Pour l'histoire de l'art, pour la connaissance des usages et des mœurs, pour celle du mobilier et du costume, pour certaines questions iconographiques, les vitraux de Chartres contiennent une foule de renseignements précieux ; mais ce qui fait leur réelle beauté, c'est le spectacle féerique qu'ils offrent à tout instant et en toute saison à ceux qui visitent la cathédrale. Leurs feux étincelants se modifient sans cesse : on dirait que les morceaux de verre, par l'effet de la lumière qui vient du dehors, se transforment tour à tour en autant de rubis, de saphirs et de topazes, au milieu desquels se détachent les grandes figures des fenêtres hautes et les médaillons du vitrage des bas côtés. La variété infinie des tons et des couleurs produit une décoration monumentale, qui est toute à la gloire de nos artistes du XIIIe siècle et qui, par l'éclat, sinon par la facture, l'emporte sur les fresques et même sur les mosaïques des basiliques latines et des églises d'Orient.
Les origines de la cathédrale Je Chartres se confondent avec; celles du culte rendu en celle église à la Vierge Marie, [citronne de la cité. De temps immémorial, la crypte de la basilique a été le centre de ce culte, renommé dans le monde chrétien tout entier. On y venait en foule prier devant une antique statue de la Vierge, placée sur un autel, à coté duquel était un puits, le puits des Saints-Forts, réputé miraculeux. Jusque vers 1650, l'autel, la statue et le puits occupaient un espace restreint sous la voûte d'une excavation, en forme de grotte, pratiquée dans l'une des parois latérales de la crypte.