Peu à peu, en avançant dans l'existence, je compris ma propre histoire et je racontai à qui voulait l'entendre ma Parabole du Papillon qui exprimait la spiritualité de l'âme et la fusion entre l'Homme et la nature. Je croyais que chacun de nous possédait deux vies, je voulais dire deux parties de vie : la première tout en devenir pendant l'enfance, préservée par la sécurité du cocon familial et la deuxième, une vie d'homme lancé à l'aventure pour conquérir le monde.
Soixante ans après, ces rêves persistent comme ceux d'une enfance douloureusement meurtrie. De temps à autre, mon père apparaît encore dans mes songes. Et c'est le même rêve renouvelé : une silhouette sombre avec une haute stature surgit dans la lumière à contre jour. Je ne vois pas ses traits ni ses yeux, c'est un spectre immense et sinistre, un chevalier noir tenant son épée devant lui, pointe en bas, comme une croix.
La découverte de l'hypothétique passage, à l'instar de la sortie difficile d'un papillon trop fragile de sa chrysalide, était une épreuve délicate. Il leur fallait entreprendre une véritable quête pour découvrir les mystérieuses voies de passage. Ouvrir une à une les portes menant à la félicité pouvait prendre à l'homme toute une vie. C'est là ce que l'on appelait communément la recherche du bonheur.
Mais je voulais non pas seulement apprendre, c'est-à-dire saisir et acquérir le sens des choses en accumulant les connaissances, mais surtout comprendre. Je voulais saisir l'ensemble, donner un sens au tout, embrasser la science en éclairant le sens de chaque nouvelle étape en voie d'acquisition par les étapes précédentes.
Certains génies aventureux allèrent cependant plus loin que le raisonnable et virent dans ces résultats un processus de renaissance de la plante détruite, la végétation obtenue représentant en quelque sorte l'idée de la plante d'origine.