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3.56/5 (sur 265 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Marseille , le 21/11/1925
Mort(e) à : Gargas, Vaucluse , le 03/04/2012
Biographie :

Raymond Jean était un écrivain et essayiste français.

Il fut longtemps professeur à l'université d'Aix-en-Provence et fut collaborateur du Monde, de la Quinzaine littéraire et d'Europe.

Il est l'auteur de près de quarante livres, romans, essais, nouvelles. Il a entre autres publié des essais sur la poésie, "La Poétique du désir" (1975), le roman "Un portrait de Sade" (2000) et des récits dont "La Lectrice" (1986), adaptée au cinéma en 1987 par Michel Deville avec Miou-Miou, "La Vive" (1968) ou "L'Attachée".

Il fut également conseiller régional apparenté PCF en Provence-Alpes-Côte d'Azur lors des régionales de 1992.

Source : Wikipedia
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Il était une fois le Revest - Témoignage de Raymond Jean


Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Nous prenons nos billets pour entrer au Musée Juif. La guichetière, une jeune fille peut-être, tend vers nous une main osseuse, aux doigts fins, qu'elle retire prestement. Je demande à Hana ce qui est écrit, en tchèque, au-dessus de la porte. Musée Juif d'ETAT, dit-elle : ce n'est pas très joli, mais c'est important (elle ajoute en riant : ici, tu le sais bien, tout est d'ETAT). A droite du guichet, une sorte de vitrine grillagée un peu semblable à un vaste panneau d'affichage, montre des dessins d'enfants, comme réunis pour une exposition, mais usés, fanés, poussiéreux. J'interroge Hana. Oui, dit-elle de sa voix calme (et plus lente encore que tout à l'heure), ce sont des dessins d'enfants, mais d'un genre un peu particulier : ils ont été exécutés à Terezin où quinze mille enfants juifs et tchèques ont été mis à mort. Dessins, poèmes, ils racontent beaucoup de choses. Je m'approche. Je lis distinctement sous un des dessins - des hachures rouges et des traits verts, barrant un fond de neige, devenu gris, presque noir - la signature d'une petite fille qui s'est appelée : FELICITA SCHNEIDEROVA. Je regarde un autre dessin.
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...j'étais persuadé qu'on était en train de construire un monde nouveau, ce soleil levant de tout à l'heure, ou ces lendemains chantants que nous annoncions niaisement, et voilà que la première manifestation en était le spectacle de cette pauvre fille promenée toute nue, promenée non, poussée, trainée, exhibée, avec son crâne rasé ou ses bouts de cheveux taillés n'importe comment...Il fallait trouver cela très bien, parce qu'elle avait couché avec des soldats allemands...et beaucoup trouvaient cela très bien en effet...ils ricanaient, ils rigolaient autour d'elle en brandissant leurs mitraillettes...quand j'ai compris que ces hommes allaient devenir tout-puissants, je me suis dit que nous étions fichus...Mais ces hommes, c'étaient les nôtres, des amis, des copains...il y avait là quelque chose qui ne tournait pas, qui était complètement fou...depuis il y a eu tant de choses qui n'ont pas tourné et qui ont été complètement folles...mais c'était la grande fêlure...la première honte...
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Peut-être est-il temps que je me décrive. Je suis plutôt grande, mince du haut, un peu large du bas. J'ai des cheveux noirs traversés de reflets roux, arrondis en frange sur le front, attachés en banane sur la nuque. Des yeux verts. Un visage aigu, un peu coupant, que l'on disait ingrat quand j'étais petite fille. Je me souviens avoir pleuré longtemps un jour, parce qu'un cousin m'avait traitée d'"abominable perruche". Il m'en est resté le sentiment très vif que, pour certains, je peux ressembler à un oiseau. Pourtant, même si j'ai le nez légèrement arqué, j'ai les lèvres pleines et très pulpeuses, et mon teint, je pense, fait penser plus à la pêche qu'à la plume.
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Puis, au bout d'un moment, je pense au tutoiement de cette fillette. Normal à son âge. Elle doit avoir entre six et huit ans. Et moi, avec mes soixante-dix, je viens de l'entendre m'interpeller de sa petite voix musicale, sur le mode de la familiarité la plus directe. Elle voit sans doute en moi un grand-père. Mais plus probablement elle tutoie tout le monde. Elle ne sait pas que le -vous- existe. Elle va l'apprendre. Elle l'apprendra toujours assez tôt. Pour l'instant, elle ne sait que tutoyer, et me voilà tout à coup, à un moment de ma vie où cela sonne plutôt drôlement, enrobé dans ce tutoiement enfantin, désarmant de spontanéité. (p. 8, Arléa, 2000)
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-Tutoiement pédagogique-

Elle le tutoie à son tour, en lui disant bonjour, et cela fait un drôle d'effet. Pourquoi ? parce qu'elle est une femme et que la familiarité prend avec elle une nuance un peu plus transgressive. (p.94)
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- On leur demandait de "coopérer". Ce mot pudique voulait dire reconnaître toutes les calomnies qu'on leur imputait et qu'on leur demandait de prendre en charge, même si elles étaient inventées ou fabriquées de toutes pièces. Ceci dans l'intérêt du parti. De la classe ouvrière.
Le plus fort, c'était qu'ils marchaient. Ils reconnaissaient. Ils avouaient, ils finissaient par se convaincre eux-mêmes. Ils disaient que oui, en effet, c'était tout à fait sûr, ils étaient des espions, des traitres, des policiers, et mêmes des ANTICOMMUNISTES. Ça, il fallait le trouver !
Avérés et endurcis. On ne s'en était pas aperçu, parce qu'ils cachaient bien leur jeu. Mais c'était ainsi. Cela éclatait maintenant au grand jour.
- Mais c'était crédible ?
- On feignait la stupéfaction. Qui aurait dit ? Qui aurait cru ? La chose avait beau être énorme, on l'avalait. Il fallait coller à la raison dévoyée.Obéir à ses lois. Nous savions tous le faire. Perinde ac cadaver. Vous connaissez la formule des Jésuites. Nous avions une grande aptitude à cela.
Nous étions des cadavres de la raison.
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- Les photos, c'est très important. Ce sont les choses comme elles ont été vraiment. Les faits à l'état brut. Elles nous dispensent de commentaires, donc d'interprétations, donc d'erreurs. Sauf quand on les a truquées, comme dans certains pays. Elles ont en tout cas l'incomparable avantage d'être silencieuses. Et, avec les années, croyez-moi, j'ai appris les vertus du silence...
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...Ces étranges acteurs-bateleurs que l'on appelait -les transparents- qui, allant de village en village, animaient des rencontres conviviales avec les habitants. Ils semblent avoir impressionné la jeunesse de Char. Il en parle ainsi dans un texte des Matinaux "Les transparents ou vagabonds luni-solaires ont de nos jours à peu près complètement disparu des bourgs et des forêts où on avait coutume de les apercevoir. Affables et déliés, ils dialoguaient en vers avec l'habitude, le temps de déposer leur besace et de la reprendre. (p.17)
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(...)mais que le plus beau tutoiement de tous les domaines reste celui de Marguerite Duras dans -Hiroshima mon amour-:
Tu me tues, tu me fais du bien. (p.122)
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- Voilà. C'est ce que je voulais retrouver. AVENIR RADIEUX !
Nous n'avions que ce mot à la bouche. Lui comme les autres, et pourtant il n'était pas communiste.
Il y a de quoi tellement pouffer de rire aujourd'hui qu'il faudrait écrire ces mots en grosses lettres, là, sur nos murs, et les encadrer.
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