Citations de Quentin Debray (71)
Avec ce que vous appelez l'inconscient, ou plus exactement la prise de conscience de ce que la liberté de notre temps permet de laisser filtrer de nos pulsions premières, vous avez là un beau sujet. D'autres avant vous en ont parlé, je pense à ce médecin russe, Tchékhov, à Tolstoï, à Maupassant. Ces gens qui apprécient les petites formes ont compris depuis longtemps que la conscience n'est pas une entité claire. Verlaine et Rimbaud comme les impressionnistes ont cultivé les états seconds. L'intrigue se dissout et se banalise, le quotidien prend la place de l'épopée.
L'Empereur nous avait communiqué son impatience mais non son angoisse.
Protéger le psychopathe contre son destin, c'est accessoirement protéger ses victimes et la société contre ses passages à l'acte, mais c'est aussi réfléchir, tenter de comprendre dans sa profondeur et ses résonances cet être mystérieux, si proche de nous. Le psychopathe ne se réduit pas à ses passages à l'acte. Il est plus attachant par ses manques que par ses débordements, par cette "empreinte en creux" que par cette conduite antisociale qui le définit trop bien en cachant l'essentiel de lui-même.
Nous ne savons pas d'où vient le psychopathe, mais nous savons où il va ; vers le rejet, la déchéance, la mort. Il n'est pas à envier ou à mépriser mais à assister.
Mettre le psychopathe en prison, c'est l'exclure du jeu social normal, favoriser la délinquance organisée dès la sortie. Des solutions plus sociales doivent être recherchées [...].
... comme l'ont souligné C. Olivenstein et P. Padovani ; "On doit toujours "soupçonner" un adulte psychopathe de ne pas l'être et aborder la cure.
Si le milieu social originel peut être un facteur de constitution de la personnalité psychopathique, le milieu socio-économique actuel est un facteur d'exacerbation de ses symptômes, en particulier de la délinquance qui est le symptôme le plus étudié par les enquêtes sociologiques.
Le milieu social choisi, la profession sont plus des symptômes du déséquilibre mental que des facteurs sociaux originels.
... l'étude des délinquants montre qu'ils lisent peu et qu'ils fréquentent plus le cinéma que la population de référence.
... il existe une relative corrélation entre délinquance et chômage.
Les événements historiques majeurs influent sur la délinquance et les passages à l'acte des psychopathes. Les périodes de troubles sociaux ont tendance à favoriser la délinquance.
L'indice de criminalité est supérieur à la ville qu'à la campagne et il augmente régulièrement avec le nombre d'habitants.
Le comportement déviant ou délinquant est un comportement qui est étiqueté, et il faut évidemment s'interroger sur les conditions selon lesquelles cette étiquetage se fait.
... il est possible qu'une telle personnalité ne réponde pas toujours à une structure psychanalytique bien définie, mais à des déficits tels ou tels de la structuration qui aboutissent finalement à une séméiologie commune.
... ou aura bien remarqué que, bien qu'imparfait, le développement psycho-affectif se poursuit jusqu'à la phase oedipienne. Nous ne sommes donc pas dans le registre psychotique ; mais, du fait de l'imperfection dès les premiers stades, nous ne sommes pas non plus dans le registre névrotique.
... il existe une manifeste dissociation entre ses propos inconscients et sa logique apparente vis-à-vis de son interlocuteur et une vie pulsionnelle inconsciente qui échappe à la structuration symbolique. C'est d'ailleurs cette dissociation, souligne L. Cassiers, qui rend le psychopathe si difficile à appréhender pour l'observateur.
Les tests d'intelligence montrent en général des résultats normaux mais avec souvent des notes légèrement meilleures dans le domaine des performances que dans le domaine verbal.
Il existe actuellement peu d'éléments objectifs en faveur d'une origine biologique du déséquilibre mental. En définitive, les données génétiques sont les plus intéressantes. Elles nous montrent que certaines aberrations chromosomiques constituent dans certains cas une prédisposition au comportement psychopathique.
On peut aisément imaginer qu'il existe chez lui un mauvais fonctionnement de telle ou telle partie du système limbique rendant compte de son impulsivité, de son insatisfaction, de ses difficultés à acquérir une expérience affective, de son absence d'anxiété apparente. Cependant aucun élément objectif ne permet de l'affirmer.
Plus intéressante est la fréquence anormale d'aberrations chromosomiques portant sur les chromosomes sexuels retrouvée parmi les délinquants.