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EAN : 9789061533566
254 pages
Fonds Mercator (18/12/2011)
3.75/5   2 notes
Résumé :
L'année 2011 commémore l'octroi du Prix Nobel de la Littérature à Maurice Maeterlinck le 22 octobre 1911. A cette occasion, le Musée des Beaux-arts de Gand, sa ville natale, organise une exposition intitulée « L'univers de George Minne et de Maurice Maeterlinck ». George Minne et Maurice Maeterlinck étaient des « esprits symétriques » considérés à leur époque comme des innovateurs au sein du monde artistique international. La publication qui accompagne cet évènement... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il y a quelque chose qu'il faut que vous sachiez avant de lire la suite de cette critique : je confondais le sculpteur, dessinateur et graveur George Minne avec le sculpteur Constantin Meunier jusqu'au moment où j'ai ouvert le livre dont je vais parler. Minne et Meunier, qui sont deux sculpteurs belges du XIXème, certes, mais pas tout à fait de la même époque et qui n'ont pas grand-chose en commun dans le style, Meunier étant réaliste, et Minne symboliste et expressionniste. Autant dire que j'ai beaucoup appris avec ce catalogue d'exposition. Exposition montée à l'occasion de... euh... allons bon, j'ai oublié, mais c'est en rapport avec Maeterlinck. Un moment que je vérifie... Oh, je suis impardonnable ! Mais oui, c'est à l'occasion du centenaire du Nobel de littérature attribué à Maeterlinck que l'exposition a été montée en 2011 à Gand (Gent), ville natale des deux artistes.


J'ai rarement... non, en fait je n'avais jamais lu un catalogue d'exposition qui soit aussi cohérent dans sa composition. En général, pour un catalogue d'expo, des essais sont commandés sur tel ou tel sujet à tel ou tel contributeur, contributeurs qui travaillent chacun de leur côté et, par conséquent, écrivent des textes qui se recoupent et donnent un effet un peu, voire pas mal répétitif à l'ensemble. Ca vaut en tout cas pour ce qui se fait en France, car j'avais déjà eu l'occasion de remarquer que les catalogues ne se conçoivent pas toujours tout à fait de la même manière en Belgique (sans compter qu'on est moins lèche-bottes dans les catalogues belges). Mais là, c'est vraiment le parfait exemple d'un ensemble de textes qui se suivent et se répondent les uns aux autres de manière à ce que le lecteur suive un chemin d'une implacable logique.


Ainsi, deux essais sont consacrés aux années gantoises (donc de jeunesse) de Maeterlinck et Minne, puis au rapport du texte de théâtre (et un peu de poésie, mais beaucoup moins) de Maeterlinck avec l'illustration et, de façon plus large, avec le travail du livre, rapports typiques du symbolisme et de l'Art Nouveau (on est complètement dans la notion d'art total). Et cette réflexion sur une facette de l'art total est complétée par l'essai qui suit et qui aborde les mises en scène des pièces de Maeterlinck, auxquelles les Nabis contribuèrent (encore une chose que j'ignorais!) Et tout naturellement, on en vient au symbolisme de Maeterlinck et Minne, à leur univers, à leurs liens et à la synergie du mouvement (si mouvement il y a) symboliste. Ces quatre essais font la part belle à Maeterlinck, ne nous le cachons pas. le suivant est exclusivement centré sur George Minne et son influence sur les artistes allemands, et le dernier essai sur l'influence de Maeterlinck et Minne sur la Sécession viennoise, ainsi que des peintres comme Schiele et Kokoschka.


Ca peut paraître opportuniste de la part du Museum voor Schone Kunsten de Gand/Gent d'avoir profité de ce centenaire, et d'avoir poussé Minne l'air de rien sur le devant de la scène. le fait est que, si Maeterlinck est tout de même le "héros" du catalogue, Minne et lui se sont connus, ont été amis (enfin, ils se promenaient régulièrement ensemble sans parler, je n'en sais pas beaucoup plus sur ce point) et ont surtout collaboré sur les éditions des pièces de Maeterlinck - d'ailleurs, c'est en lisant ce catalogue qu'on comprend comment en a été conçue la couverture : elle est calquée sur certaines éditions de Maeterlinck illustrées par Minne. Et il va de soi que les deux hommes ont évolué, tout en étant de conditions sociales et de caractères très différents, dans le cercle du symbolisme belge et international, bien que Maeterlinck ait été beaucoup plus consacré hors de Belgique que Minne. Quant à l'analyse de leurs oeuvres respectifs, elle est très bien menée.


Un petit souci, cependant : il semble que les auteurs des essais soient des experts de l'histoire de l'art avant toute chose, et, si l'univers de Maeterlinck est très bien décrit, on s'aperçoit que quelques erreurs apparaissent ici ou là. Ainsi, on nous parle du "conte" des Sept Princesses, qui est en réalité une pièce de Maeterlinck, certes utilisant les codes du conte, mais qu'on ne peut certainement pas qualifier de conte en tant que genre littéraire. Plus embêtant, la question des marionnettes : il est dit dans ce catalogue que Maeterlinck avait conçu trois pièces pour marionnettes. Il s'agit d'Alladine et Palomides, d'Intérieur et de la Mort de Tintagiles. Or, si ces pièces furent regroupées dans un recueil intitulé Trois petites pièces pour marionnettes, Maeterlinck n'a jamais imaginé de les faire jouer avec des marionnettes ; c'est bien simple, il n'avait pas prévu qu'elles soient jouées du tout ! Et surtout, surtout, ce qu'entend Maeterlinck par "marionnette" (je crois que j'en avais parlé dans ma critique de la Mort de Tintagiles), c'est une manière de concevoir l'acteur, tel une coquille vide qui n'apporte rien de personnel ni de psychologique au personnage qu'il interprète - c'est valable pour tout le premier théâtre de Maeterlinck. Je comprends bien qu'on puisse facilement tomber dans ce genre de confusion lorsqu'on n'est pas spécialiste du théâtre de Maeterlinck, mais le minimum syndical est dans ce cas de faire relire son essai, justement, par un spécialiste de Maeterlinck. Il n'est pas normal qu'un simple lecteur relève aussi facilement l'erreur.


À l'inverse, on trouve des précisions sur le projet de collaboration entre Maeterlinck et Degouve de Nuncques, projet qui n'a jamais abouti, alors que tout ce que j'avais lu jusqu'à présent laissait penser le contraire ; peut-être un certain flou flottait-il dans les autres textes que j'avais lus sur le sujet et m'avaient amenée à des élucubrations, mais au moins, les choses ici sont claires. Et je tiens à noter qu'on découvre par le truchement de ce catalogue d'autres artistes que Minne qui ont illustré Maeterlinck, en particulier Charles Doudelet (encore une nouveauté pour moi !)


Un ouvrage très intéressant, qui ne nous submerge pas sous trop d'essais, ni sous des textes trop longs, ni sous trop d'érudition (je pense aux catalogues du Louvre dont certains textes sont parfois assez décourageants), avec beaucoup de reproductions, et qui fait, comme l'annonce le titre, découvrir ou redécouvrir tout un univers. Dommage pour le coup des marionnettes !


(Ah ! Et j'ai appris ce qu'était un cul-de-lampe !)

Lien : https://musardises-en-depit-..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Maurice Maeterlinck, qui se détournait du réalisme et du naturalisme, mit en scène dans son "premier théâtre" une pièce symboliste qui devait son originalité à une combinaison de simplicité et de suggestivité. L'écrivain y partait en quête de l'«au-delà», de la vérité qui se trouve derrière le visible. Maeterlinck prenait donc pour point de départ une réalité quotidienne - le «tragique quotidien», comme il le formulait dans Le Trésor des humbles - et la plaçait dans un contexte historique ou légendaire. Les personnages de ses pièces étaient souvent mus par des intuitions. Maeterlinck les soumettait à des forces mystérieuses comme la mort, l'amour, la perte ou le destin. Le mystère ne pouvant pas être directement décrit, ces forces ne sont ni visibles, ni palpables. Leur intervention et leur influence ne peuvent qu'être suggérées par des symboles et des images. Maeterlinck utilisait à cette fin des motifs comme la forêt, la fontaine, la tour, l'eau, le son d'un oiseau ou une couleur.
Pour étayer l'évocation du mystère, Maeterlinck ne donnait à ses personnages qu'une expression corporelle minimale, statique. Il ne souhaitait pas mettre en scène des individus au profil psychologique bien défini ; ses personnages devaient être le reflet de l'essence humaine. Il utilisait pour cela une technique de dialogues qui faisait appel à des procédés établis comme les exclamations, les «oh !» et les «ah !», les phrases répétitives, les longs silences et un jeu de questions et réponses. Le mystère se dissimulait également derrière les mots.
Il semble donc à première vue très difficile de mettre en scène des pièces de théâtre de Maeterlinck.


Maurice Maeterlinck sur la scène à Paris.
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Le décor de cette amitié est un milieu urbain en pleine mutation. L'industrialisation, avec l'augmentation de la population ouvrière et les troubles sociaux qui en découlent, mais aussi les travaux d'embellissement urbain et l'aménagement de nouveaux quartiers modifient l'aspect de la vieille ville. Plusieurs auteurs ont décrit le climat sombre de la vieille ville intérieure, avec ses cours d'eau pollués, ses bâtiments trapus mais aussi ses contradictions sociales, comme l'environnement qui a déterminé l'ambiance mélancolique du symbolisme gantois. Cette atmosphère pesante a chassé de nombreux jeunes artistes, comme Minne et Maeterlinck, vers la capitale ou vers l'étranger. Il est frappant malgré tout que ce soit précisément dans cette ville que "les contraintes de ce temps" aient "éveillé tant d'esprits et de talents", grâce auxquels Gand va jouer un rôle important dans la littérature et les arts plastiques de cette époque.


George Minne et Maurice Maeterlinck, les années gantoises
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