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Citations de Rémi Soulié (19)


La révolution nietzschéenne outrepasse donc celle de Kant, « le grand Chinois de Königsberg » (PBM 201) : l’impossibilité d’un savoir métaphysique que déterminent les lois de la connaissance (conditions a priori de la sensibilité et catégories de l’entendement) n’empêche pas le maintien d’une division entre le phénomène et le noumène, nécessaire à la raison pratique et à la croyance, alors qu’après le « rasoir d’Ockham » nietzschéen ne demeure que le seul jeu de la volonté et des interprétations.
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L’enfant Dionysos, en disciple d’Héraclite, n’enseigne pas les docteurs de la loi : il joue avec l’un-multiple, l’être-devenir, la nécessité-hasard comme avec les jouets que les Titans lui ont donnés – toupie, rhombe, osselets, miroir.
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Nietzsche garde le souvenir d’un monde innocent, qui n’avait nullement besoin d’être réconcilié après une faute imaginaire dont le venin rongeur fut distillé par les faibles vengeurs, avides de culpabiliser les forts, de les domestiquer, de les apeurer, de les terroriser afin de les rendre inoffensifs et de mieux les dominer.
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L’aventure spirituelle de Nietzsche, aussi cruciale et peut-être aussi crucifiante que celle de Pascal ou de Kierkegaard, refuse absolument le saut dans la foi qui, pour ce grand esprit, aurait été une possibilité.
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Diagnostic chrétien : petite santé, le surhomme, en regard du saint !
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[…] le surhomme est […] celui qui a dressé ses instincts mais sans les culpabiliser ni les amoindrir […].
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Le corps, ce que Nietzsche appelle le « soi », est certes un sujet mais inconscient (Freud s’en souviendra).
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De l’union miraculeuse de ces deux principes – Apollon disciplinant formellement l’instinct de Dionysos, lequel garde le premier d’un ordre stérile – surgit la tragédie attique, « dernière grande parole grecque sur le divin » (Walter Friedrich Otto) ; Euripide et Socrate portent la responsabilité de leur divorce : le premier, « nature absolument antimusicale » (OT 158), se vautra dans la psychologie, rejeta la polarité dionysiaque de la tragédie et délaissa héros, mythes et dieux au profit d’un très artificiel et bourgeois deus ex machina ; le second, l’ « homme théorique », entreprit l’arasement du réel – de la vie – dans la logique en posant l’équation « raison = vertu = bonheur » (Cid 199) ; il ouvrit ainsi la voie aux diverses déclinaisons des dualités – bien/mal, esprit/corps, être/devoir-être, temps/éternité, ciel/terre, apparence/essence, noumène/phénomène, etc. – qui mèneront l’Occident sur la voie du nihilisme, récusation et dénigrement de la vie conçue comme unité ou harmonie tragique des contraires.
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Le « premier Dionysos » - la tradition en compte trois -, le Zagreus orphique, naquit de Zeus et de Déméter (ou de Perséphone, selon les versions du mythe). Furieuse d’avoir été trompée, Héra, l’épouse légitime du roi des dieux, demanda aux Titans de tuer le petit Zagreus que son père aimait au point de vouloir en faire son successeur ; ils l’amadouèrent avec des jouets, le démembrèrent, le rôtirent et le dévorèrent malgré les neuf métamorphoses tentées par le jeune dieu qui comprit trop tard leurs intentions ; Athéna, toutefois, réussit à récupérer son cœur battant que Zeus avala afin de le ressusciter (selon une autre version, Zeus demanda à Apollon de brûler les restes de son fils devant le mont Parnasse, à l’exception du cœur, qu’il confia à une mortelle, Sémélé, afin qu’elle l’enfantât à nouveau). Le maître de l’Olympe foudroya ensuite les Titans, des cendres desquelles naquirent les hommes à la fois bons et mauvais puisqu’en eux se mêlent le divin (le dionysiaque) et le titanesque.
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Pour qu’Achille se lamente de n’être plus qu’une ombre dans l’Hadès et confie à Ulysse qu’il préférerait revenir sous le soleil et vivre en humble paysan, il faut que les dieux de l’Olympe aient assis leur règne radieux en vivant de la vie même des hommes et leur aient ainsi montré son immarcescible somptuosité. Telle fut, selon Nietzsche, l’ « unique théodicée satisfaisante ! » (OT 43), celle d’Homère.
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De même que « l’homme passe infiniment l’homme » (Pascal), le surhomme, fils de Dionysos et d’Ariane, passe infiniment le dernier homme décadent en ce qu’il veut le monde tel qu’il est y compris et surtout, par surcroît d’énergie, de santé et d’amour, dans ses aspects jugés les plus effroyables ; il veut l’incertitude, la multiplicité, la contradiction, le conflit, la douleur, la cruauté parce qu’ils sont aussi le lot de la vie ; il veut le caractère informe et mouvant du chaos face à la rassurante philosophie de l’être faite d’ordre, de stabilité et de raison.
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Même si Nietzsche parodie le lyrisme biblique, Dionysos n’inaugure pas une ère messianique […] au cours de laquelle le petit enfant jouera avec la vipère […] : il accepte et veut, sur terre, le conflit douloureux et joyeux de l’enfant – qu’il est (re)devenu – avec la vipère. Le paradis commence ici, aujourd’hui.
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Le nihilisme n’a pas d’autre sens, qui se déploie lorsque disparaît (ne) le point noir (hilum) qui sert d’attache à la fève dans la cosse, rappelle Pierre Boutang dans Ontologie du secret : demeurer à l’écoute du surhomme, qui « est le sens de la terre », supposera d’abord de rester « terreux », comme dans la prière de Péguy.
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Alcyoné, fille d’Éole, épousa Céyx, le fils d’Éosporos, l’Étoile du matin. Elle l’aimait tant qu’elle osa comparer leur bonheur à celui de Zeus et d’Héra, ce qui déplut au roi des dieux, lequel fit périr son mari en mer. De douleur, elle se jeta à son tour dans les flots. Pris de pitié, les dieux transformèrent les deux tourtereaux en oiseaux marins, des alcyons. Les sept jours dits alcyoniens qui précèdent et suivent le solstice d’hiver, période pendant laquelle ils couvent leurs œufs à la surface de la mer, se caractérisent par un grand calme : Éole interdit aux vents de souffler. Dans un dialogue du Pseudo-Lucien, Socrate dit ainsi à Chéréphon : « Vois comment le temps est serein !, comme la mer tout entière est calme, sans vagues, et ressemble, pour ainsi dire, à un miroir !
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Ce n'est pas un hasard si l'Hymne homérique consacré à Hermès, "le plus ami des hommes d'entre les dieux" selon Aristophane, constitue en quelque sorte un évangile, une bonne nouvelle de l'enfance chapardeuse ((Evangélos est d'ailleurs le surnom du dieu lorsqu'il est porteur d'une bonne nouvelle) : le désinvolte Hermès y apparaît en nourrisson, ou garçonnet ; ses hauts (et bas) faits d'"adulte" - mais qu'est-ce qu'une "grande personne", pour parler la langue de Bernanos, surtout pour un dieu ?- sont consignés dans d'autres textes : à l'enfance la sacralité hymnique et liturgique !
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Si Nietzsche accepte Jésus comme maître bouddhiste venu prêcher l’innocence de la vie et du royaume par-delà la loi, la culpabilité et le châtiment, il rejette le lourd et morbide appareillage rédempteur, sacrificiel, sacerdotal, ecclésial que le clergé a édifié à son profit.
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Le chameau se caractérise donc par sa docilité. […] il pratique naturellement l’ascèse – après qu’il a cessé de se rendre à la messe, il milite pour les droits de l’homme ; sa jouissance, au fond, est masochiste.
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Le premier pas consiste donc à se charger du poids des siècles, à se soumettre à la tradition collective nourrissante (lorsque la tradition – chrétienne, en l’occurrence – et la communauté – cité, nation, Empire, Église – existaient encore, cela va de soi). Est sage qui s’approprie ce qui ne dépend pas de lui et s’inscrit dans sa lignée native.
Deuxième pas : le moment satanique, le « Non serviam » luciférien, la négation méphistophélique, la révolte (l’ « orgueil », si l’on use des lunettes chrétiennes que Nietzsche fut contraint de chausser). L’esprit libre pense différemment de son milieu d’origine ou de son temps, ce en quoi il fait preuve de courage et d’intempestivité. Il ne brait plus avec le troupeau et choisit de s’éloigner, solitaire, vers les escarpements les plus risqués.
Troisième pas, enfin : l’affirmation créatrice du surhomme libéré de la névrose chrétienne ou obsessionnelle (l’enfer du devoir) ainsi que de son revers malin, l’approbation joyeuse du monde comme jeu créateur et destructeur.
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Le règne des experts annonce celui de l'erreur à coups de klaxons enroués. Apocalypse spectaculaire. Le mensonge parade sous les auspices de la scientificité technocratique, avatar supplémentaire du scientisme dix-neuviémiste. A un an près, ils se trompent et nous bernent.
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