On ne compte pas ses heures quand on lit. On oublie jusqu'à la notion du temps. Les livres nous font rencontrer des auteurs morts il y a des siècles et qui cependant paraissent plus vivants que jamais. Peut-être que le bienfait principal de la fuite hors du monde consiste précisément dans cette possibilité inouïe : sortir du temps présent et accéder à une forme de petite éternité, l'éternité des livres, l'éternité du savoir universel, l'éternité à laquelle on peut prétendre de son vivant. C'est la magie de la fuite : elle introduit à un temps utopique où chaque seconde s'inscrit dans l'éternité. La fuite serait ainsi une voie d'accès privilégié au monde éternel.
Fuis la foule, Pétrarque, p. 34.