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Citation de HenryWar


De quelque part au-dessus d’eux leur parvenait un sifflement, étrange et mélodieux…
Griswell perdit tout contrôle, son cerveau plongeant dans des ténèbres encore plus épaisses que les ténèbres physiques qui l’enveloppaient. Il y eut un moment de vide absolu. La sensation de mouvement fut le premier signe lui indiquant qu’il revenait peu à peu à un état de conscience. Il courait, éperdument, trébuchant sur une route indescriptiblement chaotique. Autour de lui, tout n’était que ténèbres, et il courait en aveugle. Il se rendit vaguement compte qu’il avait dû s’enfuir de la maison et courir sur des miles avant que son cerveau poussé à bout se remette à fonctionner. Il s’en moquait. Mourir au bout d’une corde pour un meurtre qu’il n’avait pas commis ne le terrifiait ne serait-ce qu’à moitié autant que l’idée de retourner dans cette maison de l’horreur. Il était dominé par le besoin impérieux de courir, encore et encore, comme il le faisait en ce moment même, aveuglément, jusqu’à ce qu’il arrive au bout de son endurance. Les brumes ne s’étaient pas encore totalement dissipées de son cerveau, mais il parvint tout de même à s’étonner de ne pas voir les étoiles à travers les branches noires. Il se dit vaguement qu’il devait être en train de gravir une colline, ce qui était étrange, car il savait qu’il n’y avait pas de collines à des miles à la ronde autour du manoir. C’est alors qu’au-dessus et devant lui apparut une faible lueur.
Il se dirigea tant bien que mal vers celle-ci, escaladant des sortes de corniches qui peu à peu commencèrent à manifester une inquiétante symétrie. C’est alors qu’il fut frappé de terreur en se rendant compte qu’un bruit résonnait à ses oreilles… Un étrange sifflement moqueur. Ce bruit chassa les brumes de son esprit. Qu’était-ce donc ? Où était-il ? Son réveil et sa prise de conscience furent stupéfiants, s’abattant sur lui tel un merlin de boucher. Il ne courait pas sur une route, et ce qu’il gravissait n’était pas une colline mais des marches. Il était toujours dans le manoir des Blasseville ! Et c’était vers le haut de l’escaler qu’il montait !
Un cri inhumain jaillit d’entre ses lèvres. Couvrant celui-ci, le sifflement démentiel s’éleva et se transforma en un macabre couinement suraigu, exprimant un triomphe démoniaque. Il tenta de s’immobiliser, de rebrousser chemin, même de se jeter par-dessus la balustrade. Son hurlement résonna d’une intolérable façon à ses propres oreilles. Mais son contrôle de lui-même avait volé en éclats. Il n’existait pas. Il n’avait aucune volonté. Il avait laissé tomber sa lampe torche et avait oublié l’arme dans sa poche. Il ne pouvait pas commander à son propre corps. Ses jambes fonctionnaient avec des mouvements raides, tels les rouages d’une machine, indépendamment de son cerveau, obéissant à une volonté extérieure. Maladroitement mais méthodiquement, elles portaient Griswell, qui ne cessait de hurler, vers le haut des marches, vers la lueur surnaturelle qui scintillait au-dessus de lui.
— Buckner ! hurla-t-il. Buckner ! À l’aide, pour l’amour de Dieu !
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