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Citation de enkidu_


— Ah, oui... les « droits inaliénables ». Tous les ans, il se trouve quelqu’un pour citer cette merveilleuse poésie. La vie ? Mais quel droit à la vie a donc un homme qui se noie dans le Pacifique ? L’océan ne réagira pas à ses appels. Quel droit à la vie a un homme qui doit mourir pour sauver ses enfants ? S’il décide de sauver sa propre vie, le fait-il par l’effet de quelque droit ? Si deux hommes sont menacés de mourir de faim et que le cannibalisme soit la seule issue pour l’un d’eux, lequel a plus que l’autre le droit inaliénable de vivre ? Est-ce juste ? Il en est de même pour la liberté. Les héros qui ont signé ce grand document [allusion à la Déclaration d’Indépendance des États-Unis] déclarent acheter cette liberté au prix de leurs vies. La liberté n’est jamais inaliénable. On doit la payer régulièrement, par le sang des patriotes, autrement elle disparaît. De tous les « droits humains naturels » que l’homme a inventés, la liberté est encore celui qui n’est jamais gratuit.

Le troisième « droit » ? La « quête du bonheur » ? Il est certes inaliénable, mais ce n’est pas un droit. C’est une condition, une condition universelle que les tyrans ne peuvent supprimer, que les patriotes ne peuvent restaurer. Vous pouvez me jeter aux oubliettes, me brûler sur un bûcher, me couronner roi des rois, je poursuivrai ma quête du bonheur aussi longtemps que vivra mon cerveau, mais il n’est aucun dieu, aucun saint, aucun sage ni aucune drogue pour m’assurer que je réussirai. (A cet instant, M. Dubois se tourna vers moi :) Je vous ai dit que le terme de « délinquant juvénile » était contradictoire. « Délinquant » signifie « qui a failli à son devoir ». Mais « devoir » est une vertu adulte. C’est justement lorsque l’homme « juvénile » connaît le sens du devoir qu’il devient un homme « adulte ». Il ne peut pas y avoir de « délinquant juvénile ». Pour chaque criminel juvénile, il y avait toujours plus de délinquants adultes, des êtres parvenus à la maturité qui n’avaient jamais eu connaissance de leur devoir ou qui l’avaient renié.

Et c’est là le point faible qui a détruit cette société qui, par bien d’autres aspects, était admirable. Les jeunes voyous qui rôdaient dans les villes de cette époque étaient les signes avant-coureurs d’une maladie plus grave. Les citoyens de cette société glorifiaient la mythologie des « droits »... mais ils avaient perdu le sens de leur devoir. Aucune nation ne saurait survivre ainsi. (chap. viii)
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