Y'a p'us d'jeunesse, se contente de bêtifier le Gus, n'étant que de passage, ne veut pas se mêler d'un différent qui pourrait lui faire rater une vente. Dans ces patelins où tout le monde est plus ou moins en famille avec tout le monde, prendre parti pour l'un ou pour l'autre pourrait nuire gravement à son commerce.
J’ouvre un œil… glauque.
Comme tous les matins depuis trois ans, j’ai la langue aussi pâteuse qu’une tartine de beurre de cacahuètes (qui fait tant pour la jeunesse américaine) et comme tous les matins depuis trois ans, sous mes cheveux collés par la sueur, les tambours du Bronx battent la chamade.
Dés qu’il m’a entendu bouger dans le canapé, Kerouac s’est manifesté. Il tourne et couine devant la porte. J’ai compris le message, je me lève péniblement et vais lui ouvrir. Comme tous les matins, il attend la petite tape sur la tête auquel il a droit et, de sa démarche claudicante de vieux chien, il part lever la patte en des endroits stratégiques connus de lui seul, mais qui doivent avoir leur importance, compte tenu du zèle quotidien dont il fait preuve.
D’un pas traînant, j’entre dans la cuisine… dégueulasse.
Comme tous les matins depuis trois ans, je passe un coup d’eau froide à une tasse piochée au hasard dans la vaisselle sale qui encombre l’évier. Comme tous les matins depuis trois ans, je me tape un caoua improbable qui n’arrange pas mon mal de crâne, j’avale un cach’ton censé arranger mon mal de crâne et finis par me rouler un joint (de ma propre production s’il vous plaît !) qui relance mon mal de crâne.
Trois cafés et deux pétards plus tard, je n’ai toujours pas bougé mon cul quand Kerouac gratte à la porte. Je sais très bien ce qu’il veut, on n’a pas besoin de se causer tous les deux. C’est con ce que je viens de dire… quoique, certains soirs, quand j’ai un peu trop tutoyé la dive bouteille, on a de longues discussions, enfin, quand je dis « discussions », je parle. Je parle avec sa tête amoureusement posée sur mon genou, je parle de ma douleur, de ma solitude, de mon désarroi et les grands yeux mouillés du vieux briard me crient qu’il partage ma peine, qu’à lui aussi ELLE lui manque beaucoup, que lui aussi est malheureux. Alors j’éteins l’ordinateur où je me passe en boucle des photos d’ELLE, de nous, des jours heureux, des jours de vie et de projets… puis je m’écroule sur le canapé (aussi défoncé que moi) de mon « bureau » histoire de replonger dans mes cauchemars familiers.
L'écho du grondement de l'avalanche roule encore entre les pics déchiquetés. Lentement, les particules de neige en suspension dans l'air glacial se dispersent au vent sauvage puis un silence oppressant enveloppe la montagne.
A mi-pente, sur le versant vertigineux où la coulée meurtrière a tracé un large sillon tourmenté, des créatures s'agitent. Habillés de vêtements de peau sous d'énormes pelisses de fourrure, les yeux protégés de la réverbération par de larges bandes de cuir fendues, armés de lances ou de sagaies à pointe de silex, des hommes fouillent fébrilement les abords de la tranchée blanche.
- Là ! Il y en a un ! crie un des chasseurs en commençant à creuser.
A l'appel de Torlok, deux hommes se sont précipités et rapidement un visage bleui émerge de sous la neige.
- C'est Tornan.
- Il y en a un autre ici ! C'est Maravan.
- Ils respirent ? interroge Devedar.
- Oui, ils sont vivants, affirme Rhanor.
- Ça y est ! J'ai repéré Wabarh. C'est le dernier.
- Heureusement qu'ils n'étaient pas au milieu du passage de l'avalanche. Ça leur aura probablement sauvé la vie.
- A condition qu'ils ne meurent pas de froid.
- Redescendons jusqu'au petit lac. Aakin et sa bande y ont laissé une provision de bois.
Clopin-clopant, les uns soutenant les autres, la petite troupe rallie l'ancien bivouac de ceux qu'ils pourchassent depuis une lune. Ils avaient failli les rattraper, arrivant à une portée de propulseur des fuyards puis l'avalanche les avait surpris. Heureusement, leur oreille aguerrie avait décelé le chuintement funeste qui précédait l'effondrement de la couche neigeuse. Ils avaient eu le temps de s'écarter, évitant le gros de la coulée et une mort certaine. Immédiatement, ceux qui étaient restés en arrière s'étaient précipités pour découvrir trois de leurs compagnons, groggy mais intacts. Sans perdre une seconde, du manche de leurs lances, ils avaient sondé l'épaisseur bleutée. Après quelques tâtonnements, les trois qui manquaient à l'appel avaient été libérés de la gangue froide et compacte avant qu'elle ne les étouffe.
Il leur tarde d'aller se poser au zinc en prenant des airs de conspirateurs, attendant les questions avec délectation, faisant traîner les réponses, s'amusant de l'impatience de l'auditoire.
Passionné d'histoire, j'adore tous les romans historiques. Sapiens nous emmène dans une période très mal connue (enfin pour moi). C’est donc avec un très grand intérêt que le l’ai lu. Ce livre possède les 2 grandes qualités que je recherche : 1) l’apport historique : le livre est très bien documenté. Il nous livre moult détails sur la préhistoire. On s’y croirait! 2) le côté romanesque : C’est une saga à laquelle on s’accroche à tous ces personnages. Je vais lire le 2ème tome avec impatience. Bravo pour ce très beau livre.
Francine lève les yeux au ciel. Ah, elle en aura entendu des conneries dans sa vie et son mari n'est pas le dernier à se distinguer dans cette spécialité universelle.
De sa bouche à l'haleine avinée s'échappe un flot d'injures et de menaces à l'adresse des femmes, des jeunes, des gays, des arabes, des noirs, des jaunes, des intellos, des pauvres, des chômeurs et, d'une façon générale, de tous ceux qui ne pensent pas comme lui.
"Moi qui osais tout, qui réussissais tout quand ELLE était à mes côtés, livré à moi-même, j'ai pu mesurer l'importance qu'ELLE avait prise dans ma vie. A l'intérieur de mon corps devenu une enveloppe vide, l'énergie avait fait place à la douleur. J'ai bien essayé au début, mais à l'instar des sables mouvants, plus je me débattais, plus je m'enfonçais. J'ai même tenté de revenir à mon ancienne vie, de renouer des relations, j'ai vite compris que je n'appartenais plus à leur monde, que je leur faisais honte. Comme je me fais honte à moi-même, quand, certains matins, dans la glace piquetée de l'armoire, je contemple ce que je suis devenu." (Editions Créer - p.40)
Les gens ne font plus la différence entre modérés et fanatiques et ils suffit de quelques illuminés pour jeter l'opprobre sur des millions d'innocents.
- C'est Madame Lagrod, elle nous fait un malaise "vaginal".
- Un malaise vagal? n'exagérons rien. Tout au plus un gros coup de chaleur.