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Critiques de Pierre Pradinas (2)
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Ah! le grand homme

Ah ! Le grand homme est une franche, une pure comédie sur le théâtre, il n'y a aucun arrière plan philosophique, politique ou de quelque nature que ce soit : cette pièce n'a d'autre objet que de divertir. Pour l'auteur de ce texte, l'écriture dramatique n'est qu'un délassement ; toutefois s'il y avait plus de gens à se délasser avec cette virtuosité bouffonne et ce sens du burlesque le monde serait un peu plus amusant. Pierre Pradinas est lui-même homme de théâtre, metteur en scène et directeur de compagnie. Son activité dramaturgique lui permet de prendre une distance ironique avec les réalités matérielles et humaines de la création théâtrale, qui sont souvent lourdes et très rébarbatives. Cependant il s'agit d'une ironie pleine de douceur et d'affection, car ce peuple théâtral est si boursoufflé de prétention, d'égocentrisme et d'inconséquences qu'il en devient touchant. Sans compter que nombre de ceux qui composent ce microcosme sont des êtres inadaptés au fonctionnement normal de la société. En résumé Ah ! Le grand homme, raille avec bienveillance.





L'argument de la pièce part de la volonté d'un metteur en scène (Gilbert Loiseau) de mener une expérience théâtrale totalement inédite et révolutionnaire. Pour Loiseau, cette expérience est le premier pas vers un renouvellement complet de l'art dramatique. Mais en quoi consiste donc cette révolution ? En fait, il s'agit de créer une pièce en une journée. Le matin pas de texte, pas de décor, pas de costume, pas de musique, pas de lumière, bon en bref, rien, juste une scène et une équipe de comédiens rassemblée au hasard. L'action de la pièce commence au matin de cette expérience inédite. Les comédiens se rencontrent, ils sont peu incrédules, car ils sont dans l'ignorance complète de ce qu'on attend d'eux. Ainsi, René Coin (Acteur qui n'a jamais vraiment réussi, mais crois encore en sa bonne étoile) , Jacques Lourson (acteur ringard et désabusé), Benoît Tisserand (acteur extrêmement vaniteux, avec une certaine notoriété) et Alice Wilson Carey (toute jeune actrice fraîchement sortie du conservatoire, n'est qu'espoir), se retrouvent-ils pas très bien réveillés au petit matin sur une scène vide, dans un théâtre désert. Dès leur entrée en scène les caractères sont campés et donnent lieu à de l'agressivité verbale voire à de l'agression physique. Mais enfin, voilà qu'arrive Le Metteur en Scène, qui va lever le voile de tout ce mystère, malheureusement pour lui, il est accompagné par un assistant (Patrice Ninja) qui par un excès de zèle ne fait que l'empêtrer dans ses explications.



Vous avez là tout le principe de la pièce, rien ne se passe très bien, mais dès qu'on essaie d'arranger les choses ça ne fait qu'empirer, et c'est la crise de nerf. Ce principe ne connaît qu'accélération au cours de la pièce ; bien entendu cette amplification va jusqu'au non-sens. Ce crescendo se fait par la confrontation et surtout la collision des différentes coutumes, courants ou théories qui ne sont que des masques dissimulant un grand vide, car ce qui compte d'abord et avant tout c'est la foi. C'est ainsi que nous avons le plus beau moment de cette pièce, l'épisode du cheval. Coin et Lourson se chargent de devenir un cheval, car le metteur en scène l'exige, on jette une couverture sur les deux comédiens dont l'un tient la taille de l'autre tout en baissant la tête, et magie, voilà le cheval qui prend vie, tellement qu'il mène son existence de cheval et s'en va brouter les pendrillons, car il n'a pas eu son content d'avoine, se met à hennir et à galoper. Évidemment la beauté de l'action de ce pur-sang se fait au détriment de l'action scénique qui commençait à s'ébaucher, ce qui donne lieu à cet échange :



« TISSERAND : Tu es un cheval ou un acteur ?

COIN : Un cheval, le public il doit voir un vrai cheval.

TISSERAND : Tu n'es pas un cheval. Tu joues un cheval. Il y a une nuance.

LOURSON : Pourquoi ? Moi tout ce qui m'importe c'est de savoir si j'ai mangé de l'avoine... Combien de temps j'ai couru... à quelle heure j'ai été sellé...

COIN : Tu nous demandes un cheval, nous sommes le cheval.

TISSERAND : Bon, si en plus il faut dresser. »





Cette farce peut être facilement interprétée par une troupe de théâtre amateur. En effet elle ne nécessite pas de décor, quasi pas de costumes et très peu d'accessoires. La distribution se répartit relativement librement entre hommes et femmes, car seuls deux personnages ont une identité sexuelle explicitement exprimée, les cinq autres peuvent être interprétés indifféremment par une femme ou un homme. Je dirais que cette pièce présente aussi un intérêt pédagogique pour la troupe amateur qui voudrait la monter, car elle permet d'approfondir l'histoire théâtrale ainsi que les différentes théories qui se sont succédées. Il ne faudrait pas que cette dernière remarque donne l'impression d'une pièce qui ne puisse être appréciée que par des spectateurs avertis, ce n'est absolument pas le cas. Les jeux de scène sont suffisamment burlesques pour que tous les publics, y compris les jeunes enfants, soient satisfaits, vous pouvez me croire, j'ai eu le plaisir de la jouer.
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ce qu'il ne faut pas faire

Dommage de dommage, j'attendais une pièce qui utilise les dérapages de la machine théâtrale comme sujet de comique et Je n'ai trouvé qu'une longue suite de répliques verbeuses justes bonnes pour le cabotinage des acteurs. À croire que ça été écrit lors de séance d'improvisations. Pourtant cela s'annonçait prometteur, car la pièce se présentait comme une suite de : « Ah le grand homme ! ». Nous y retrouvions les mêmes personnages avec une action se déroulant non plus en répétition mais pendant une représentation qui se devait d'être calamiteuse. Autant, "Ah le grand homme !" Est une réussite de dérision qui utilise les ridicules du milieu théâtral, ce texte-ci est sans ressort où les quelques gags asthmatiques font long feu.

En revanche j'ai eu le plaisir de voir, « Les faux british » qui est une véritable merveille de comique fonctionnant sur le principe de la représentation allant de catastrophe en catastrophe. Rien ne fonctionne et toutes les solutions ne font qu'empirer la situation. Malheureusement pour l'instant ce texte n'est pas disponible car ce serait un vrai plaisir de lecture qui compenserait le déplaisir que j'ai eu avec « Ce qu'il ne faut pas faire ».
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