Nicolas Hulot – Cette année j'ai perdu Paul-Emile Victor. Intellectuellement, spirituellement et affectivement, il a énormément compté. Ses lettres, ses coups de fil me manquent tous les jours. C'était un grand esprit. Il était mon grand-père, mon père et mon frère. Je suis parti au pôle Nord avec lui, il venait dormir chez moi lorsqu'il venait en France... Paul-Emile a dit, avant de disparaître : « Je laisse deux fils spirituels. Jean-Louis Étienne et Nicolas Hulot. » J'avoue en être fier. Je n'avais pas pleuré depuis longtemps lorsqu'un journaliste de France Info m'a réveillé chez moi, à deux heures du matin, pour me demander ce que je pensais de la mort de Paul-Emile Victor. Mais il ne faut pas vivre dans le culte des morts. On pleure et on passe à autre chose. Le passé, on le porte ne soi, l'avenir est trop aléatoire pour miser dessus, seul compte l'instant présent.
2482 - Le nouveau LUI (n° 3 - 12/1995) [p. 18]
Lui : En 1982, votre devise était une phrase de Spinoza...
Philippe Labro : J'ai souvent changé de devise, attention !
Lui - La voici : « J'ai pris soin de ne pas tourner en dérision les actions humaines, de ne pas les déplorer ou les maudire mais les comprendre. »
Philippe Labro : Je continue de croire effectivement qu'il vaut mieux essayer de comprendre que de juger. Plus j'avance, plus j'essaie de réduire mes comportements à des choses fondamentales : essayer de comprendre les êtres, essayer surtout de les aimer...
2474 - [p. 12]
Si la plupart des films sont médiocres, c'est parce que les gens qui les produisent sont des médiocres. Hollywood est souvent entre les mains d'incapables.
2473 - Kevin Costner
– Aimé Picard – Vous arborez le déballage de la vie privée. Pourquoi alors, avoir écrit « Chemins de traverse », livre dans lequel vous évoquez la mort de votre père et le suicide de votre frère ?
Nicolas Hulot : C'est un livre que je ne publierais pas aujourd'hui. Je l'assume, mais il me gène. Lorsque je l'ai écrit, en 1987, cela m'a permis de diluer ces événements, de m'en libérer. Peut-être fallait-il y voir une forme de thérapie ? Il est vrai que sorties du contexte du livre, certaines choses deviennent insupportables à lire, très impudiques et très intimes. Mais ma vie a été faite de chemins de traverse. Ce livre était une manière d'expliquer mon parcours, de donner un sens aux choses, de dire que l'émission « Ushuaïa » n'était pas une fantaisie, mais qu'elle s'inscrivait au contraire dans un itinéraire d'homme. Croire au bonheur, même dans les instants les plus tragiques de l'existence, c'est déjà s'en approcher.
2480 - Le nouveau LUI (n° 3 - 12/1995) [p. 16]
Philippe Labro - Pour « L’Étudiant étranger », un jour une amie journaliste m'a demandé un papier sur ma vision des États-Unis. Cela m'a stimulé et j'ai pris un grand plaisir à aller chercher des souvenirs, des sensations dans ma mémoire. J'ai commencé à réfléchir. L'expérience fondatrice et initiatique de ma vie, c'était ce voyage américain. Je m'y suis mis pour voir. Je voulais rédiger une centaine de pages sur cette expérience pour ma famille uniquement, et un flot est sorti de mon stylo. J'ai vite réalisé que j'étais dans un état de grâce, il n'y a pas d'autre terme... J'ai très tôt introduit un ou deux personnages. Et là, je me suis dit : « Si tu introduis des personnages au début, c'est pour les retrouver. Tu es en train d'écrire un vrai roman. » Ce qui est exactement le contraire de ce que je voulais au départ. Ensuite, je me suis enfermé dans une petite chambre, et j'ai écrit le roman d'une seule traite.
2475 – [p. 17/18]