Pierre Ducrozet

La guerre nous a été déclarée et j'ai essayé pendant toutes ces années, comme tant d'autres, d'y répondre par l'argumentation, la réflexion longue et posée, l'activisme, l'art, la controverse, la politique. Les résultats ont été, je peux le dire aujourd'hui, dérisoires. Je ne regrette rien mais je suis arrivé au bout de ce parcours et de cette logique. Nous savons tout à présent de la destruction des écosystèmes mais rien n'y fait, notre fonctionnement économique demeure exactement le même, et nous continuerons à produire, consommer et dégrader jusqu'à ce que les mers montent tant qu'elles nous empêchent finalement de le faire. Et ce n'est pas une image : ce n'est que lorsque nos pieds et nos mains ne pourront plus atteindre les leviers que nous cesserons de les actionner.
Notre modèle ne peut pas fonctionner. Tous les piliers sur lesquels reposent nos démocraties sont rongés. Le pacte économique (La chance pour tous est un leurre), le pacte politique (la représentation est une farce), le pacte légal (la corruption est le mal universel), le pacte bio-écologique. Sur ces colonnes brisées aucune société ne peut plus s'établir.
L'hyper capitalisme est une guerre, avec plusieurs fronts, des batailles et des morts, une avancée tranquille vers le néant.
Je suis opposé à la violence politique. Je pense qu'elle n'entraîne, en retour, que de la répression, des reculs sociaux et des restrictions de liberté. Mais la violence exercée sur 7 milliards d'êtres humains et sur l'ensemble du vivant est si puissante qu'elle ne peut rester sans réponse. P.208