Les tumultes de la nature, du chaos au paysage
(...) Il n'empêche que quelque chose vient d'ailleurs que des hommes. Dans un jardin public, j'entends le gravier crisser: cette perception fugace déchire délicatement mon ouïe et m'enseigne que je ne suis pas seul au monde et que j'ai de multiples façons de m'ouvrir à lui dans le recueillement, dans l'assourdissement- tout comme il existe de multiples manières de le parcourir, de cheminer en lui, sur lui.Je songe à une autre expérience ordinaire.Je contemple un arbre centenaire.Je prends conscience de la lenteur de la croissance d'un tel arbre, par rapport à laquelle le rythme de mon existence paraît d'une fébrilité presque maladive. Comment accorder cette métrique à la mienne ? Si à la suite d'un effort de sympathie, je m'y associe, j'échappe miraculeusement à ma condition.
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