Le fait qu'Amedeo ait fréquenté le couple Delaunay à cette époque [1915-1916] eut cependant deux conséquences fondamentales : d'une part le recours à de nouveaux matériaux, comme la cire et le pochoir, avec lequel il se crée une nouvelle signature, d'autre part l'introduction sur la toile de lettres et de chiffres, ce que l'on peut constater à maintes reprises dans la dernière phase de sa peinture.
L'œuvre d'Amedeo ne reprend aux différents mouvements artistiques que leurs traits les plus généraux ; c'est pourquoi son travail ne s'y insère pas complètement. Aussi peut-on associer à l'expressionnisme une phase déterminée du peintre portugais.
L'un des aspects les plus importants de son travail repose sur sa détermination à mettre la géographie et l'histoire de son enfance et de sa prime jeunesse au centre de sa recherche plastique, et cela en raison d'une conviction profonde : les arts populaires, les couleurs et la lumière du paysage du nord du Portugal allaient constituer le défi permanent qui ferait son originalité en tant que peintre.
L'hétérogénéité du parcours pictural d'Amedeo de Souza-Cardoso n'a rien d'une appropriation passive des propositions d'avant-garde. En vérité, sa pratique se voit mise en valeur dans le contexte d'une nouvelle lecture de la production artistique du XXe siècle selon le concept de "modernités plurielles".
De la même façon que Picasso découvrit quelques années plus tôt l'étrange beauté des fresques médiévales catalanes, Amedeo considérait que les primitifs étaient plus novateurs que "les grands cerveaux de la Renaissance", qu'ils manifestaient "l'âme intense d'une religion élevée".