La brume se leva bientôt sur un paysage nu et solitaire de forêts sans arbre et de rivières. Un carnet sur les genoux, stylo en main, je regardais défiler l'Ecosse de la lande et des tourbières, cette Ecosse au ciel bas qui, dans son landau de nuages, dormait d'un faux sommeil. Car on aurait pu croire, tapis dans la bruyère, cachés derrière une crête, qu'une troupe de highlanders surveillait l'avancée du train, prêts à donner l'alerte. Aucun autre pays, aucune autre région du monde ne m'avait jusqu'ici fait cette étrange impression. Celle d'une contrée qui, sans forcer, par sa manière de respirer, épousait les contours de sa légende.