Citations de Pierre Ducrozet (233)
Il faut à l'intérieur de la langue, trouver sa propre langue, son propre territoire.
Le gouvernement et les entreprises françaises découvrent par ailleurs avec bonheur que la transition écologique réclamée partout est surtout une merveilleuse manière de faire du blé. Les opportunités sont infinies : voitures électriques, biomasse, carburants neutres, industries vertes, tourisme vert, tous les secteurs doivent se racheter une éthique, des pratiques, et c'est une fabuleuse occasion de créer des emplois, de relancer l'économie et un système à bout de souffle. Si on verdit un peu, on regagne la confiance des consommateurs, on recommence à produire "comme au bon vieux temps", on flingue toujours le monde mais dans une bonne humeur retrouvée. La société peut recommencer à tourner. L'avenir s'annonce radieux.
Le sédentaire invente la hiérarchie sociale, la religion à laquelle tous devront se soumettre, il invente le pouvoir politique et économique, il institutionnalise la guerre. Il assoit son règne. (page 325)
Brusquement tout se tient, obéissant à une logique simple et confondante : la loi du capital était naturellement, comme l’écrivait Marx, à la destruction de la valeur d’origine, à savoir, dans ce cas, la Terre et le vivant. (page 17)
De la canopée au-dessus d’elle s’écoule un immense murmure. Elle franchit finalement la fagne et rejoint l’autre rive. (page 124)
Une ville en ruine secrète rois et démons. Comme à chaque fois qu’un monde s’écroule et qu’un autre est sur le point de sortir du néant, un rythme latent l’annonce. Les prophètes et les fous l’entendent.
La rencontre du capitalisme et du pétrole est explosive ; c'est un amour fou , immédiat, la rencontre du glaive et du soufre, la réunion des deux affluents est un fleuve torrentiel.
Finalement, les femmes et les hommes n’ont eu de cesse d’explorer de nouveaux territoires, de plonger dans les forêts et les mers, les montagnes et les plaines, tout ce qui les dépassait, pour réduire l’ensemble en esclavage. (page 168)
En découvrant le secret de l’apparition de la vie, on serait capable de saisir la seule énergie entièrement pure et infinie (le Soleil ne disparaîtra que dans cinq milliard d’années, ce qui nous laisse un peu de marge). On deviendrait plante, dépendant uniquement du soleil, de l’eau et du vent – on aurait enfin la solution à nos problèmes. (pages 64-65)
Je ne dis pas que nous sommes innocents. Nous sommes tous complices et acteurs de ce système que nous perpétuons chaque jour par nos actes, nos faiblesses, nos compromissions. cela dit, les régimes politiques et économiques sont toujours, au départ, le fruit d'une décision d'une minorité de personnes, d'une révolution technique, d'un changement social. Ensuite le reste de la population fait le choix de suivre ou pas. Dans notre cas, nous avons tous sauté à pieds joints dans ce monde d'abondance et de plaisirs - on aurait été bien fous de ne pas le faire. Nous avons maintenant les deux pieds coincés dedans jusqu'à la base.
Personne n’a eu l’idée d’Internet. Nous avons été des centaines à pressentir la chose dans un intervalle de cinq ou dix ans, et cette conjonction a pu donner naissance au réseau.
Elle voit les couleurs. Les traits vifs, les décharges multiples, les angles secs, tout ce crâne pelé lui fait mal. Elle pose sa main devant sa bouche. Ce garçon. Jay se retourne. Sarah secoue la tête. Ce garçon. Ce garçon est fou.
Notre modèle économique ne peut pas fonctionner. Tous les piliers sur lesquels reposent nos démocraties sont rongés : le pacte économique (la chance pour tous un leurre), le pacte politique (la représentation est une farce), le pacte légal (la corruption est le mal universel), le pacte bio-écologique. Sur ces colonnes brisées, aucune société ne peut plus s’établir. (page 209)
En bas, dans la rue Verdi, June ne retient pas son cri. C'est ce qu'elle a cherché toute sa vie : un son qui ne soit ni de joie, ni de désir, ni de douleur, ni de rage, mais de tout cela à la fois, et que dans ses replis on ne puisse distinguer autre chose que la puissance, brutale, diadème fou, bloc indistinct de tout ce qui la fait tenir debout.
Elle (June) est simplement l’enfant de son siècle : égocentrique, inconstante, embrouillée. Elle a tout, pourtant. Les siècles passés lui ont offert sur un plateau le savoir, la technique, la maîtrise. (page 41)
Los Angeles est une ville mexicaine avec des rubans d’autoroute qui s’emmêlent au-dessus.
On naît avec un monde et on meurt avec lui, que cela nous plaise ou non. (page 346)
La rencontre du capitalisme et du pétrole est explosive. C’est un amour fou, immédiat, la rencontre du glaive et du soufre, la réunion des deux affluents d’un fleuve torrentiel. (page 142)
Elle (June) voudrait trouver une manière d’être au monde qui ne soit ni prédatrice, ni autoritaire, ni arrogante. Se fondre dedans. Être partout, nulle part. (page 52)
Cette ville (L.A.) absurde, horizontale, démesurée, abasourdie de soleil et de fantômes, cette ville qui n’est pas une ville mais un chancre, une excroissance d’elle-même, finit presque par lui plaire. Il y a quelque chose de joyeusement désespéré qui le pousse à marcher à l’aveugle, à être les seuls à marcher à l’aveugle, à trouver cela fascinant.