l'eau danse, un pas, reflue.
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je me souviens toujours, le temps s'arrête, ce poème
est l'immortel oiseau d'un chant qui renaît de ses flammes.
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Entendre alors la persuasion très tendre
et douce d'un oiseau qui solfie les mesures
d'une clairière. Deux fois peut-être. Puis se tait. Se dissout
dans la perfection pure et simple du silence.
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Une cigale aigüe sous les pins parasols. l'invisible scierie, son
obsession
d'été cachée entre les pierres
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Coeur chiffoné des roses,
pochette en soie des pétunias, charlotte en caoutchouc
des hortensias face à la mer, feux d'artifice
des agapanthes, ce sont les fleurs.
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Que cette nuit pourtant entende et me pardonne. Que la
fraîcheur
du soir endorme les blessures. Je tremble comme
les oreilles fragiles des peuplierz, grises, blanches
les visions des prophètes, la fleur haute du vent
sur sa hampe trémière. Il est tard, je le sais, la mort se glisse
dans nos voix, couleuvre déhanchée dans l'herbe fugitive...
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Un jour, j'irai tout droit vers la lumière.
Le Seigneur m'y conduit. Tu viendras m'y rejoindre.
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C'est l'heure où l'hirondelle déplie ses ciseaux
pour couper le long fil jusqu'aux ardoises.
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Sceaux fugitifs pour le glorieux hiver. Et nous marchions
sur le buvard de neige, il boit l'encre des bruits
et le fugace agencement de l'ombre.
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Comment traduire

l'appel qui me traverse ? L'eau toujours me revient,
les larges palmes des colonnes, ciel sombre,
ciel de bleu sombre aussi ne sont pas rien. Je suis le fleuve.
Quelque chose promise, étoiles de coton, fécondité,
paix magnanime sur les sables stériles, chemin stable,
signe précis, signe éternel. Je suis le fleuve.
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Ombre qui tache de jus noir les sols anciens. Tant de lumière.
Le jour a l'acidité du citron.
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A l'hôtel, ville étrangère, la nuit campe
avec son armée de bruits qui déchiquettent
coups assourdis, vibrations lointaines, chocs sourds :
c'est l'heure où les horloges sur les pointes
de leurs talons aiguilles quittent les murs
et le fronton des monuments fardés du blanc gras de minuit
pour aller mendier l'heure sur la lumière parmi les places
où les autos sans visage s'élancent moins nombreuses
le long du fleuve, après la fermeture des théâtres, sous un masque
de lune.
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Je suis le lac et le glacier, le lent choral de ceux qui veillent.
J'accède au froid d'une justice. Je traque l'éternel. J'escalade
ce que j' ignore. Et quelqu'un me connaît. Quelqu'un
m'appelle et me connaît. Les mots de glace il les confie
à nos yeux éreintés, à la paralysie sur la coursive de nos mains
vaines.
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Saint-Pierre Martyr (San Marco)

Il a posé un doigt sur ses lèvres:
Il faut se taire. Au-dehors
Les arbres continuent de trembler dans la bise. Et l'oiseau sur le mur, par la fenêtre
De lumière, ouvre un oeil sage
Couleur de raisin noir. De l'autre main
Il tient l'écritoire et la plume. La nuit
Chaude descend sur ses épaules. Derrière,
Le mur est comme l'âme dépouillée, terne et nue.
Alors commence la lumière.
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