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Citation de Charybde2


J’avais choisi ma place. Chambre avec vue. Je l’avais visitée et fait aménager, remplaçant l’unique ouverture et sa porte de fer par un espace vitré. Les dimensions exiguës, 30x40x50 cm convenaient parfaitement à un amas de cendre, ce que je serai au moment d’emménager. Sur les hauteurs, entre les cyprès, je voyais le port, ses grues jaunes, les containers empilés pour la Chine, le Japon, l’Afrique, cubes de couleurs pastel, espaces clos et sombres où tout pouvait prendre place, des jouets pour enfants aux paquets de cocaïne arrivés de Colombie. Barcelone était la plaque tournante de la drogue en Europe. La blanche valait un euro le gramme au départ, vingt à son arrivée au port, quarante à Paris. J’avais fait construire un petit fauteuil rouge de trente centimètres de haut, le genre de fauteuil dans lequel on pouvait lire L’Homme sans qualités ou tout autre roman océanique. Il était téméraire de penser qu’une conscience aurait besoin d’un fauteuil et plus encore qu’elle prendrait plaisir à lire mais ce genre de présupposés m’avait diverti et c’est avec précision que j’avais noté dans mon testament : « Le fauteuil sera disposé face à la mer, les cendres répandues, l’urne jetée et lorsque les dernières poussières se seront déposées, je veux qu’on place discrètement mon appareil de photo, batterie complètement chargée, sur le fauteuil. Ensuite, on scellera la petite dalle de verre et on me laissera reposer en paix. » (Antoni Casas Ros)
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