[…] le sommeil est caractérisé histologiquement par la rétraction des prolongements amiboïdes des neurones, qui paraît due à l’intoxication des cellules nerveuses pendant la veille, comme l’expérience l’a montré, puisqu’en injectant à une personne bien réveillée le sérum d’une personne fatiguée, on a obtenu chez la première le sommeil. On pourra sans doute obtenir l’inverse et empêcher ainsi l’humanité de perdre la plus grande partie de son temps, au moins dans des circonstances et des buts particuliers. Mais à présent on a parfaitement le droit de considérer le sommeil sous son aspect positif, comme Myers, et soutenir que c’est l’état naturel des êtres dont la veille n’est que l’accident.
Nous ne lisons pas, à proprement parler, nous devinons quand nous parcourons des yeux la colonne d’un journal. C’est que la rétine photographie, le nerf optique transmet, le centre visuel enregistre des formes de mots qui vont ébranler subconsciemment les images des mots connus qui ont été, eux, épelés lettre à lettre dans notre enfance. Par eux le jeu des associations se produit, donnant naissance à l’idée consciente. C’est dans la subconscience qu’a lieu la véritable lecture : le siège de la conscience est sous le crible de la mémoire inconsciente. La subconscience est la matrice de l'idée, qui s'exprime par une phrase avant qu'on ait eu le temps de penser à la composer. Ces conceptions du subconscient, si imparfaites qu'elles soient, et probablement si inexactes, permettent de comprendre tant bien que mal, outre les phénomènes ordinaire de la vie mentale, comment la télépathie peut avoir une origine et une manifestation inconsciente et involontaire.
J’entends par subconscience […] la mémoire inconsciente où la volonté et l’attention sont en puissance, chez l’homme normal à l’état de veille, et même en action dans les états anormaux, mais non l’état conscient, par définition.
Je me surprends à fredonner un air de musique quelconque sans aucune raison apparente, alors que ma pensée est occupée à tout autre objet. Tout à coup je m'en étonne ; j'entends précisément quelqu'un qui est passé dans la rue en sifflant le même air. Ou encore un jour, en marchant et réfléchissant profondément à un problème industriel, je me mets à penser au dédoublement de la personnalité et au Dr Azam, l'auteur d'un travail connu sur la question. Étonné de cette idée baroque venant troubler le cours de mes pensées, je recherche ce qui aurait pu me la suggérer. En face de moi se détachait sur un mur en caractère énorme le nom d'Azani, le constructeur connu de moteurs d'aéroplanes. Il s'agit bien entendu d'une association d'idées par ressemblance dont le point de départ (l'inducteur) était resté subconscient. Tout se passerait comme si les impressions sensorielles venaient continuellement se jeter dans un filet tendu par l'attention. Ce filet à mailles plus ou moins serrées ne filtrerait que les impressions qui nous intéressent mais les autres n'en continueraient pas moins à se débattre dans les mailles.
Je ne crois pas qu’il existe de cas de transmission télépathique d’image visuelle à un aveugle-né, n’ayant pas de réserve d’image visuelle.
[…] l’intelligence humaine a des procédés de connaissance autres que les voies sensorielles ordinaires.
[Préface Charles Richet]
La télépathie n’est pas plus compréhensible que la lucidité. L’abîme est tout aussi grand.
[Préface, Charles Richet]
[…] les voyants pensent souvent sans se figurer leur pensée ; par exemple, l’électricité n’évoque qu’une image verbale.
M. Hervieux, de retour à Paris d'un long voyage, se remet à penser aux personnes qu'il y connaissait : "Elles passaient toutes devant mes yeux, avec leur physionomie habituelle, excepté un monsieur d'une cinquantaine d'années qui était pâle et défiguré." Or ce Monsieur était précisément mort ce jour-là.
Selon les théories les plus probables, le sommeil normal serait dû à l’auto-intoxication de cellules nerveuses pendant l’état de veille, troubles causés par les résidus des réactions chimiques productrices du travail musculaire quotidien : « les ponogènes ».