AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Robert Hoozee (3)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
L'univers de George Minne & Maurice Maeterl..

Il y a quelque chose qu'il faut que vous sachiez avant de lire la suite de cette critique : je confondais le sculpteur, dessinateur et graveur George Minne avec le sculpteur Constantin Meunier jusqu'au moment où j'ai ouvert le livre dont je vais parler. Minne et Meunier, qui sont deux sculpteurs belges du XIXème, certes, mais pas tout à fait de la même époque et qui n'ont pas grand-chose en commun dans le style, Meunier étant réaliste, et Minne symboliste et expressionniste. Autant dire que j'ai beaucoup appris avec ce catalogue d'exposition. Exposition montée à l'occasion de... euh... allons bon, j'ai oublié, mais c'est en rapport avec Maeterlinck. Un moment que je vérifie... Oh, je suis impardonnable ! Mais oui, c'est à l'occasion du centenaire du Nobel de littérature attribué à Maeterlinck que l'exposition a été montée en 2011 à Gand (Gent), ville natale des deux artistes.





J'ai rarement... non, en fait je n'avais jamais lu un catalogue d'exposition qui soit aussi cohérent dans sa composition. En général, pour un catalogue d'expo, des essais sont commandés sur tel ou tel sujet à tel ou tel contributeur, contributeurs qui travaillent chacun de leur côté et, par conséquent, écrivent des textes qui se recoupent et donnent un effet un peu, voire pas mal répétitif à l'ensemble. Ca vaut en tout cas pour ce qui se fait en France, car j'avais déjà eu l'occasion de remarquer que les catalogues ne se conçoivent pas toujours tout à fait de la même manière en Belgique (sans compter qu'on est moins lèche-bottes dans les catalogues belges). Mais là, c'est vraiment le parfait exemple d'un ensemble de textes qui se suivent et se répondent les uns aux autres de manière à ce que le lecteur suive un chemin d'une implacable logique.





Ainsi, deux essais sont consacrés aux années gantoises (donc de jeunesse) de Maeterlinck et Minne, puis au rapport du texte de théâtre (et un peu de poésie, mais beaucoup moins) de Maeterlinck avec l'illustration et, de façon plus large, avec le travail du livre, rapports typiques du symbolisme et de l'Art Nouveau (on est complètement dans la notion d'art total). Et cette réflexion sur une facette de l'art total est complétée par l'essai qui suit et qui aborde les mises en scène des pièces de Maeterlinck, auxquelles les Nabis contribuèrent (encore une chose que j'ignorais!) Et tout naturellement, on en vient au symbolisme de Maeterlinck et Minne, à leur univers, à leurs liens et à la synergie du mouvement (si mouvement il y a) symboliste. Ces quatre essais font la part belle à Maeterlinck, ne nous le cachons pas. le suivant est exclusivement centré sur George Minne et son influence sur les artistes allemands, et le dernier essai sur l'influence de Maeterlinck et Minne sur la Sécession viennoise, ainsi que des peintres comme Schiele et Kokoschka.





Ca peut paraître opportuniste de la part du Museum voor Schone Kunsten de Gand/Gent d'avoir profité de ce centenaire, et d'avoir poussé Minne l'air de rien sur le devant de la scène. le fait est que, si Maeterlinck est tout de même le "héros" du catalogue, Minne et lui se sont connus, ont été amis (enfin, ils se promenaient régulièrement ensemble sans parler, je n'en sais pas beaucoup plus sur ce point) et ont surtout collaboré sur les éditions des pièces de Maeterlinck - d'ailleurs, c'est en lisant ce catalogue qu'on comprend comment en a été conçue la couverture : elle est calquée sur certaines éditions de Maeterlinck illustrées par Minne. Et il va de soi que les deux hommes ont évolué, tout en étant de conditions sociales et de caractères très différents, dans le cercle du symbolisme belge et international, bien que Maeterlinck ait été beaucoup plus consacré hors de Belgique que Minne. Quant à l'analyse de leurs oeuvres respectifs, elle est très bien menée.





Un petit souci, cependant : il semble que les auteurs des essais soient des experts de l'histoire de l'art avant toute chose, et, si l'univers de Maeterlinck est très bien décrit, on s'aperçoit que quelques erreurs apparaissent ici ou là. Ainsi, on nous parle du "conte" des Sept Princesses, qui est en réalité une pièce de Maeterlinck, certes utilisant les codes du conte, mais qu'on ne peut certainement pas qualifier de conte en tant que genre littéraire. Plus embêtant, la question des marionnettes : il est dit dans ce catalogue que Maeterlinck avait conçu trois pièces pour marionnettes. Il s'agit d'Alladine et Palomides, d'Intérieur et de la Mort de Tintagiles. Or, si ces pièces furent regroupées dans un recueil intitulé Trois petites pièces pour marionnettes, Maeterlinck n'a jamais imaginé de les faire jouer avec des marionnettes ; c'est bien simple, il n'avait pas prévu qu'elles soient jouées du tout ! Et surtout, surtout, ce qu'entend Maeterlinck par "marionnette" (je crois que j'en avais parlé dans ma critique de la Mort de Tintagiles), c'est une manière de concevoir l'acteur, tel une coquille vide qui n'apporte rien de personnel ni de psychologique au personnage qu'il interprète - c'est valable pour tout le premier théâtre de Maeterlinck. Je comprends bien qu'on puisse facilement tomber dans ce genre de confusion lorsqu'on n'est pas spécialiste du théâtre de Maeterlinck, mais le minimum syndical est dans ce cas de faire relire son essai, justement, par un spécialiste de Maeterlinck. Il n'est pas normal qu'un simple lecteur relève aussi facilement l'erreur.





À l'inverse, on trouve des précisions sur le projet de collaboration entre Maeterlinck et Degouve de Nuncques, projet qui n'a jamais abouti, alors que tout ce que j'avais lu jusqu'à présent laissait penser le contraire ; peut-être un certain flou flottait-il dans les autres textes que j'avais lus sur le sujet et m'avaient amenée à des élucubrations, mais au moins, les choses ici sont claires. Et je tiens à noter qu'on découvre par le truchement de ce catalogue d'autres artistes que Minne qui ont illustré Maeterlinck, en particulier Charles Doudelet (encore une nouveauté pour moi !)





Un ouvrage très intéressant, qui ne nous submerge pas sous trop d'essais, ni sous des textes trop longs, ni sous trop d'érudition (je pense aux catalogues du Louvre dont certains textes sont parfois assez décourageants), avec beaucoup de reproductions, et qui fait, comme l'annonce le titre, découvrir ou redécouvrir tout un univers. Dommage pour le coup des marionnettes !





(Ah ! Et j'ai appris ce qu'était un cul-de-lampe !)


Lien : https://musardises-en-depit-..
Commenter  J’apprécie          284
Léon Spilliaert un esprit libre

Un artiste à la créativité sans bornes. J'apprécie la quasi-totalité de ses œuvres au fil des périodes. Des paysages extraordinaires, épurés, des marines époustouflantes, des autoportraits saisissants, des silhouettes solitaires; l'ensemble très expressif, réalisé avec peu de couleurs, des contrastes forts entre, peu de couleurs et beaucoup de travail sur le noir...De nombreuses œuvres très travaillées , avec de la craie noire,blanche et l'encre de chine...



En tant qu'amoureuse des Livres, et ayant travaillé en librairie ancienne,

j'ai eu le grand plaisir de découvrir cet artiste sous une autre facette: celle d'illustrateur, entres autres d'Emile Verhaeren et de Maurice Maeterlinck. Spilliaert sollicita un jour un éditeur bruxellois de renom, Edmond Deman, réalisateur d'éditions bibliophiliques de haut niveau, qui l'embaucha en février 1903.

"Au service de Deman, Spilliaert a tout loisir de découvrir et d'admirer des œuvres de qualité exceptionnelle telles -Le Christ- et -Le Barde- de Redon, -Femme au canapé- et -La Toilette- de Rops, ainsi que des créations de James Ensor, Fernand Khnopff, Théo Van Rysselberghe, Henri de Groux et Constantin Meunier. Il aura bien sûr l'occasion de côtoyer les artistes et d'échanger des propos avec les auteurs qui fréquentent la famille Deman. L'éditeur est un soutien unique dans la carrière de Spilliaert. Il reconnaît ses capacités artistiques en acquérant plusieurs dessins pour sa collection et l'encourage à expérimenter de nouvelles solutions esthétiques à travers l'illustration. " (cf. Anne Adriaens-Pannier, p.17 "Regards croisé sur la littérature...")



" Présenté comme un "artiste de son temps" par la littérature spécialisée, Léon Spilliaert semble tiraillé entre le symbolisme et l'expressionnisme. Ses premières œuvres exhalaient la mélancolie parfois affectée de la fin du XIXe siècle (...)

Spilliaert se distingue également par ses marines et ses vues de digues, dont les meilleures comptent parmi les images les plus puissantes jamais réalisées de notre côte et de notre mer. " (Bernard Dewulf, "Spilliaert contre Spilliaert, p.131)

Des œuvres flamboyantes mais également ténébreuses qui entourent l'œuvre et l'homme d' une atmosphère mystérieuse et énigmatique...
Commenter  J’apprécie          270
Léon Spilliaert un esprit libre

Un de mes peintres préférés, peut-être LE préféré...



D'abord parce que nous avons joué longtemps à cache-cache tous les deux!



Découvert il y a bien longtemps, à Paris, lors d'une exposition consacrée aux symbolistes et surréalistes belges, au Grand Palais: je tombe sous le choc de quelques tableaux d'une modernité incroyable- des baigneuses en peignoirs blancs agités dans le vent- presque abstraites- des digues floutées de brume, un Kursaal d'Ostende à la Harry Kummel....



Retrouvé quelques années plus tard, dans le petit musée provincial d'Ostende, sa ville natale. Il n'est pas encore sorti du placard: le musée plein de poussière, conserve pieusement presque toutes les toiles de l'enfant du pays... et je découvre avec ravissement ses pastels et ses encres, d'une magnifique fluidité, subtiles, inquiétantes aussi..



Acte III: le musée de la SEITA à Paris fait un hommage appuyé mais encore confidentiel à ce peintre des fumées et fumerolles...Encore des encres prodigieuses...je deviens addict!



Acte IV: une grande rétrospective lui est enfin consacrée au Grand palais en 1981. Le grand public parisien le découvre enfin...



Acte V: le musée des Beaux-Arts de Bruxelles fait en 2006-2007 une vaste rétrospective de Spilliaert...les toiles ostendaises trouvent enfin des cimaises mieux éclairées... C'est la gloire ! Cartes postales, posters, Spilliaert est partout!



"Un esprit libre"...tel est le sous titre du livre-catalogue édité à cette dernière rétrospective. Un sous-titre bien mérité: Spilliaert ne suit vraiment aucune école, ou plutôt il fait son miel de toutes, il butine, il trace sa propre route...



Ce nietzschéen qui n'a pas peur de se confronter au néant et à la mort dans une série d'autoportraits qui sont autant de face-à face cruels, est aussi un ami et un fin connaisseur des poètes Maeterlinck et Verhaeren dont il illustre les œuvres.



Il prend à la photographie naissante son art du cadrage, à la gravure son goût des contrastes noir et blanc, au pastel ses couleurs lumineuses et son art de l'estompe, à l'encre enfin ses transparences et ses dégradés subtils. Il dessine, il sculpte plus qu'il ne peint. Peu d'huiles, et peu de grands formats...



Spilliaert traque le bizarre dans les petites choses, cherche le rêve dans l'ouverture des lucarnes, capte le mouvement dans des perspectives cinématographiques et fixe le vertige dans le tournoiement des lignes et des reflets...



Un émerveillement sans cesse renouvelé pour nous et une quête rigoureuse, ascétique pour lui, qui revient sur ses thèmes avec obstination, sans jamais les épuiser..
Commenter  J’apprécie          140


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Robert Hoozee (9)Voir plus

Quiz Voir plus

Cendrillon (pièce de théâtre de Joël Pommerat)

Dans quel type de maison habitent la belle-mère de Sandra et ses deux filles ?

Une maison en acier
Une maison en bois
Une maison en paille
Une maison en verre

12 questions
103 lecteurs ont répondu
Thème : Cendrillon de Joël PommeratCréer un quiz sur cet auteur

{* *}