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Citation de coco4649


  Il est trop tard pour que tu m'entendes

  
  
   
… /…
  Elle avait dix-sept ans, des yeux comme l'Amérique qu'on aperçoit trop tôt, des yeux comme un éclat du monde qu'il reste à découvrir. Elle avait dix-sept ans et des yeux qui disaient le fragile et le dur dans un même langage. Je n'osais pas encore, je n'osais pas déjà soutenir de front leurs regards de velours qui riaient aux silences, qui riaient aux éclats, ni ces flèches de pierre qu'ils savaient décocher, alors je grognais, dans une pirouette, la tête détournée, l'esquive au bord des lèvres, les poings au fond des poches, les battements de cœur tambourinant jusqu'au bord d'un ventre qui ne vous appartient plus que par un fil. On se défend vaille que vaille avec les moyens du bord. On se protège comme on peut. On se cache derrière la peur de ce qui pourrait nous engloutir de plaisir trop inconnu pour y croire. Ça cogne de partout, comme depuis tout là-haut le soleil de juillet qui met de la poussière blanche aux chemins de terre, le goudron n'a pas encore été tartiné partout et si c'était le cas fondrait sous les graviers et dans les petites herbes mauvaises qui passementent les fossés. Les odeurs des foins coupés, sur les prés maintenant hâves que zèbrent les sillages parallèles des faucheuses, vous enveloppent et vous enivrent. Est-ce l'odeur des foins ? Pas seulement, bien sûr. Ce n'est rien qu'une haleine qui passe et respire alentour. Il y a des grillons qui râpent leurs archets dans les talus trop raides que la machine ne tondra pas cette année-là.
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