Pierre Carbone

Grâce à de grandes connaissances et de nombreux appuis statistiques, Pierre Carbone dresse un éventail du fonctionnement actuel (2016 pour mon édition) des bibliothèques (bibliothèques publiques et universitaires surtout, sans compter BnF, BPI, etc.) En tant que livre de la célèbre collection "Que sais-je ?", les informations sont comme souvent foisonnantes, et tout va très vite. Ce peut être un reproche à faire à ces petits livres prisés par les étudiants et les lycéens : de ne pas approfondir ni développer davantage, mais c'est une politique assumée, je suppose, d'offrir beaucoup d'informations que l'on peut par la suite (soi-même ou avec d'autres ouvrages conseillés dans la -courte- bibliographie) creuser un peu plus.

Le rôle des bibliothèques et leur place dans la société est plutôt bien analysé (disons bien informé). Tout comme la relation plurivoque qu'elles entretiennent avec le numérique, Internet et les ressources électroniques. Néanmoins, je regrette un chapitre ou deux en plus sur le fonctionnement et la gestion internes des bibliothèques (publiques et universitaires, voire même de la BnF), ou encore des différents types de bibliothèques coexistants en France, et de leurs particularités.

Ainsi, la part belle est faite aux chiffres et aux statistiques. Ce qui n'est pas si négatif d'ailleurs, mais ce sont des informations qui se périment vite (très vite, notamment dans ce milieu de la fonction publique). L'édition 2016 que je possède est donc déjà largement dépassée à ce niveau-là. Nonobstant, la longue (infinie ?) et assommante liste des associations, abréviations, consortiums et autres acronymes, n'est pas un point si dérangeant : il est impossible, en effet, de mettre un pied dans le monde des bibliothèques (ou de la documentation, ou des archives, ou du patrimoine écrit, ou tout simplement de la fonction publique) sans s'y frotter, qu'on le veuille ou non (personnellement, ça n'a jamais été mon truc, mais je me suis conformée à la chose). Et le jargon proposé ici (le même qu'on retrouve dans tout livre sur les bibliothèques) sert de base à tout développement ultérieur que l'on pourrait envisager de faire (ou pas) des noms et sigles cités et de leur raison d'être (ou leur Dasein dirait Heidegger !).

Dernier bémol, si je puis encore me permettre : il est dommage, je trouve, que chaque chapitre démarre de la même manière, bien que j'ai conscience de la volonté pédagogique (et donc lassante ? identique ? linéaire ?) de ce livre. Cela commence toujours par un très court paragraphe d'introduction afin de définir ce dont il va être question, puis suivent d'autres paragraphes historiques selon un déroulement chronologique (dans les années 1970, dans les années 1980, dans les années 1990, etc.), pour développer seulement après ces explications monotones. Evidemment, cela remet les choses en ordre, mais porte vite à la lassitude (ou au bâillement de l'esprit). Il est clair que ma lecture, venant juste après L'éloge des bibliothèques de Baptiste-Marrey (hautement plus original et captivant), ne porte pas le cœur en liesse, mais rempli tout de même son objectif qui est d'offrir le maximum de clés, en si peu de pages, pour comprendre le monde (complexe) des bibliothèques et pour pouvoir l'approfondir si on le désir, et c'est exactement ce qu'on lui demande.

Lu en Octobre 2018

Beaucoup de pourcentages et de statistiques.

Lecteurs ciblés : des étudiants, des chercheurs.