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Citation de Tempsdelecture


Une fois encore, impossible de se rendormir. Son sommeil était de moins en moins reposant, parasité ces rêves toujours plus perturbants, comme le blizzard qui frappait à ses fenêtres. Pour ne rien arranger, sa blessure à l’épaule lui causait une douleur intolérable. Malgré son intention de profiter de son dimanche pour rattraper son retard de sommeil, se débarrasser de cet épuisement et décompresser après une rude semaine, il se leva très tôt. Par la fenêtre de la cuisine, il constata que la tempête de neige n’avait pas faibli et menaçait ouvertement d’engloutir la ville de Siglufjörður. Il s’assit à la table, le regard perdu vers le prétendu panorama.

Le printemps n’arrive -t-il jamais jusqu’ici?

Abattu, il ferma le rideau de la cuisine, puis ceux de toutes les autres fenêtres.

Il attendit la mi-journée pour allumer la radio et écouter les informations. Une avalanche s’était déclenchée juste au-dessus de la route de Siglufjörður, bloquant l’unique axe de circulation de la ville. La nouvelle le frappa. Physiquement. Par chance, aucun blessé n’était à déplorer, mais cela signifiait qu’on ne pouvait plus ni entrer ni sortir de la ville. Tout déplacement par voie terrestre ou maritime paraissait inenvisageable. Ari Thór se sentait à la fois ébranlé et découragé. Cet événement le vidait du peu d’énergie qu’il lui restait. Il s’imposa quelques respirations lentes, profondes, mais cela ne changea rien: son cœur cognait toujours furieusement contre son thorax. Il entendit un journaliste annoncer qu’aucune tentative de déblayer la route ne serait entreprise dans la journée, ni sans doute lors de la suivante, car les prévisions météorologiques empiraient. Après cela, le flash info se mua en un bruit parasite, un assemblage incompréhensible de mots.

Chamboulé, l’esprit traversé de pensées folles, Ari Thór tenta de se convaincre que tout allait bien se passer. C’était une situation provisoire, la route serait accessible de nouveau d’ici un jour ou deux. Il ouvrit la porte, bien décidé à affronter le temps et à se persuader qu’il n’était pas son ennemi. Le vent avait gagné en puissance et une congère s’était formée juste devant le seuil.
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