(Duncan, Paul, Rita et Alice, face au public, tiennent les deux lettres à la main. Chacun en lit un passage selon les indications.)
TOUS : « Chères conjonctions, »
RITA : « Une méditation de trois mois au cœur de l’océan indien… »
PAUL : (reprend) « de l’océan indien… »
ALICE : « a conduit mon esprit vers des pensées… »
TOUS : « essentielles. »
DUNCAN : « Et parmi celles-ci, je voulais vous confier la Reine de toutes. »
TOUS : « La Reine de toutes ! »
RITA : « Elle m’est apparue un matin, sur les bords de Tafatafa Beach, sous la forme d’une vision… »
DUNCAN : (Dubitatif ) A vision…
ALICE : « Il était midi, je marchais au milieu d’un grand champ de tournesols… »
RITA : «lorsque j’aperçus une horloge suspendue à une fleur. »
PAUL : « Suspendue à une fleur !… »
DUNCAN (dramatique) « J’allais la saisir… »
TOUS : (criant) Il allait la saisir !...
PAUL : « lorsqu’une voix venue forte retentit du ciel. »
TOUS : (à voix basse) « Du ciel… »
RITA : « Alors, l’horloge se fendit en deux… »
TOUS : Tchac !
RITA : « Une mygale en sortit, et se mit…
PAUL : « à manger…
ALICE : « plusieurs fleurs de tournesols… »
DUNCAN : « tout en déféquant des lettres vivantes sur la terre »`
RITA : « Puis, des ailes poussèrent sur son dos, et elle s’envola…
DUNCAN : « telle un faucon. »
RITA : « Lorsque je m’approchai des lettres, elles s’agitaient et formaient des mots et des phrases mais si rapidement, que je ne parvins pas à les saisir… »
ALICE : « mais si rapidement, que je ne parvins pas à les saisir… »
PAUL : « des ailes poussèrent sur son dos, et elle s’envola… »
DUNCAN : « Telle un faucon… »
PAUL : « Longtemps, j’ai cherché la clé de cette vision, mais enfin… »
TOUS : Enfin !...
DUNCAN : « Enfin je l’ai trouvée… »
TOUS : Il l’a trouvée !
ALICE : Et je puis vous affirmer ceci : parmi tous ceux qui m’ont connu… »
(Un temps de stupéfaction, puis tous).
TOUS : … la vision vous a élus !
RITA : «Lundi, mes très chères conjonctions, après le coucher du soleil. »
TOUS : mes très chères conjonctions !
DUNCAN : « venez manger à l’Atelier, je vous confierai ce que j’ai appris. »
TOUS : Ce qu’il a appris !
(Un temps)
PAUL : (ravi)
Pour fêter le retour de cette âme parfaite
Je m’en vais préparer un soufflet aux courgettes !
Amaleo est un jeune des « barrios » de Caracas, promis pourtant à un meilleur avenir grâce à ses talents de basketteur. Une coulée de boue meurtrière détruit pourtant ses rêves et sa vie, emportant dans la nuit sa mère, ses sœurs et le reste des siens. Seul son père et lui survivent au cataclysme. Quand un employé de l'Ambassade des USA, où travaille son père comme jardinier, leur propose de recommencer leur vie dans le Dakota du sud, c'est comme un signe du Destin qu'il faut suivre.
Un an plus tard, à Redcreek, les deux exilés sont au pied du mur: le père est chassé de son travail, accusé de vol; de son côté, Amaleo ne peut compter que sur deux personnes: Kimimila, dont il est tombé amoureux, et Jimmy-Bon-Sommeil, un indiens fracassé par la vie. en quête de nouvelles forces, d'un nouveau chemin.
DUNCAN : Si je peux me permettre, je ne sais pas comment s’appelle vos… votre… méthode.
APIS : Il n’y a pas de méthode, pas de livre, pas d’école… (Il se lève ; de plus en plus lyrique) Il n’y a que la Vie, et tout ce qu’elle contient. Les autres ne saisissent qu’une feuille du grand Arbre, et ignorent le reste du feuillage. La terre, le ciel, les nuages, les étoiles, les sons, les odeurs, toute la grande mélodie du monde ! Il n’existe pas une thérapie, comme il n’existerait qu’un visage. Pourquoi s’enfermer dans un cercle unique? La vie est profusion, et chaque être réclame une réponse unique. Il suffit d’ouvrir les yeux pour comprendre, mais qui les garde ouverts ?
DUNCAN : En fait, vous seriez une sorte de… omnithérapeute ?