Bonjour Federico
Federico je n'ai vu qu'une fois ton visage
Dans un journal à trente centimes d'avant la guerre
De celui-là je ne me souviens guère
Mais ta race éternelle est partout chez moi
Dans le geste obstiné de l'homme qui regarde
Sans cesse vers la mer le même galop blanc
Et sourit en voyant les portes de Grenade
S'ouvrir sur les haillons lumineux d'un enfant
Dans l'éventail de fleurs qui cache dans ses rides
La route et la misère bleue des posadas
Dans les bobines des chemins qui se dévident
Pour tromper la fatigue et la faim du soldat
Dans le ciel mesuré par un chant d'alouette
Dans l'herbe encore humide où demeure le cri
Du premier voyageur du triste véhicule
Qui roule vers le soir sa grossesse d'ennui
Dans l'homme abandonné de l'homme par la crainte
Quand douze fois honteux l'oeil mauvais l'étoila
Dans la grande étendue de plaines et de plaintes
Bonjour Federico Garcia Lorca