Afin de préserver sa cohérence, la communauté de l'hospice demeure placée sous la responsabilité d'un prieur, nommé par le prévôt. Lorsqu'il reçoit cette charge en 2001, Jean-Marie Lovey a l'impression très forte d'être "écrasé". Il voit la tâche illimitée, cette immense maison à conduire, toute cette humanité à accueillir alors que les moyens sont si faibles. Que dit Dieu de cette charge ? Dieu demande simplement d'adorer et de nourrir le Christ. Il le demande à travers Bernard. Pour ne rien perdre du temps, travail et prière se réflètent l'un l'autre.
Puisque l'aujourd'hui de l'hospice est si ténu, éphémère, ce livre pourrait déjà avoir un air de photos jaunies. Le texte qui l'illustre, raconter une histoire d'un temps déjà passé. De fait, c'est l'avenir qui est ici visé, promis qu'il est à chacun. L'au-delà de notre aujourd'hui, l'apôtre le nomme "le temps de la perfection". Nous y tendons, en solidarité humaine.
Et si c'était précisément cela, la raison d'être d'une communauté religieuse ici haut perchée. Sorte de panneau indicateur pour quiconque est engagé dans la traversée de la vie.
Ainsi les hommes et les femmes du Grand-Saint-Bernard sont-ils amenés à rechercher, depuis les origines de l'ordre, le sens incernable de l'accueil. Autant les nécessités corporelles se comprennent de manière unanime, autant celles de l'esprit, du coeur, de l'âme échappent à toute fixité. Ce que Bernard a trouvé, ils doivent le chercher, partout, en présence de chaque personne (...) José rappelle les mots de Maurice Zundel, l'un des grands théologiens du siècle dernier : "Dieu ne se dit pas. Dieu se vit." Serait-ce là une réponse ?
L'accueil est simple, il s'inspire de la beauté et du mystère de la parole chrétienne. Que cette dimension s'éteigne, et l'hospice ne serait qu'un refuge de montagne comme il en existe ailleurs.