à Jean-Claude Sure
... Et ce sera comme s’il avait plu sur cette terre
comme un désert au fond des yeux
comme un silence au coeur
comme un appel à chaque tige des graminées
nous ne saurons jamais cette romance sans parole
ni le pourquoi de chaque geste assassiné
ni ce qui bruit dans chaque veine
de douleur tenaillée
de repentir nouée
de solitude
je veux te retrouver dans ce qui souffre sur la terre
dans les hommes blessés
dans chaque fleur qui s’évanouit
ô combien seule
dans tous les rêves ébauchés
dans les sources restées en terre
partout où le navire à quai
frémira du désir de partance
Que demain féconde le cri
quand les volets seront poussés
fermé le livre d’heures
lorsque le temps battra plus lourd au pouls des arbres
lorsque tes mains ne seront plus appuyées sur la table
lorsque ton souffle sera clos
Que ce bouquet d’herbes fauchées
cette prière
te soit pierre philosophale
te soit verbe d’amour
au plus noir de la nuit
afin que cède enfin la grille verrouillée du jardin millénaire
27 octobre 1962