Le grenier, âme et mémoire d’une demeure, trait d’union discret entre le passé et le présent, lieu de communion entre générations, n’est plus au cœur des préoccupations des urbanistes du monde actuel. En place des combles, espaces incertains où un adulte peut difficilement se mouvoir autrement que plié en deux, où l’accès n’est possible que par intermittence, à l’aide d’escaliers escamotables et branlants, succédanés pathétiques et dérisoires. L’homme a inventé la maison dépourvue de mémoire, sans âme, une habitation aux couleurs de l’époque, celle de l’éphémère, du prêt-à-jeter, de l’immédiateté. Et il ne subsiste que la mémoire virtuelle des ordinateurs qui ne pourra jamais accueillir d’authentiques malles, dans lesquelles les enfants émerveillés s’en allaient quêter les trésors oubliés. (p100)