AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Radovan Ivsic (20)


Je commande mille exemplaires de ce que j'ai conçu comme un petit livre noir. C'est un chiffre évidemment exorbitant, vu que je sais bien que les librairies, faisant toutes partie du système, n'accepteront pas de le diffuser. Néanmoins je fais le pari qu'il y aura quand même un nombre suffisant de lecteurs susceptibles d'être attirés d'abord par l'aspect inaccoutumé de ce livre de 10 x 7 cm, en complète discordance avec les encombrantes reliures des livres soviétiques comme avec leur contenu: il y est parlé d'amour et de mort, alors que l'amour est officiellement tenu pour un préjugé bourgeois et que la mort est escamotée au profit de la joyeuse compétition socialiste des plans quinquennaux. (p. 14)
Commenter  J’apprécie          150
Je ne jette pas les pierres dans l'eau
je jette mon mal à l'eau
que l'eau l'emporte
que la montagne l'écrase!
Commenter  J’apprécie          100
Préface D’Étienne-Alain Hubert :
" Quiconque lit les poèmes de Radovan Ivsic en français est frappé par le dépouillement de la syntaxe , d'où naît l'impression qu'une sorte de vide entoure les mots , leur conférant une capacité maximale d’irradier autour d'eux . Bien que souvent choisis parmi les plus courants , les vocables en reçoivent des résonances illimitées .Les phrases s’égrènent une à une comme si elles étaient énoncées dans le silence nocturne . En outre , faisant entendre un langage d'espace autour du langage des mots , des dispositions typographiques variées ont en commun la propriété de ménager de grands espaces de blanc dans la page , qui parfois n’accueillent plus que quelques lignes incandescentes , comme dans l'admirable " Mavena " . Le miracle est alors qu'isolées les unes des autres par ces traces de l'inconnaissable , les phrases imposent au lecteur avec une autorité souveraine la richesse de l'univers secret dont elles sont issues .
Commenter  J’apprécie          100
J'aime venir au "café", à la tombée du jour. Quelquefois, j'ai l'impression, ou peut-être l'illusion, que ce rendez-vous est le lointain reflet de la Table ronde de la légende. Comme s'il y avait eu depuis toujours quelques hommes à se réunir dans la nuit du monde pour refuser le cours des choses.
Commenter  J’apprécie          90
Ils grandissent et disparaissent
les anneaux de la mémoire
il est calme
le lac du monde
tu es muette et profonde
seule
tu es le cœur du monde
nu.
Commenter  J’apprécie          90
Radovan Ivsic
Nous sommes assis sur la berge d'une rivière,
elle et moi
Elle me parle,
et le murmure de ses paroles
dévient un nuage de cerises
qui se pose sur mes cils.
Je respire calmement
Et je pénètre dans les pensées
qu'elle aurait voulu me cacher.
Elle rit,
puis elle prend une montagne
et la pose sur mes lèvres,
entre nos baisers.

(" Poèmes")
Commenter  J’apprécie          80
Seul, tout à fait seul, je me promène sur un nuage. Mes jambes sont caressées par une herbe si transparente que je ne la vois pas. Je suis émerveillé par le silence. Je prends un peu d'eau noire et je transforme le nuage en une jeune fille que j'aime follement jusqu'à ma mort, dans la solitude.
Commenter  J’apprécie          70
Beaucoup de ceux qui avaient désiré être du voyage furent emportés par les terribles tempêtes du siècle, mais, pendant des années, il y en eut toujours de nouveaux à vouloir s'y embarquer.
Commenter  J’apprécie          60

Elle plonge ses bras dans l'eau pour s'endormir .

Quand elle s'éveille , des petites gouttes tombent de ses
doigts , rient
Sur le sol : ce sont ses yeux , ce sont toutes les couleurs .

C'est pourquoi , devant les oiseaux , elle s'enferme dans la peur .

Trois prairies vertes te guettent dans son corps
Dés qu'elle désire se trouver quelques part , ses mains y sont déjà .

Elle dissimule le vent dans les vagues

.................

Elle n'a même pas besoin de se taire pour tout dire .
Elle ne sait pas ce qu'elle désire lorsqu'elle regarde à travers les longs
rameaux des cerfs .

Si tu savais ...

Lorsqu'elle a soif , jamais elle ne réveille l'eau .
Le silence à l'orée de la forêt peureuse .

Voit-elle les étoiles , ou les étoiles la voient-elle ? C'est ce qui la trouble .

Elle respire .
Elle dort .
Elle écoute .

..............

Son sourire écarte les fleurs . Elle sait ce que les fleurs ont oublié .

Seule elle ne sera jamais tout à fait nue .

Qui est-elle ?
Commenter  J’apprécie          50
les vagues avançaient sans bruit sur la rive
grimpaient sur des mains inquiètes
l'herbe poussait sur des yeux bleus
tant d'îles étaient arrivées nageant dans le vent
la petite fille écoutait dans les branches
elle avait une houle dans les bras
subitement dans le feuillage elle se demanda
petite fille
quand chercheras-tu les marches qui descendent dans la mer
quand chercheras-tu les marches qui descendent dans la mer
petite fille
Commenter  J’apprécie          50
Car les mots,
les plus beaux mots,
on ne les a pas vus soudain disparaître
comme les feuilles à l’automne.
Non, au contraire,
l’un après l’autre, on les a sourdement massacrés,
mais en leur laissant un semblant de vie,
cadavres prêts à servir d’habits neufs à l’horreur.
Commenter  J’apprécie          40
Quelle boussole secrète détermine le parcours ? Printemps 1954. Medvenidca : c'est une montagne couverte de forêts au nord de Zagreb, l'air est tranchant. N'arrivant plus à m'entendre avec quasiment aucun des intellectuels, écrivains ou hommes de théâtre, qui ont, tour à tour, fait allégeance au réalisme socialiste de rigueur sous le régime de Tito. J'ai décidé de vivre là, seul en pleine forêt. Plutôt que de rester dans une ville où j'étouffais, j'habite depuis quelque temps une maison de garde forestier, à presque mille mètres d'altitude, sans eau courante, sans électricité, sans téléphone. J'ignore encore qu'en choisissant cette solitude, j'ai choisi l'inespéré, le chemin qui efface les frontières.
Commenter  J’apprécie          40
Ce qu'elle semble m'avouer et ce qu'elle me confie : si tu fermes les yeux, ferme-les vraiment et ouvre-toi.

Ne regarde pas avant de voir.

Oublie que tu oublies.
Commenter  J’apprécie          30
la feuille
de l'eau
sur le rêve de l´herbe
Commenter  J’apprécie          30
"Après la Yougoslavie où les trains internationaux, même quasiment vides, font l'objet de fouilles systématiques avec chiens policiers, les trois jours passés à Genève chez les Vichniac me donnent l'impression d'un feu d'artifice. Il y règne un air de liberté sans pareil que je m'expliquerai plus tard en apprenant que dans leur appartement se seront croisés des opposants à toutes les dictatures, Algériens, Angolais, Iraniens, Biafrais, Russes, Polonais, Israéliens et Palestiniens... Reste que, pour l'heure, tout me paraît complètement irréel, à commencer par pouvoir enfin, après quinze ans, entrer dans une librairie où s'étalent les nouveautés. J'aperçois une nouvelle édition des œuvres complètes d'Alfred Jarry en huit tommes. Je donnerais tout pour l'acquérir, mais avec mes poches vides, il ne faut même pas y penser.

Jamais je n'aurais pu imaginer que le fait d'avoir traduit Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau en croate puisse être d'une telle importance pour les Suisses. Je refuse pourtant les interviews qu'on me propose, craignant de me sentir très mal à l'aise en direct, dans une langue que je n'ai guère eu l'occasion de pratiquer, et surtout le lendemain de mon arrivée d'un tout autre monde. En revanche, c'est avec beaucoup de curiosité que j'accepte de me rendre chez différents amis de mes hôtes. Les questions que l'on me pose sont avant tout politiques et non littéraires. C'est pourquoi je suis d'autant plus surpris que l'une des invitées, restée muette pendant un de ces dîners, juste avant de partir, me dit en aparté et sans préambule : "À Paris vous allez rencontrer André Breton, j'en suis sûre." Très étonné qu'elle cite ce nom que personne n'a mentionné au cours de la soirée, je me contente de rire, tant cela me paraît improbable ou impossible. "Ne riez pas, vous allez rencontrer André Breton, je vous le dis." Je prends cela comme une aimable bizarrerie et sur le moment je ne pense même pas à demander qui est cette personne."
Commenter  J’apprécie          30
Si tu la caressais, elle s'écoulerait entre tes doigts comme le sable.

Sais-tu maintenant pourquoi j'aime tant le sable ?
Commenter  J’apprécie          30
Quand elle s'éveille, de petites gouttes tombent de ses doigts, rient sur le sol : ce sont ses yeux, ce sont toutes les couleurs.
Commenter  J’apprécie          30
Radovan Ivsic
« En art, pas de consigne jamais, quoi qu’il advienne ! » C’est sur cette question fondamentale que s’est produite l’irréparable rupture entre Breton et Aragon. Essayer aujourd’hui d’en effacer le sens ou même d’en diminuer la portée constitue une des plus grandes malhonnêtetés intellectuelles de ce temps. Car, faut-il le répéter, il ne s’agit pas là de problèmes esthétiques mais très concrètement de la liberté, de votre liberté, de ma liberté. Jusqu’à quand essayera-t-on de nous aveugler sur le fait que l’assassinat du poète Mandelstam (c’est à dire aussi de tant et tant d’autres) a été facilité par la complicité historique de tous ceux qui, devant la puissance de l’idéologie, n’ont pas eu le courage d’affronter la solitude de leur pensée ? André Breton est un des rares à avoir eu ce courage qui est l’honneur de la pensée. Alors, il ne faut pas s’étonner qu’on s’agite beaucoup pour ne pas le reconnaître lui. Trop d’intellectuels ici ou ailleurs n’ont pas eu ce courage ou sont bien décidés à ne l’avoir jamais. On se presse pour brouiller les cartes du passé et de l’avenir. (entretien en 1978)
Commenter  J’apprécie          20
VANÉ : Je ne savais pas que les abeilles portent la nuit.
Commenter  J’apprécie          10
Radovan Ivsic
On sait aujourd’hui que les idéologues n’ont d’autre souci que de parvenir à exercer ce pouvoir sur la langue, en contrôlant la production du sens et du non-sens, en conquérant brutalement ou insidieusement les terres en friche du langage. Mais c’est aussi le propos de toute pensée dominante qui détruit inévitablement l’équilibre organique de la langue pour un meilleur rendement idéologique tout comme on n’hésite pas à détruire l’équilibre naturel d’une région pour un meilleur rendement économique.
Commenter  J’apprécie          11

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Radovan Ivsic (18)Voir plus

Quiz Voir plus

Autobiographies de l'enfance

C’est un roman autobiographique publié en 1894 par Jules Renard, qui raconte l'enfance et les déboires d'un garçon roux mal aimé.

Confession d’un enfant du siècle
La mare au diable
Poil de Carotte

12 questions
45 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}