à Jean-Claude Sure
... Et ce sera comme s’il avait plu sur cette terre
comme un désert au fond des yeux
comme un silence au coeur
comme un appel à chaque tige des graminées
nous ne saurons jamais cette romance sans parole
ni le pourquoi de chaque geste assassiné
ni ce qui bruit dans chaque veine
de douleur tenaillée
de repentir nouée
de solitude
je veux te retrouver dans ce qui souffre sur la terre
dans les hommes blessés
dans chaque fleur qui s’évanouit
ô combien seule
dans tous les rêves ébauchés
dans les sources restées en terre
partout où le navire à quai
frémira du désir de partance
Que demain féconde le cri
quand les volets seront poussés
fermé le livre d’heures
lorsque le temps battra plus lourd au pouls des arbres
lorsque tes mains ne seront plus appuyées sur la table
lorsque ton souffle sera clos
Que ce bouquet d’herbes fauchées
cette prière
te soit pierre philosophale
te soit verbe d’amour
au plus noir de la nuit
afin que cède enfin la grille verrouillée du jardin millénaire
27 octobre 1962
Ce point de vie
où rien ne compte
si ce n'est d'écouter un coeur où s'égrène le temps
( Printemps des poètes 2011)
Avec ce livre, largement autobiographique, l’auteur transmet avec humour quelques bribes de vie, un récit susceptible d’aider tel inconnu qui cherche, à son tour, son chemin. Pas évident. Pourtant, toute "chose vue" ou vécue, au long de chaque existence, est l’occasion de prendre conscience de ses questionnements initiaux, de son potentiel, de ses manques, d’enrichir son identité, d’apprendre à mieux être, dans son fort intérieur et avec les autres. Vivre ailleurs, quels que soient les lieux, est une occasion magnifique de se découvrir, grâce à ceux que vous cotoyez, d’apprécier les altérités, de comprendre qu’il y a mille chemins possibles pour se réaliser. Une expérience personnelle peut-elle servir à autrui ? Qui sait? Peut-être. Dans tous les cas, au soir d’une existence, nombreux sont ceux qui se demandent : " Que faut-il dire aux hommes ?", avec l’espoir qu’un lecteur anonyme prendra conscience de ses atouts, de ses limites, nourrira sa capacité d’empathie, si ce n’est celle d’aimer, sans laquelle il manquerait, sans doute, une brique essentielle à "ce presque rien que l’on nomme une vie".
Je me suis précipité sur cette caverne d'Ali Baba en ligne et j'ai goulûment avalé la prose poétique et savoureusement gaillarde de Pierre.
Quelle bonne idée d'avoir donné vie à cette rosace de souvenirs, sensations et émotions que nous avons tous.
- Gilbert Heautot -