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Citation de enzo92320


Les spécialistes de la psychologie et des sciences cognitives ont identifié plusieurs types de raisonnements contrefactuels (upward/downward, additive/substractive, self/other counterfactuals) qui conditionnent divers comportements ainsi que les émotions tels le regret, le sentiment d’injustice ou au contraire de soulagement et de satisfaction.

Dans les années 1980, Amos Tversky et le psychologue Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie en 2002, dans leurs travaux pionniers sur les « simulations heuristiques », ont mis en évidence plusieurs caractéristiques de la pensée contrefactuelle. La réaction émotionnelle est plus forte lorsque la situation résulte d’une erreur commise plutôt que d’une absence d’action, parce qu’il est plus facile d’annuler ou de modifier mentalement une action sur laquelle nous retenons des informations que l’absence d’action qui ne nous offre pas d’éléments factuels. Ils notent ainsi que généralement on regrette bien plus d’avoir prononcé des paroles inappropriées que d’avoir tu des propos pertinents. De même, les individus ont plus tendance à appliquer ce type de raisonnement aux événements exceptionnels qu’aux faits ordinaires. Et il apparaît que plus il est aisé d’imaginer un déroulement alternatif des événements, plus la situation semble tragique. Le raisonnement contrefactuel est donc souvent suscité par des événements soudains, traumatisants, perçus par certains comme néfastes, tels les révolutions ou les attentats. Les états dépressifs, la tristesse et l’insatisfaction favoriseraient également la production de simulations contrefactuelles. Ainsi, le raisonnement contrefactuel peut être fallacieux en surestimant la probabilité de certains événements et en sous-estimant d’autres phénomènes. Il induirait en outre une « amplification émotionnelle ». Les titulaires d’une médaille de bronze aux jeux Olympiques sont ainsi bien plus heureux que les titulaires d’une médaille d’argent, lesquels ne pensent qu’à la médaille d’or qu’ils auraient pu gagner, alors que les détenteurs de la médaille de bronze estiment qu’ils auraient pu ne rien gagner du tout. Enfin, nous modifions plus facilement le dernier événement d’une série plutôt qu’un événement survenu plus tôt : de là, notre propension à critiquer vertement un sportif qui laisse passer sa chance au dernier moment du match et à tolérer des occasions manquées au début de la rencontre.
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