Rachida M`Faddel

La seule chose dont je suis certain, c’est qu’il me fallait avancer et continuer à vivre, je devais me donner un but, sinon c’en était fini de moi. Je me suis alors souvenu de la recommandation de mon psychologue: «Écrivez, Monsieur Marciano, car mettre des mots sur vos maux est la voie royale pour vous libérer de vos souffrances.»

J’écris, j’efface, je recommence, truffant chaque page de mes maux, l’une après l’autre. Parfois je relève la tête un instant, fixe le vide en cherchant désespérément le fil de la trame. Je remets en ordre mes souvenirs, tente de saisir mes sentiments, de comprendre ma destinée.

Ce journal est devenu mon plus fidèle ami, il ne se lasse jamais de moi ni moi de lui. Je peux tout lui dire. Il est le confident de mon histoire et de mes émotions. Il est aussi le témoin de ma vie dans cette résidence.

J'aime les gens de cette maison de retraite. Nous nous trouvons une raison d'être et de rester ensemble. La vieillesse nous fait renoncer à beaucoup de choses, mais certainement pas à notre humanité commune. Nous sommes entre nous, différents les uns des autres, unis dans notre destinée pour un temps qui, hélas, est parfois trop court.
Nous savons tous ici que la vieillesse est une bataille inutile dont on ne peut sortir que vaincu. Pourtant, c'est cet avancement dans l'âge qui nous galvanise et nous pousse à vivre intensément. Parfois je me sens comme un enfant qui trépigne de joie et d'autres fois, comme un vieillard que le temps a ramassé en lui-même, recroquevillé et vieux. p.20

J'admirais Da-Xia et, dans ces moments-là, je me disais que l'amour transcende tout. Aimer l'autre pour ce qu'il est et continuer de l'aimer pour ce qu'il a été. Pour son âme, son être, la profondeur de ses yeux, la chaleur de son souffle. p.57

«Passé la quarantaine, les choses changent. On a un autre angle de vue de l’existence. On n’est pas plus sage, on manque d’illusion, c’est ça la vraie vieillesse. Ce ne sont ni la peau changée, ni les rides.»
Nina BOURAOUI.

« J’ai adoré Résidence Séquoia ! J’ai pris le temps de le lire pour le savourer. J’aime la subtilité des mots, la philosophie et la psychologie des personnages, leurs valeurs. Les personnages sont bien caractérisés. J’aime aussi les recherches historiques qui nous situent dans l’histoire. On découvre les personnages, on voit défiler leur vie et c’est très émouvant ! L’auteur prend de la distance pour laisser ses personnages agir. La syntaxe, l’enchaînement des paragraphes et des situations nous tiennent en haleine. J’ai apprécié l’esprit, l’aspect littéraire. J’aime tous les personnages, on s’attache à eux. L’histoire est très contextuelle. Et puis Enzo, sa philosophie. Cela nous amène à réfléchir, à se poser des questions sur des choses qu’on oublie ou met de côté. C’est positif, respectueux. Dès le début, on entre dans l’histoire, cela suscite des interrogations, on se demande ce qui va arriver, ce qui va suivre.
Le roman n’est pas triste, on parle de la maladie et de la mort, mais on passe à autre chose, un événement plus gai qui fait oublier tout cela. Le couple Da-Xia et Chang sont tellement bien décrit, leur relation, la résilience…
Esther est un personnage secret et quand elle se dévoile, on entre tout de suite dans son intimité. J’ai beaucoup lu, j’ai vu des films sur les camps de concentration, mais d’entendre, de lire Esther qui en témoigne m’a beaucoup touché. Quand c’est une résidente qui se confie à d’autres résidentes, l’Histoire devient encore plus réelle et touchante. »

« Ce livre nous amène dans une résidence de personnes âgées dans une grande ville du Québec. L’auteur nous présente 11 personnes qui se côtoient et partagent certaines tranches de vie. On assiste à différentes discussions qui sont tantôt légères et très souvent à d’autres qui nous amènent à une réflexion sur la condition humaine, les différentes étapes d’une vie et aussi les valeurs de chaque pensionnaire.
Madame M’Faddel a un très grand sens de l’observation et elle nous partage sa grande culture et sa sensibilité. Pour décrire avec soin et dans un grand souci du détail la vie des personnes, elle a fait des recherches sur les différentes cultures, les religions et les pratiques reliées, propres à chacune.
Elle nous présente des dialogues entre 2 et parfois 3 et 4 personnes qui ont le désir de se connaître plus et surtout de comprendre l’autre. Pour certains pensionnaires, les préjugés se manifestent surtout par une méconnaissance et des fausses perceptions.
Le livre est d’actualité étant donné que les personnes âgées vont devoir côtoyer « l’autre » de plus en plus. Je pense que chaque Résidence devrait avoir un exemplaire de ce livre.
Ce livre s’adresse à toute personne de 40 et plus qui amorce une réflexion sur sa dernière demeure dans laquelle, sans doute, elle sera amenée à côtoyer d’autres cultures. C’est la réalité du Québec d’aujourd’hui et celle de demain.
Merci madame Rachida M’Faddel de nous offrir ce livre. »

- Quelle maladie ? La vieillesse ?
- Oui...
- Mais ce n'est pas une maladie !
- A l'hôpital, il y a bien un service de gériatrie, n'est-ce pas ?
- Oui, mais c'est parce que la gériatrie s'occupe des maladies propres aux vieillissement. En prenant de l'âge, nos défenses s'affaiblissent, ce qui les rend vulnérables à certaines maladies. Tout simplement.
- Vous voyez bien que la vieillesse est une maladie ! C'est elle qui déclenche toutes les autres maladies. p.141

A vingt ans, on se mesure aux autres par l'apparence physique, à quarante, par la réussite professionnelle et à soixante, par la santé et la forme physique ! p.102