La panne d’imaginaire que je veux souligner peut-être dans cette béance : les représentations sont restées traditionnelles, cristallisées, figées, alors que le nouveau Paris, déjà là et à l’horizon, exige un regard neuf, de nouvelles images, de nouveaux récits, une nouvelle identité narrative
Mais alors devant ce palimpseste, ce trop plein d’images, de discours, de textes, comment cerner Paris aujourd’hui ?
Elle leur demandait son pays, mais il n'existait pas ayant été oublié par Dieu au jour de la création. Un pays sans Histoire, sans date, sans traités, sans maître et sans serviteurs.
C’était leur langue, la seule qu’ils maîtrisaient totalement, dans laquelle ils pensaient, aimaient, rêvaient
A l’école, je poursuivais et j’enjolivais l’histoire de mon roman familial. J’inventais sans discontinuer
Je vis toujours avec une fêlure, une blessure, une béance qui a pour nom l’Allemagne. Je sais que je n’en aurai jamais fini avec l’Allemagne et que l’Allemagne n’en aura jamais fini avec moi
Rendre la vie à ces anonymes, leur restituer, leur inventer une biographie, édifier mes propres Slolpersteine par le récit, c’était mieux que perdre mon temps à suivre des petits vieux dont je ne connaissais et ne connaîtrais jamais le passé
Partout le roman national simplifiait, maquillait, réécrivait l’histoire, se donnait une image et un passé « acceptables ».
A travers ce récit polyphonique, ce sont le passé, l’écriture de l’histoire, la vérité et la falsification des faits, leur occultation ou leur révélation, qui sont interrogés
Je veux qu’à l’image du célèbre spectre qui hanta l’Europe elle continue, elle aussi, de hanter le mouvement ouvrier, ou ce qu’il en reste, quelque part dans notre héritage, pas seulement dans notre souvenir