J'ai connu un vieux baroudeur politique qui ne cessait de dire que le tutoiement était la plus belle conquête des révolutions. L'égalité et la fraternité n'étaient, à ses yeux, nulle part plus fortement inscrites que dans ce -tu" qui devait un jour devenir obligatoire dans le monde de la "camaraderie" communiste. Obligatoire et spontané en même temps, ce qui n'est pas toujours aussi simple qu'on pourrait le penser. Et quelquefois assassin, remarquait-t-il. Mais il aimait à rêver sur ce tutoiement de camarades. (p.51)