Phoenix Greyson

Tout comme moi, sa couleur fétiche était le bleu avec une préférence pour le bleu saphir. Comme la plupart des adolescents mâles de notre âge, Matthew était accro aux films d'action et/ou de super-héros, mais il pouvait également regarder un « film de filles » avec ses sœurs ou moi sans râler toutes les cinq minutes.
Il avait une peur bleue des chiens depuis qu'il s'était fait mordre sans raison par Rex, l’espèce de teckel à poils longs que mon voisin avait recueilli pendant quelques mois lorsque nous avions une dizaine d’années. Je ne pouvais vraiment pas me moquer de sa peur puisque ce fichu clébard me foutait une trouille monstre à moi aussi. Il bavait sans cesse et pouvait passer des heures à nous fixer sans bouger avant de passer à l'attaque sans raison.

Depuis aussi longtemps que je me souvienne, je ne supporte pas d'être touchée. Je suis haptophobe, c'est ainsi que les spécialistes nomment les personnes comme moi.
Je ne sais pas pourquoi, ni à quel moment ça a commencé, je suis comme ça. Je ne peux tout simplement pas le supporter, c'est tout.
Il suffit qu'une personne pose la main sur moi – peu importe l'endroit – et c'est la crise de panique. J'ai l'impression de me retrouver prise au piège de mon propre corps. Parfois, j’aimerais simplement me décaler, fuir ce contact non-désiré mais, telle une biche prise au piège par les phares d'une voiture, je suis incapable de bouger. Je me replie sur moi-même, me mets à trembler et tombe dans ce que les médecins appellent, un état semi-catatonique.

En dépit de ma phobie, qui était un véritable handicap social, je voulais être une fille normale. Je lui avais demandé ce qu'on ressentait lorsque l'on était dans les bras de la personne qu'on aime, quel effet ça faisait d'être embrassée pour la première fois, puis la suivante… enfin, ce genre de chose.

Je ne sais pas comment tu arrives à me supporter. Je suis la pire des meilleures amies du monde. De l’univers même. Je serais la pire copine qui soit. Je n'arrive même pas à… te laisser me prendre la main. Ce n'est pas juste pour toi, j'en ai conscience mais… je suis égoïste.

Finalement, avoir un contact physique avec quelqu’un, n'était pas aussi insupportable que je l'avais toujours imaginé. Au contraire, avec Matthew du moins, c'était même plutôt agréable.