Donnez-nous la conduite qu'il nous faut suivre. J'aime Tristan et la pensée de ne plus le voir me brise et fait entrer en moi la douleur. Aujourd'hui que le philtre ne nous conduit plus je jure devant vous de revenir vers le roi Marc sans pour autent oublier Tristan qui demeure l'amour fou de trois années que je ne peux oublier.
‒ L’œil existe ?...
‒ L’œil existe ?
Je cherche
Des iris, des bouches, des sourcils
Pour construire un vivant
Sans organes.
Je dis
La pierre perdue
Et cherche des planchettes
À l’inscription en bois.
Je veux être un manuscrit,
Une épave de mots,
De dérive, de clameurs :
Que l’Homme soit magique
Pour que cesse la réalité.
Devenir dessins,
Gravures dans le roc
Et écrire soudain :
« J’entre en vie. »
Tristan a pris pour femme Iseut au blanche mais jure vous aimer entre toutes et n'avoir jamais trahi votre présence, il vous demande de le voir.
Je rêve de pleurs et de froid…
Je rêve de pleurs et de froid
J’écoute
Le gel couvrir la neige
Et le matin
Est lenteur de plantes,
Immobilité de la ténèbre.
Qui loge dans ma maison
Sinon le murmure
Et la foudre ?
Aujourd’hui je m’appelle poussière.
Je suis habillé
Par des losanges, des yeux.
Je regarde mes paumes
Et Quelqu’un me fixe
Qui ne dit mot.
Engendré d'humide
Au profond de la craie
J'ai fomenté le crapaud
Et le crabe :
D'une larve de mouche
Des semences
Ont jadis conservé mon espèce.
Je nais Demain devant la bactérie
Pour surgir
Végétal dans la boue…
Là, en sommeil…
Là, en sommeil,
Un corps existe
À détruire la Nuit :
Tu marchais en moi
La grande épousée,
Ta douceur était une ronce
Et loin des forêts
Des portes closes se levaient.
Tu marchais en toi
Lointaine et j’étais
une vie sans dormir.
Là, en morte,
Je te vois
Auprès de ma chair
Et ta voix est cri de rêveuse.
-Tu es mon asile et je viens en toi pour me déserter; parle afin que toujours en moi tu sois et que plus jamais je ne sois éloignée de nous je te regarde et ne vois que par ta présence parle pour multiplier le temps parle pour que la nuit ne cesse et que je ne souffre plus de ce mal de toi.
-Je voudrais te voler à toi pour t'emporter Iseut, je t'aime et je vie nos ténèbres dans l'amertumes de devoir te quitter j'ai mal de toutes chose loin de nous sur tes choir je trace notre mémoire en quête d"un pays où nos souffles fécondent la terre et le ciel je suis seul en nous deux et tu invites ma mort tu es l’alliance et le temps où je me cherche.
Tristan parle les mots qui sont en elle: partout où se pose mon regard vous êtes présente; vous avez pris mes sens et ma raison et je ne puis lutter contre; quelque chose en moi est perdu et la joie ne me quitte plus de savoir qu'il en est ainsi.
Il arrive que l'amour et la mort soient un seul mot pour deux personnages: ainsi de Tristan et Iseult venus en ce monde pour se reconnaître, se nommer et se perdre l'un et l'autre, et disparaître ensemble. Dès la naissance de Tristan, tout est formulé, son histoire déjà écrite. En le délivrant, sa mère meurt, et le prénom donné par son père signifie la tristesse de se défaire de son tourment, ce dernier marche à son coté pour reprendre place en lui. Voici ce long chant plain de rêvés et de fatalité qui me fut transmis, que je vous conte aujourd'hui.
Tu es clos dans ta chair…
Tu es clos dans ta chair.
Les mots te lèchent
Le squelette,
Tu vois
Loin de ton œil
Des nerfs, des muscles,
Des organes.
Quelqu’un
En toi se fracasse
Et tu es déchiré
Entre paupières et mémoire.
Tu es debout
Avec la clameur de tes Toi :
Alors je te romps,
Te parle de l’essaim
Des neiges
Et ma main touche la Nuit.