Robert Aron

Une histoire de Vichy abondamment documentée et qui cependant m'a dérangé à maintes reprises::::

Certes Robert Aron s'interroge : “Est-Il possible de dresser le bilan du gouvernement de Vichy ?” et y répond avec justesse :

“ L'entreprise serait tentante, mais à voir les choses objectivement; elle apparaît difficile et, en tout cas prématurée “.

Je pense que la sortie de ce livre en 1954, soit peu de temps après ces événements était prématurée également !

Je me suis hérissé quand l'auteur me paraissait trop clément envers le maréchal et surtout envers Bousquet !

Écrire l'histoire nécessite du recul vis-à-via des événements, et ici ce recul manque: Mon professeur d'histoire à l'université marquait beaucoup de dédain pour Robert Aron, alors véritable star des plateaux télévisés, je m'en suis souvenu en écrivant ce petit billet.

Attention toutefois; il n'est pas impossible que je manque également de ce recul nécessaire mais à tout le moins je n'ai pas vécu ces événements...

"Robert Aron développera dans son Histoire de Vichy, la thèse du «bouclier» et de l'«épée». Son Histoire de Vichy, s'est fondée avant tout sur une grande quantité de témoignages et sur les comptes rendus des procès de Haute Cour et autres archives. Mais ses sources ont toujours le défaut majeur de leur qualité d'«inédit» : elles ont été longtemps incontrôlables, faute pour d'autres d'y avoir accès. Enorme synthèse de plus de 700 pages, l' Histoire de Vichy décrit, presque au jour le jour, l'évolution de l'Etat français. D'où son caractère de référence pendant une période de plus de quinze ans. Ecrite dans un contexte encore peu propice à la distance académique, imprégné par la vision des témoins, essentiellement d'anciens ministres ou proches du gouvernement, elle a proposé une version «minimaliste» du régime et de sa politique. La thèse défendue se résume en une position simple : il existe deux Vichy, celui de Pétain et celui de Laval. L'un des faits les plus marquant et le compte rendu que fait l'auteur sur Montoire des 22 et 24 octobre 1940, loin d'y voir le point de départ de la collaboration d'Etat (un fait admis aujourd'hui par la plupart des historiens, et confirmé par les archives de Vichy), il distingue soigneusement le chef de l'Etat du chef de gouvernement: "Pour le Maréchal, l'armistice n'était, ne pouvait être qu'une pause... Alors que pour Laval, au contraire, l'armistice devait permettre un retournement des alliances. Pour R.Aron la collaboration n'est qu'un «malentendu». «Equivoque», le régime l'est plus dans ses déclarations officielles que dans les faits - «Mais les Français ne pouvaient pas le savoir». Robert Aron insistant sur les «négociations clandestines» avec les Alliés, développant la thèse double-jeu.

Une véritable travail d'historien : des faits, encore des faits, rien que des faits !

Robert Aron livre un récit passionnant d'événements de la seconde guerre mondiale ou légèrement postérieurs sans jamais essayer de donner à ses récits le moindre commentaire pouvant influencer le lecteur dans sa compréhension des événements.

Passionnant !

Peu de période sont aussi sujet de controverses que ces années de l'Occupation et de la Libération. Dans cet épais volume Aron suit pas à pas les progrès des alliés et le reflux de l'armée allemande. Un travail de bénédictin étayé de témoignages . Cependant comme dans tous ses livres sur cette période Aron laisse paraître ses options politiques et idéologiques . Son travail est donc à rapprocher de ceux d'autres historiens.