La colère est également l’émotion la plus présente sur les réseaux sociaux, où masquées par l’anonymat, les personnes se sentent le droit de détruire et de manifester leur rage sans aucune retenue et sans disposer de l’empathie nécessaire pour pressentir comment l’autre va recevoir cette violence. Elle a aussi comme toutes les émotions des aspects positifs, notamment quand elle me permet de me protéger et de me défendre instinctivement contre ce que je pourrais qualifier d’ennemie. C’est précisément cette colère instinctive et primitive, et non la colère élaborée et bien exprimée d’un adulte mûr, qui, malheureusement, gouverne nos communications quotidiennes.
Les personnes qui sont heureuses aujourd’hui ne sont pas celles qui n’ont pas de problèmes, parce que celui qui n’a pas de problème n’a jamais existé et n’existera jamais. Les gens qui sont heureux aujourd’hui sont ceux qui ont décidé de se lever ce matin avec un grand sourire aux lèvres malgré une peine immense à l’âme, ce qui au fond montre davantage une attitude qu’une réalité concrète, où la joie du quotidien passe plus par le regard que nous portons sur les choses que sur l’objectivité des faits.
Selon toutes les études, nous sommes sur cette terre pour trois choses : apprendre à aimer, laisser une trace pour qu’on se souvienne de nous pour quelque chose de bien quand nous ne serons plus là ; être heureux, ce qui n’est pas un droit mais un devoir, alors nous devrions tous nous réveiller souriants et définitivement morts de rire.
Il est agréable de voir comment la cordialité, l’amabilité, la disponibilité vis-à-vis de l’autre et le sens de l’humour permettent dans certains pays, même ceux qui ont du mal à sortir du sous-développement, d’avoir une meilleure perception de la vie, du bonheur et de la jouissance des choses simples.
Si je m’exprime de manière basique et simpliste comme psychologue, en me demandant quelles sont les émotions essentielles que tout être humain devrait reconnaître en soi, les exprimer quotidiennement et, de plus, les reconnaître chez l’autre, celles-ci seraient au nombre de quatre et j’en ajouterai une cinquième qui n’est pas vraiment une émotion mais plutôt un état émotionnel décrivant probablement de notre modernité, un état qu’il est de plus en plus important de savoir identifier. Ces quatre émotions sont : la joie, la peine, la peur et la colère, et l’état émotionnel mentionné que nous devrions décrypter est l’angoisse
A vouloir accélérer les processus propres à la douleur pour qu’elle passe au plus vite, nous faisons comme si nous ramassions des fruits verts qui ont encore besoin de temps pour mûrir. Les douleurs doivent êtres respectées, écoutées et chéries, oui chéries, et je dirais même plus, caressées par nous-mêmes d’abord, pour être ensuite respectées et écoutées par ceux que nous aimons. Les douleurs atteignent alors leur point de maturité et peuvent être digérées émotionnellement et incorporées à l’histoire de notre vie de manière saine, positive et complète.
Il y a des situations d’angoisse et de tristesse que nous ne pouvons traverser seuls, ainsi que des personnes qui, pour diverses raisons, n’ont pas la capacité de tolérer des situations de douleur intense. Dans ces cas comme dans d’autres, prendre des médicaments peut être d’une grande aide afin que les mécanismes cognitifs s’activent de manière claire et que nous puissions ensuite avancer sur le chemin qui nous permet de tirer des leçons du processus douloureux et, par conséquent, pouvoir regarder la douleur sans autant de blocages corporels.
La peine est souvent considérée dans beaucoup d’endroits comme une manifestation de faiblesse et de fragilité ; ainsi, si quelqu’un s’émeut, s’il a la gorge serrée et que des larmes lui montent aux yeux, on dira à tort « Cette personne est brisée » soulignant par cette phrase qu’elle a perdu son maintien, sa circonspection et sa tempérance.
La peur est aujourd’hui mise à l’épreuve dans la mesure où nous jouons avec elle mais, selon moi, elle a dangereusement cessé d’être protectrice. Dans certains groupes, le plus courageux est celui qui essaie les drogues, et non pas celui qui dit non ; celui qui est prudent et respecte le code de la route.
La joie ne peux s’exprimer dans de nombreux pays, car elle est associé à une perte de contrôle des impulsions et, par extension, à un manque d’intelligence. Ici, je dois exclure des pays comme l’Argentine, la Colombie, l’Équateur où rire fort fait partie d’une expression sociale quotidienne.