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Citations de Rémy Oudghiri (40)


Au Père-Lachaise, il aimait s'établir sous les tilleuls, dans la partie la plus haute, où l'on voit tout Paris. Les families, m'assura-t-il, ne venaient jamais jusque-là. C'était un endroit silencieux où il venait souvent lire toute une matinée.

- La vie m'intéresse assez peu. La mort, elle, ne me fait pas peur. Dans un cimetière, je me sens chez moi. Je suis en compagnie d'hommes et de femmes qui ne peuvent plus parler. Autour de moi, les gens m'ennuient. Jusqu'à mes propres amis ; je les supporte de moins en moins.

- Mais pourquoi donc ? lui demandai-je.

- Ils disent de plus en plus de conneries.

Dans Ies cimetières, au moins, cela ne cause pas. Les cimetières, c'est très apaisant.
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Un jour, je lis dans un livre de poche, trouvé par hasard dans la bibliothèque de mes parents, les contes du vide parfait de Lie-Tseu. L'un de ces contes évoque la promenade et affirme qu'il existe deux sortes de promeneurs : ceux qui se promènent pour se distraire et ceux qui se promènent pour méditer. Les uns se concentrent sur les paysages qu'ils traversent et tentent de ne faire plus qu'un avec eux ; les autres se tournent vers eux-mêmes, oublieux du monde extérieur, dans un effort de concentration maximum.

Mais il existe une troisième voie, précise le conteur taoïste : « Le promeneur parfait marche sans savoir où il va, regarde sans se rendre compte de ce qu'il voit. Aller partout et regarder tout dans cette disposition mentale, voilà la promenade et la contemplation parfaites. »

En lisant ce conte, je pense que c'est peut-être cela que je cherche dans les petites rues anonymes de l'0asis. Marcher sans but, regarder sans vraiment voir, être nulle part en particulier et cependant atteindre une forme de plénitude. Est-ce donc cela la « vie parfaite » : errer, se laisser porter au hasard sans se perdre, atteindre un rythme - celui qu'évoque Lie-Tseu - et le préserver le plus longtemps possible ?
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Pour moi, « marcher » est un verbe intransitif. Ce qui est important, c'est l'acte de marcher ; le but, je n'y pense pas. C'est comme les sportifs qui disent qu'ils veulent courir. Leur but n'est pas d’aller quelque part, c'est juste de courir.

- Pensez-vous que nous sommes nombreux à aimer marcher au hasard ?

- Oh, c'est très difficile à savoir. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui flânent. Mais de personnes qui marchent vraiment au hasard, je ne crois pas. Dans la société actuelle, on ne fait rien sans avoir un but. Faire des choses sans but, c'est un peu bizarre, non ? Et les gens bizarres, d'après moi, il y en a peu.
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Ai-je eu si tôt l'intuition qu'il ne sert à rien d'aller très loin pour mener à bien l'étrange exploration qui est la mienne ? Ce n'est en tout cas ni l'exotisme, ni l’aventure, ni la surprise, que mes pas poursuivent avec obstination.

En somme, rien d'autre ne compte que le mouvement. Le mouvement à l'état pur : aller par-ci, par-là, sans me poser aucune question. Comme les arômes d'une plante au printemps, tous mes sens se libèrent dans l'élan de mes pas : mon corps progresse à un rythme qu'il apprend peu à peu à maîtriser, mon imagination s’évade où la conduisent ses désirs et ses rêves, mes yeux s’enrichissent des détails les plus insolites et les plus insignifiants, mon odorat s'imprègne des parfums mêlés du bitume et des fleurs, mes oreilles s’exercent à reconnaître le bourdonnement incessant de la vie.
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La vie intense à l'écart de la société

Heureux celui qui prend la fuite ! L'auteur de - Vie secrète- [Pascal Quignard] éprouve un visible plaisir à énumérer ces "solitaires qui furent les plus heureux des êtres" : les ermites, les errants, les "périphériques", les chamans, les "centrifuges", etc. Pascal Quignard se sent proche de ceux que plus rien ne relie au social. Ces "rebelles, fruits sans racine, sans terreau, sans règle, sans filiation, sans reconnaissance et d'une postérité complètement aléatoire" [ "Les ombres errantes"] Ils ont suivi une voie déconcertante aux yeux de la société. Mais tel est peut-être le chemin le plus excitant. Pascal Quignard recueille dans ses livres les fragments de leur existence comme autant de preuves de la possibilité du bonheur sur terre. (p. 158)
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Consommer moins

Le but des partisans de la décroissance est de bâtir "une société où l'on vivra mieux en travaillant moins et en consommant moins".
Limiter la surconsommation et le gaspillage est un impératif.

Paul Ariès, auteur de No Conso, propose une grève générale de la consommation. Dans son esprit, cette grève aurait pour objectif d'en finir avec "la logique des faux besoins imposés par la société et la "junkproduction" ".

Selon lui, il faut refuser la consommation lorsqu'elle ne répond pas à de vrais besoins. Dans sa critique, il inclut le jetable, le tout-fait, la mode, le low-cost, la grande distribution, les produits hors-sol, les produits désaisonnalisés ...

Il s'agit de passer de la consommation à l'usage. Le consommateur doit être capable de se penser aussi comme non-consommateur.
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Quand je sors de chez moi, c’est ce qui me procure d’emblée une folle énergie : ne pas savoir où je vais. Une fois dans la rue, je ne porte plus de prénom ni de nom, je ne suis plus l’élève, le copain ou le fils, juste un promeneur anonyme qui se fond dans le paysage. Mes premiers pas sont fabuleux. Tout est ouvert. La magie à cet instant, c’est ce chemin que j’emprunte sans me poser de questions. Parce qu’une direction semble m’avoir appelé, très vite le désir d’aller dans le sens contraire s’impose à moi. Je ne le sais pas encore, mais là réside mon plus grand plaisir : me dérober à mon destin.
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Le questionnaire

Vous arrive-t-il de marcher au hasard, sans itinéraire précis ?

Si oui, que recherchez-vous quand vous marchez au hasard ? Que ressentez-vous ?

Qu'est-ce que vous aimez quand vous marchez au hasard ?

Vous arrive-t-il de sortir de chez vous ou de votre lieu de travail exprès pour marcher au hasard ?

Dans quelle situation, le plus souvent, cette envie naît-elle en vous ?

À quand remonte cette envie chez vous ? Êtes-vous capable de dire quand et comment cela a commencé ?

Dans quels lieux aimez-vous marcher au hasard ?

Aimez-vous le faire dans un cimetière ? Pourquoi ?

Vous est-il déjà arrivé de le faire avec quelqu'un ?

Parlez-vous aux autres de cette pratique qui est la vôtre ?

Si oui, comment la considèrent-ils ?

Avez-vous rencontré des personnes qui, comme vous, aiment marcher au hasard ? Si oui, savez-vous pourquoi elles le font ?

Pensez-vous qu'il existe beaucoup de gens qui, comme vous, marchent au hasard ?

À quoi ressemble pour vous la promenade au hasard idéale ? Pourriez-vous la décrire en quelques phrases ?
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... une raison évoquée par Pascal Quignard dans - La Barque silencieuse- : " à quoi sert d'écrire ? à ne pas vivre mort . " (p. 98)
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On ne compte pas ses heures quand on lit. On oublie jusqu'à la notion du temps. Les livres nous font rencontrer des auteurs morts il y a des siècles et qui cependant paraissent plus vivants que jamais. Peut-être que le bienfait principal de la fuite hors du monde consiste précisément dans cette possibilité inouïe : sortir du temps présent et accéder à une forme de petite éternité, l'éternité des livres, l'éternité du savoir universel, l'éternité à laquelle on peut prétendre de son vivant. C'est la magie de la fuite : elle introduit à un temps utopique où chaque seconde s'inscrit dans l'éternité. La fuite serait ainsi une voie d'accès privilégié au monde éternel.

Fuis la foule, Pétrarque, p. 34.
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Nous sommes devenus un pays de barrières, de clôtures. On ne peut pas s'empêcher d'essayer de les franchir.Si vous voulez vous débarrasser de vos téléphones portables, des panneaux publicitaires, des autoroutes, alors je pense que l' Alaska est probablement la dernière frontière.

- Sean Penn
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Pour toutes ces raisons, une phrase d'André Breton a toujours fait mon bonheur : "Le jour ne devrait jamais faire que pointer." (p. 77)
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La foule met à rude épreuve l'individu qui veut rester maître de lui-même et souhaite mener une vie sensée et modérée. Pétrarque en décrit les vices : la foule est passionnée. Elle s'embrase facilement. Elle est fascinée par l'éclat des apparences, et non par celui de la vérité. Elle va là où la conduit ce qui brille. Elle est grégaire, conformiste, moutonnière; elle ne sait pas juger. Le mensonge a souvent raison de sa docilité. En ville, l'influence de la foule sur les esprits fait que chaque citadin ne se détermine plus par lui-même, mais en suivant le chemin au plus "bel aspect", c'est à dire celui qui a les suffrages faciles du plus grand nombre.
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C'est que la lecture est un apprentissage infini. En lisant, on apprend plus qu'on ne connaît. Et dans cet apprentissage réside la vraie joie du lecteur. Le lecteur n'est pas un savant - être savant c'est encore jouer un rôle. Le lecteur n'accumule pas, ne capitalise pas, ne cherche pas à optimiser son savoir, il se contente d'errer dans la dispersion infinie des ouvrages. Là où la majorité des gens n'envisagent les études que comme une préparation à la vie sérieuse, Pascal Quignard y entrevoit la condition de la vraie vie. Lui n'a jamais cessé d'étudier. En un sens, il n'a jamais quitté les bancs de l'école ou de l'université : éternel étudiant qui préfère apprendre plutôt que connaître. Car on ne connaît jamais vraiment. On ne peut que déambuler, libre et heureux, dans l'univers foisonnant du savoir.

La vie intense à l'écart de la société, Pascal Quignard, p. 162.
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Gauguin avait fui loin du monde occidental et ce qui était chez lui l'expression d'un désir profond, était devenu sa marque de fabrique et son meilleur atout pour entrer au panthéon des grands artistes. Quelle ironie et qu'elle injustice : c'est au prix de sa propre disparition que l'on atteint la célébrité.

Fuite d'un sauvage, Paul Gauguin, p. 86.
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En prenant la fuite, le fugitif se met volontairement en-dehors des lois. Gilles Deleuze dit qu'il devient "anormal". La pression du "moi, voilà comme je suis, c'est fini". La fuite, dans cette perspective, est un moyen de "créer" sa vie. Le fugitif ne sait pas où il va, mais il invente un parcours singulier. Plus il fuit, plus il échappe à la dictature de la norme. Pour Deleuze, cette échappée est une échappée positive.
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Fuir pour renaître
Rousseau

En société, les hommes ne se comportent pas normalement, ils jouent. Ils ne cessent de jouer. La société est le lieu de la -contrefaçon-. Rien n'y est vrai. (...) La société est le lieu de l'oubli de soi: on n'y laisse pas apparaître son vrai visage. Règne absolu des masques. (p. 46)
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A l'instar de ceux qui revendiquent de "débrancher", ceux qui proposent de "ralentir" ne souhaitent pas interrompre le cours de l'Histoire.
Ils sont conscients de l'impossibilité pour l'humanité de faire marche arrière.
Ils ne souhaitent pas renoncer aux progrès réalisés dans le monde moderne.
En revanche, ce qu'ils espèrent ardemment, c'est de préserver une qualité de vie qu'ils estiment menacée par l'accélération.
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Se retirer du jeu social, renoncer à ses prestiges, à ses statuts, à ses règles, à ses cérémonies, compter pour rien ses conventions compassées, cesser de prendre au sérieux sa gravité ridicule, c'est se donner la possibilité de vivre dans le vrai.
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II faudrait reconnaître un jour, et bientôt peut-être, ce qui manque à nos grandes villes : des endroits silencieux, spacieux et vastes pour la méditation, pourvus de hautes et longues galeries pour le mauvais temps et le temps trop ensoleillé, où le bruit des voitures et le cri des marchands ne pénétreraient pas, où une subtile convenance interdirait, même au prêtre, la prière à haute voix : des constructions et des promenades qui exprimeraient, par leur ensemble, ce que la méditation et l'éloignement du monde ont de sublime.
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