Nous en avons déjà parlé. Dans son livre, Reed reproduit un croquis de la coupe transversale de l'ouverture polaire avec des bateaux naviguant sur les parois externes et internes de la Terre. Quand le bateau entre dans l'ouverture polaire, l'aiguille de la boussole se met à la verticale. C'est exactement ce qui est arrivé aux explorateurs qui s'étaient aventurés très loin dans le Nord. D'abord, en approchant du pôle, l'aiguille commence à s'affoler, et lorsqu'on poursuit assez loin elle se met brusquement à la verticale, indiquant par là que la limite de l'ouverture polaire a été franchie et que l'on se trouve donc à l'intérieur du globe.
Les révélations de Palmer sur les découvertes de Byrd dans l'Arctique et l'Antarctique donnèrent pour la première fois une large publicité à l'extraordinaire aventure de l'explorateur. Elles avaient une portée plus grande que les chapitres que leur avait consacrés
Giannini dans un livre au tirage restreint et qui n'avait bénéficié d'aucun lancement. C'est pour cela qu'on chercha à stopper leur divulgation sur une grande échelle.
La seule manière d'interpréter convenablement les déclarations énigmatiques de Byrd est d'écarter la conception traditionnelle de la formation de la Terre, et d'en accueillir une nouvelle montrant que les extrémités arctique et antarctique ne sont pas convexes, mais concaves. Dès lors, on comprend mieux la signification de ce voyage extraordinaire au-delà des pôles. Byrd ne franchit pas les pôles, au sens ordinaire du terme, il ne passa pas au-dessus pour gagner l'autre côté, côté bien connu comme nous l'avons dit, mais il entra tout simplement dans les concavités polaires qui s'ouvrent sur l'intérieur creux de la Terre, là où règne un climat tropical et où se développe une vie végétale, animale et humaine. C'est cela le « Grand Inconnu » dont parle Byrd, non cette étendue de neige et de glace située de l'autre côté du pôle Nord et qui s'étend jusqu'aux pointes extrêmes de la Sibérie.
En examinant le trajet des vols à travers les régions polaires, nous nous apercevons que ce trajet contourne toujours le pôle, ou passe à côté, mais qu'il ne le survole jamais. N'est-ce pas étrange ? Il ne fait aucun doute que si on annonçait un vol passant directement au-dessus du pôle Nord, il attirerait un grand nombre de passagers désireux d'éprouver une sensation nouvelle. Or, chose bizarre, aucune ligne aérienne n'a jamais offert un tel vol. Tous les itinéraires passent à côté de ce point stratégique. Pourquoi ? Ne serait-ce pas parce que, si le pôle était vraiment franchi, l'avion, au lieu d'aborder l'autre côté du globe, s'enfoncerait dans cette terre au-delà du pôle, " le centre du Grand Inconnu ", comme l'appelait Byrd ?