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Citation de lenngeos


Je haïssais le Groll toujours autant. Cependant je le pris délicatement. Il continuait à vibrer d'excitation. Je commençai à caresser sa peau ridée. Ensuite je lui chantai doucement :
– Dors bien, mon bébé. Dors bien, mon Groll chéri. Passe une bonne nuit. Là, là…
– Cat, tu m'inquiètes, grogna Daniel. Arrête, tu veux. Va t'allonger…
Sans rien écouter, je continuai à chantonner de ma voix la plus câline.
– À quoi est-ce qu'elle joue ? demanda Daniel à Carlo. Tu y comprends quelque chose ?
Carlo fit non de la tête. De mon côté, je ne prêtais aucune attention à eux. J'étais bien trop occupée. Et je devais me concentrer.
Je me forçais à bercer le Groll avec amour, tendrement. Je le berçais dans mes bras… comme je l'aurais fait pour un chiot.
Je lui soufflai :
– Petit Groll, mon petit Groll. Tu es si gentil, si merveilleux.
Je t'aime, mon Groll.
– Arrête, supplia Daniel. Tu me rends malade. Tu deviens vraiment folle !
– Comment peux-tu caresser cette horrible chose ? s'indigna Carlo. C'est infect.
– Mon Groll adorable…, murmerai-je.
« Si ça ne marche pas, alors, il n'y aura plus rien à faire » me dis-je.
J'appelle les parents, menaça Daniel en se dirigeant vers
la porte de la cuisine.
– Chut, ordonnai-je en mettant un doigt sur mes lèvres.
Et je leur montrai le Groll que je continuais à cajoler :
– Regardez, les gars !
Les vibrations ralentissaient. Incroyable ! Sa couleur s'estompa. De rouge il passa au rose. Ensuite, au marron sale.
– Oh ! s'ébahit Daniel.
– Ne le quittez pas des yeux, conseillai-je en poursuivant ma berceuse.
Le Groll poussa une sorte de soupir et il rétrécit. Il devint tout sec. Ses yeux se fermèrent et se recouvrirent d'épaisses paupières.
– Il… il est de plus en plus faible, Cat, murmura Daniel, tout excité.
– Regarde, mais regarde ! insistai-je.
Et je me remis à parler :
– Quel gentil petit Groll. Je t'aime beaucoup mon bébé…
Et je continuai à le dorloter.
Sa respiration ralentit… ralentit… et s'arrêta.
Le Groll reposait dans ma paume, sans vie. Plus un son. Plus une vibration… Plus rien.
– Maintenant, le bouquet final, annonçai-je fièrement.

p. 113 (Éditions Bayard, 1996)
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