Il fallait effectivement que je sois sacrément barré pour m'inventer un alter ego responsable de toutes mes noirceurs d'âme. Et définitivement lâche.
- Je vois que tout n'est pas perdu : tu as déjà retrouvé ton pitoyable sens de l'humour européen. Tu progresses, mon garçon !
Revenir à soi. N'est-ce pas là le but de chacun d'entre nous ? Ne passons-nous pas tout notre temps à nous éloigner de celui que nous sommes ? Pour courir vers celui que nous voudrions devenir ?
Fantastique ! pensa l'enquêteur. Avec un peu de chance, on pourrait bientôt localiser tous les porteurs de Ray Ban (à moins qu'il ne se fut agi de Gucci ou de Vuarnet ?) de la région et les placer en garde à vue. Pour quel motif, déjà ? Port suspect de verres teintés par mauvais temps ? Son chef, le commissaire Mérindol, serait sans doute très content de lui !
C'est marrant mais je ne suis pas étonné. Cette fillette est tellement spontanée et authentique qu'il faudrait être amputé de tout appendice émotionnel pour ne pas y être sensible ! Elle a un je ne sais quoi de lumineux...
Je serai là le lendemain. Et les jours suivants. tu peux compter sur moi, petite fille. Et si d'aventure un jour tu meurs, je serai là encore, auprès de toi, pour t'accompagner. Mais sois tranquille... Ca n'arrivera jamais ! Il nous reste tant d'histoires à inventer...
C'est plus fort que moi. Dès que je vois quelqu'un à qui j'ai affaire, je m'invente son histoire selon son physique. Une fois sur deux, je tombe juste. C'est relativement beaucoup, dans le domaine des probabilités, compte tenu du caractère aléatoire de mes intuitions. Parfois, je préfère entretenir mes projections plutôt que de réellement découvrir la personne. Ce doit être un mécanisme de défense. La peur de se lier, de s'attacher. Et d'être séparé de ceux qu'on a finalement appris à aimer.