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3.63/5 (sur 31 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Mostaganem (Algérie) , 1956
Biographie :

Pierre Mari est un écrivain français né à Mostaganem (Algérie) en 1956.

Pierre Mari a enseigné la littérature de la Renaissance avant de quitter l'université et d'animer des séminaires dans des entreprises.

Il a publié deux ouvrages sur la Renaissance, Pantagruel-Gargantua (PUF, 1994) et Humanisme et Renaissance (Ellipses, 2000), ainsi qu'un essai sur Heinrich von Kleist : Kleist, un jour d'orgueil.

Il est également l'auteur de deux romans, Résolution (2005) et L'ange incliné, qui paraît en 2008 dans le cadre de la rentrée littéraire.


Source : livres.fluctuat.net
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Je suis terrifié quand je vois les formes séculaires de la sociabilité française-art de la conversation, savoir-vivre, tact, raffinement épistolaire, galanterie-remplacées par un régime d'échanges où se bousculent susceptibilité montreuse de crocs, goujaterie ostentatoire et vulgarité technologisée.
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Et puis la trame des explosions devient si serrée qu’elle ne laisse plus la moindre brèche aux commentaires. Un dôme d’abomination sonore coiffe le monde.
(…)
Dehors, c’est une furie universelle. Et « dehors » ça ne veut plus dire grand-chose, avec ces rafales déchireuses d’oreilles, fouilleuses de ventres, de poitrines et de têtes. Le jamais-vu annoncé. Toutes les sensations connues, déjà arpentées, jalonnées d’un brin de familiarité, les voilà d’un coup noyées dans l’inimaginable. Et ça n’est pas seulement affaire de quantité, de cadence, de pullulement ou de durée. C’est autre chose. C’est presque abstrait à force d’excéder la capacité des boîtes crâniennes. Ca meugle, rugit, gronde, hurle, tonne et miaule, comme si ça voulait forcer dans ses retranchements l’idée dernière du fracas.

( 21 février 1916 : début de la bataille de Verdun).
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Je dois néanmoins l'avouer : il m'arrive souvent de rencontrer, dans les stages commerciaux comme dans les préparations par correspondance, de beaux morceaux de prose. Avec aussitôt cette question à la clé, quand leurs auteurs ont entre 25 et 30 ans : "Comment ont-ils fait ?" Par quel miracle ont-ils été préservés des programmes débilitants, des consignes délirantes, des enseignants démissionnaires et des méthodes pédagogiques forgées par une superstructure de savants fous ?

Causeur, Septembre 2019 n°71, p. 79
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Et pour la première fois de sa vie il donne chair, poids et fondement à cette phrase que ni les beautés conjuguées du monde ni ses abominations en cascade n’étaient parvenues à éveiller : Qui n’a pas vu ça n’a rien vu. Il la martèle cette phrase. Il l’empoigne. Il l’expédie sans commentaires à tous les hommes qui voudront bien le croire sur parole. De ce qui a eu nom premières lignes, il ne reste rien : un arasement à perte de vue, un gigantesque ratissage de réseaux, d’abattis, de chevaux de frise et d’arbres, un tassement tellement monotone de terre de pierraille et de métal concassé que l’imagination en est frappée par un flanc qu’elle ne connaissait pas.
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Je reste tenaillé par la conviction que le plus énorme mensonge du XX°s et sa liquéfaction amnésique, non moins énorme et ahurissante, me concernent et m'impliquent personnellement. Je ne peux pas détacher mon itinéraire intérieur de cette double aberration. Je considère que l'absolution tacite délivrée aujourd'hui au communisme m'atteint au plus vif, comme un de ces affronts cyniques qu'une société fait à ses membres en tablant sur leur léthargie ou l'évanescence de leur attention. Je sens, entre le mensonge soviétique de naguère et le mensonge occidental d'aujourd'hui, entre les tragédies qu'il a engendrées et notre refus consommé du tragique, une gémellité paradoxale qui n'en finit plus de me troubler : les personnages spectraux des romans de Zinoviev, ce ne sont pas de ectoplasmes condamnés à la déchetterie de l'Histoire, c'est vous, c'est moi, c'est chacun des individus que nous croisons hic et nunc ; la fiction calamiteuse et les simulacres conceptuels que dénonçait Boris Souvarine, je sens bien, de toutes mes fibres, que ce sont les "éléments de langage" et les ersatz de réalité où nous baignons chaque jour.

p. 43, sur Limonov, d'Emmanuel Carrère, octobre 2011. ("Ni souffle, ni étreinte : "Limonov" d'Emmanuel Carrère).
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Quelqu’un m’a dit, un jour, que la sensibilité au monde actuel ne se divisait pas. C’est exactement ça. Exactement ce que je pense depuis des années, ce qui me pousse en avant. Qu’on soit un peu honnête, qu’on arrête un instant de croire aux distinctions débilitantes, on se rendra compte que les problèmes sont les mêmes pour tout le monde. Qu’à un certain niveau, tout le monde est traversé de la même façon. Par le même nœud de peur, d’incompréhension, d’angoisse, d‘ahurissement devant l’absurdité incroyable de ce qui arrive.
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- Anna, être séparés, entendre ta voix sans pouvoir te toucher, ce n’est pas possible, c’est insensé. J’aspire tellement à toi. A marcher, à parler, à te voir rêver chaque rue de ta ville. A savourer avec toi une immense étendue de temps. Et que personne ne s’en mêle, que rien ne vienne en travers. Juste nous deux – nous deux renouvelés à chaque instant, comme dans le train, nous deux à profusion. Livrés au génie bienveillant. Qu’il nous imagine, qu’il nous prenne en charge. Depuis mon départ, je ne sais plus bien ce que c’est, d’être imaginé. C’était il y a combien de temps, dans quelle vie ? Et te revoir, c’est à quel prix ? Il faudra passer par quoi ? Par quel genre d’épreuve ? Chaque nuit, je me réveille à la même heure – souvent jusqu’au matin : c’est le moment où tout s’allonge, où tout devient interminable, où je ne suis plus capable de porter à bout de bras ce qui nous sépare. Le moment où je délire d’attente, Anna. Au point d’oublier qu’il y a un génie bienveillant. J’ai voulu t’appeler dans ces moments. Mais non, je dois rester seul. Seul avec mon attente, mon attente qui tourne dans tous les sens. Je vois un horizon où tu vis avec moi – aussitôt il disparaît, impossible, je n’y crois plus. Je le retrouve, je le reperds. C’est comme un supplice qui commence : mille façons de le retrouver, mille façons de le reperdre, à n’en plus finir. Le matin, quand je vais travailler, je suis encore dans ce trou de nuit. Les autres, ceux à qui je parle, leur nuit est bien résolue - j’ai même l’impression qu’ils m’infligent ça d’une façon teigneuse. Je les regarde, je me dis : ils n’attendent pas Anna. Ils ne sauront jamais. Et c’est tout ce qui les définit. Inutile d’aller chercher plus loin entre nous. Moi je dis Anna, je répète Anna, je prononce Anna de toutes les façons. […]
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Vous avez eu tous les moyens de prendre le pouvoir.Vous les avez même eus pendant quinze jours.Vous pouviez tout faire,pendant ces quinze jours,tout.Vous pouviez lancer des avions et des blindés sur Paris,le ciel était avec vous.Et le pouvoir,vous avez préféré l'offrir sur un plateau,avec napperons et tasse à thé,à un type qui se fout de vous,mais alors pire que son dernier caleçon.Vous rêvez,ou quoi? Pour la grande asperge,l'Algérie,c'est un million de pétainistes et neuf millions de bougnoules.Il a la rancune infernale,ce type.Il l'a encore en travers de la gorge,qu'Alger ait joué Giraud contre lui,en 43.Vous croyez qu'il va vous mitonner une bonne petite Algérie française?
Moi,je vous dis,à la première occasion,il dégage.Et vous aurez beau chialer toutes vos larmes,lui,il s'en tamponnera le coquillard.Vous verrez,vous allez apprendre ce que c'est,la politique.C'est de la merde,du sang,et de la fouterie de gueule.Il va vous faire baver des ronds de chapeau,le vieux.Et vous allez vous en rappeler toute votre vie.
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Nietzsche l’avait dit : la volonté est soluble dans l’invocation des « valeurs supérieures ». Tellement soluble qu’il lui faut aujourd’hui, pour donner le change, puiser dans l’iconographie et le lexique du passé. Avec l’espoir d’obtenir, de cette transfusion historique, un peu de consistance et d’envergure. Le résultat est évidemment grotesque. Vos références vous laminent, votre vocabulaire et vos images parlent trop haut et trop fort pour ce que vous avez à nous dire.
Un écrivain de renom déclarait ainsi, sans peur du ridicule, que lorsqu’il s’emparait d’un sujet – et Dieu sait qu’il y a de « grand sujets » dans ses livres, bien trop grands, bien trop lourds pour ses épaules d’affable causeur –, il aimait « le prendre en tenailles ». La formule ferait seulement ricaner si elle n’illustrait pas, avec le génie involontaire de la naïveté, cette propension contemporaine à se targuer très précisément de ce dont on est le plus incapable. Dans les livres du susdit comme dans ceux de ses pairs reconnus, adulés et honorés, bien malin ou bien complaisant qui découvrirait l’ombre d’une tenaille. Rien n’est serré de près, rien n’est étreint, embrassé ou empoigné – rien n’est simplement tenu, à défaut d’être tenaillé. Et il est clair, pour des raisons plus profondes que la faiblesse ou l’absence de talent, que rien ne peut l’être. D’abord parce qu’un certain degré d’importance et de visibilité, une fois atteint, oblige à tant de rondeurs et de tiédeurs qu’il exclut le maniement des instruments coupants, contondants ou percutants : il rend les mains impropres à toute autre chose qu’au serrement d’autres mains. Ensuite parce que celui qui s’avancerait muni d’un outil patiemment fourbi – tenaille, marteau, arrache-clous ou scie égoïne, que sais-je encore –, et qui voudrait en faire l’usage que lui dicte son exigence, n’aurait jamais accès à la moindre parcelle de notoriété : on le tiendrait inflexiblement à l’écart.
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Comment faire comprendre que l’un des principaux ressorts de la suffocation de ce monde est affaire de langage ? Comment faire toucher du doigt la superstition dévastatrice des « programmes », des « méthodes » et des « objectifs » ? (Non que je m’oppose à l’emploi de ces termes, bien sûr : mais je refuse que les instruments circonscrits de la rationalité envahissent et polluent tout le champ du pensable et de l’imaginable.)
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