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Citation de Charybde2


Le taxi attendait le long du trottoir, portière entrouverte. Le Calabrais s’installa sur la banquette arrière et entreprit de retirer lentement ses gants de latex, doigt après doigt. Le chauffeur, un jeune Corse au nez méchamment cassé, conduisit d’abord lentement le long de la rue encore déserte afin de ne pas attirer l’attention, puis accéléra et prit un grand boulevard pour foncer vers Civitavecchia, le port de Rome sur la mer Tyrrhénienne, à trente-cinq minutes de trajet. Là, dans un entrepôt situé sur les quais, à un jet de pierre du Vladimir Ilitch, cargo russe qui devait appareiller avec la marée du matin, le Calabrais avait rendez-vous avec son contrôleur, un homme sec à la barbe blanche hirsute et aux yeux pensifs, connu sous le nom de Starik. Il lui rendrait alors tout le matériel de l’assassinat – les gants, le crochet à serrure, le boîtier à seringue, le gobelet contenant les dernières gouttes de lait drogué, et même la fiole vide – et lui remettrait le dossier portant la mention KHOLSTOMER. Il recevrait en échange le sac contenant une rançon de roi, 1 million de dollars en billets usagés de valeurs diverses ; un salaire tout à fait convenable pour un quart d’heure de travail. Quand les premières lueurs de l’aube teinteraient le ciel à l’est, quand la sœur des Servantes de Jésus Crucifié (émergeant d’un sommeil trop lourd) découvrirait Albino Luciani mort dans son lit, victime d’une crise cardiaque, le Calabrais embarquerait sur le petit bateau de pêche amarré qui l’emporterait en deux jours vers l’exil des plages de Palerme inondées de soleil.
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