AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782020633635
1248 pages
Seuil (27/05/2004)
4.44/5   428 notes
Résumé :
Dans ce redoutable thriller politique, Robert Littell restitue un demi-siècle de notre histoire. Entre fiction et réalité, personnages fictifs et figures historiques (Kennedy, Eltsine, mais aussi Ben Laden), il dévoile les mécanismes et les dérapages de l'une des organisations les plus tristement célèbres au monde, la CIA.

Un roman d'espionnage magistralement orchestré, qui place Littell aux côtés des maîtres du genre, John Le Carré en tête.
Que lire après La compagnieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
4,44

sur 428 notes
5
21 avis
4
16 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis
« Le grand roman de la CIA » sous-titre la version poche J'ai lu. Et oui, c'est bien le cas. Ou comment raconter l'histoire des Etats-Unis durant la guerre froide ( de 1950 à 1991 ) à travers les destins croisés d'agents russes et américains, et plus particulièrement à travers la lentille noire de la CIA.

Cela démarre pieds au plancher en 1950 dans la base américaine de la CIA à Berlin-Ouest. L'agent Torriti, dit le Sorcier, et l'agent McAuliffe, fraîchement nommé, doivent exfiltrer un espion du KGB. L'opération est délicate car il faut s'assurer qu'il ne joue pas double-jeu. D'autant qu'il promet de révéler l'identité d'une taupe du KGB s'il passe à l'Ouest. Dialogues vifs, récit dense, rythme effréné immerge totalement le lecteur d'emblée, et ce sans faiblir sur près de 1200 pages, un exploit ! On suit ainsi plusieurs décennies d'espionnage et contre-espionnage, d'infiltrations / exfiltrations avec un intérêt constant.

Forcément, même en 1200 pages, toute la guerre froide ne peut pas être traitée, la guerre du Vietnam est ainsi juste évoquée. Robert Littell assume de choisir seulement quelques jalons historiques forts : la répression de la révolution hongroise de 1956 menée à Budapest par Imre Nagy, la tentative ratée d'invasion de Cuba par des exilés cubains débarqués à la baie des cochons avec le soutien américain en 1961, l'enlisement de l'armée soviétique lors de la guerre d'Afghanistan qui se conclut par une victoire des moudjahidines en 1989, et enfin la chute de l'URSS ; et enfin la tentative de coup d'état contre Gorbatchev en 1991 qui accélère la dislocation de l'URSS et la montée d'Eltsine. Robert Littell est particulièrement convaincant sur les épisodes hongrois et cubain.

Pour guider le lecteur dans la vastitude de cette période, Robert Littell propose un fil conducteur : la traque plusieurs taupes soviétiques qui se cachent parmi des membres importants de la CIA ou du MI6 britannique. Les personnages foisonnent mais quelques uns sont récurrents et c'est à eux qu'on s'accroche pour traverser les quatre décennies explorées. Si j'ai trouvé certains jeunes agents américains assez interchangeables, si le personnage du maître espion soviétique est quelque peu caricatural ( pédophile et antisémite ), celui du directeur du contre-espionnage de la CIA, James Angleton, est le plus intéressant, Cassandre paranoïaque voyant des agents doubles, rongé par une folie obsessionnelle qui le fait basculer à titre personnel et plonge son agence dans un climat délétère.

En fait, ce qu'il y a de très impressionnant dans ce roman, c'est son exceptionnel brouillage entre réalité et fiction, faisant interagir personnages fictifs et personnages réels avec une fluidité confondante, notamment chez les espions. Par exemple, peu connu chez nous, James Angleton a réellement existé et a inspiré de nombreuses oeuvres de fiction. Il est plus facile de repérer les grandes figures politiques comme le président américain Ronald Reagan, dont l'intervention en pleine guerre d'Afghanistan est décrite de façon très savoureuse et comique.

Tout est incroyablement dense dans ce tentaculaire récit à la narration ultra détaillée, et, même si c'est plus facile d'avoir des connaissances géopolitiques sur la guerre froide, le lecteur ne s'enlise pas. le scénario, parfaitement planifié, trace brillamment un chemin dans la complexité spatio-temporelle de la période.



Commenter  J’apprécie          1025
Un peu à la manière de Ken Follett ou des très bons romans historiques, La Compagnie mêle réalité de la Guerre Froide et fiction. Une mayonnaise qui prend bien, trop bien même parfois, au point qu'on ne fasse pas toujours bien la différence entre les deux !

Si j'ai été gênée qu'il n'y ait pas de postface distinguant l'avéré de l'imaginaire, les deux aspects m'ont séduite : quel bonheur de parcourir le Rideau de Fer au fil d'aventures palpitantes, de Berlin à Cuba en passant par Israël, Budapest et bien sûr Langley ! Quel plaisir de suivre ces tribus d'espions inventés dans leurs missions bien réelles d'infiltrations, d'exfiltrations, de renseignements ou d'assassinats !

Avec ses 1200 pages, ce livre porte bien son nom de grand roman. Pourtant, je n'ai eu aucun mal à le dévorer en un weekend, tant j'étais emballée par l'histoire et L Histoire. J'ai même bien apprécié les passages en URSS, jugés parfois caricaturaux par d'autres, ainsi que les personnages, assez complexes pour être honnêtes...

Certes, l'auteur a fait du maitre espion du KGB un pervers dégoutant, mais il a aussi montré que l'URSS recrutait plus facilement des agents doubles grâce à la force de l'idéal communiste. ll n'y a donc pas tellement ici de manichéisme à mon sens, juste le sens de l'Histoire qui voit triompher le capitalisme et les cowboys... et des récits de codes secrets, d'armes fatales et d'êtres humains?

Challenge Multi-Défis 28/52
Commenter  J’apprécie          472
Avec ce gros pavé de 1222 pages, je ne suis pas loin du coup de coeur. de 1950 pages à 1995, l'auteur retrace tout un pan de l'histoire mondiale avec la Guerre Froide. On y voit évoluer plusieurs générations d'espions de la CIA. On assiste à des évènements devenus historiques, comme la révolution de Budapest de 1956 et le débarquement de la Baies des Cochons. Il manque beaucoup d'épisodes de cette Guerre Froide, mais tout raconter de la manière de l'auteur, il aurait fallut plusieurs milliers de pages supplémentaires. Ceci-dit, ça ne m'aurait pas déplu.
Je mettrai quand même un petit bémol sur ce qui pourrait être un parti pris : la Russie est clairement le grand méchant, personnifié par ce "vieillard" pédophile, et les américains sont là pour sauver le monde, même dans leurs plus grands fiascos.
Pour ceux qui souhaitent se lancer dans cette lecture, je vous conseille de vous accrocher sur les 150 premières pages. Les personnages sont nombreux et ont des noms de code. Mais une fois que j'ai bien fait connaissance avec eux, je n'ai plus lâché le livre jusqu'à la fin.
Commenter  J’apprécie          240
Un long livre passionnant : 1000 pages d'espionnage sur des décennies au travers de génération d'espions.

Le roman est captivant. Il couvre la période contemporaine depuis les débuts de la guerre froide jusqu'à la fin de l'URSS. On se fait en passant une bonne révision de quelques évènements historiques du XXème siècle.

L'auteur à l'intelligence de se concentrer sur quelques évènements phares et quelques personnes. On ne s'égare pas et parfois la partie d'échecs se joue en plusieurs coups chacun espacé sur des années.

Les opérations sont vécues à tous les niveaux depuis l'infiltré sur le terrain jusqu'au président américain. Tout y passe : les filatures, les faux transfuges, les taupes, les soupçons, ...

On commence en fait à suivre un groupe de nouvelles recrues de la CIA qu'on retrouve tout au long du roman parfois au travers de leurs enfants. Et oui, la CIA est une histoire familiale : la pression est énorme et modèle les familles autour d'un secret inracontable. On sacrifie toute sa vie pour la cause aussi bien d'un côté que de l'autre.

Le côté russe n'est pas oublié même s'il est moins présent et je trouve assez caricatural.

Le seul problème : c'est un roman ! Qu'est-ce qui est réel (le récit est volontairement réaliste et crédible) ? Qu'est-ce qui tient de la fiction ? Difficile de le savoir.

Palpitant vous ne lâcherez pas facilement le roman.
Lien : http://travels-notes.blogspo..
Commenter  J’apprécie          250
Petite mise en contexte à propos de l'auteur : Robert Littell est un ancien journaliste de Newsweek qui s'est spécialisé dans l'écriture de romans d'espionnage dès les années 70 en signant une douzaine de titres. Il a couvert la Guerre des Six Jours, ce n'est donc pas un rond-de-cuir : quand il parle du terrain, ça sent le vécu. Robert Littell est aussi le père de Jonathan "Les Bienveillantes" Littell.

Ceci étant posé, La Compagnie, késako ?

C'est d'abord un pavé de 1200 pages.
Mais c'est surtout une histoire romancée de la CIA entre 1950 et 1995.
Tout commence à Berlin en 1950 quand un dignitaire russe demande à passer à l'ouest. Pour montrer sa bonne foi, l'agent soviétique prétend qu'il a des informations concernant une taupe très bien placée à la CIA. le roman n'aura de cesse de mettre en scène toutes les conséquences d'une telle affirmation. Quelle est l'identité de cette taupe (surnommée SACHA) ? N'est-ce pas une invention russe ? Qu'est-il moralement acceptable de faire pour démasquer le traitre ? Qu'est-ce qui pousse un homme de conviction à jouer les agents doubles (voire triples) ?

L'histoire avance par petits bonds historiques : Berlin en 1950, Budapest en 1956, Cuba en 1961, Moscou en 1974, l'Afghanistan en 1983, Moscou en 1991... Les grands jalons historiques servent de décor à l'intrigue et montrent l'évolution des mentalités et des moyens au sein de la CIA. le récit est bien évidemment concentré sur les agents américains, mais les agents soviétiques ont aussi droit à quelques beaux chapitres. de tout ça jaillissent des thèmes forts : l'amitié (et donc la trahison), la notion d'héritage (avec de véritables dynasties d'espions des deux côtés), des choix moraux (faut-il armer des opposants pour renverser un dictateur sans réellement se mouiller les mains ? Sommes-nous certains d'être les gentils dans cette histoire ? La torture, ça rapporte combien d'années de purgatoire ?). Les protagonistes sont tous persuadés d'être du bon côté de la barrière, le lecteur a donc parfois droit à un patriotisme ronflant, mais compréhensible quand on remet les choses dans leur contexte.

J'avoue que c'est un roman qui s'avale très facilement en dépit du probable manque de véracité factuelle que je subodore en bon lecteur sceptique. Même si à l'instar du film Titanic, on sait un peu à l'avance le déroulement de l'histoire (spoiler alert : l'URSS perd à la fin), le récit est riche et intéressant. Car en dehors du patriotisme des protagonistes, l'auteur ne glorifie pas tant que ça la CIA. Budapest est un véritable drame humain, la Baie des Cochons est tout aussi criminelle du point de vue sacrifice humain, la paranoïa du contre-espionnage (avec un excellent personnage qu'est Maman, qui se met à douter de tout et de tous, ce qui en fait parfois le pire ennemi de la CIA) provoque des tragédies... Les agents américains sont usés par la Guerre froide, finissent tous brisés et alcooliques et se révèlent des parents et des maris toujours absents. On est loin d'une apologie gratuite de la CIA et de ses méthodes. Pour tout dire, à de nombreuses reprises la CIA apprend plus de choses à travers les articles de journaux que via son réseau de renseignement.

Pourtant, malgré mon plaisir évident, il y a deux points qui m'ont profondément agacé au cours de ma lecture. La première chose est que je trouve que les nombreux agents américains qui sont mis en scène finissent par tous se ressembler. Il y a des moments où je confondais un Jack avec un Ebby ou un Anthony. C'est l'effet récit "choral" sans doute, mais j'avais parfois l'impression qu'ils étaient permutables à volonté, sans réelle personnalité propre. Ensuite, STARIK est le Grand Méchant du roman. C'est le maître-espion soviétique, celui qui veut ruiner le capitalisme, celui qui est prêt à tout pour réussir... Or pour le rendre encore plus détestable, l'auteur ajoute un détail : c'est un pédophile. Et là, c'est trop. Même si ce personnage est inspiré d'un véritable espion russe qui était pédophile dans la vraie vie, je trouve cette accumulation parfaitement grotesque et insultante pour le lecteur. À un moment, j'ai cru qu'il allait torturer des chatons pour être encore plus ignoble. Quel manque de finesse de la part de Robert Littell. Surtout que cette perversion n'est pas utilisée dans le récit autrement que pour le diaboliser à outrance.

De plus, je trouve qu'à mesure que Littell déroule son récit, il perd de la puissance. En gros, l'évocation du Berlin d'après-guerre ou de Cuba était savoureuse, mais la mise en scène de l'Afghanistan est d'une lourdeur incroyable. Sans doute est-ce dû à la proximité temporelle, mais évoquer Oussama Ben Laden est à mes yeux une facilité qu'il aurait pu éviter. D'autant plus que Littell fait dire à un de ces héros (grosso merdo, hein, je cite de mémoire) : "On arme les Afghans contre les Russes, mais n'y a-t-il pas un risque que les fondamentalistes religieux se retournent contre nous plus tard ?" Ce genre de fausse lucidité montre bien que le roman a été publié après le 11 septembre. Concernant cette période très intéressante, j'ai largement préféré le traitement du film Charlie Wilson's War avec Tom Hanks et Philip Seymour Hoffman.

Enfin, 1200 pages, ce n'est pas assez. Comme la narration s'attache à raconter la lutte de la CIA contre l'URSS, l'auteur glisse littéralement sur des périodes qui auraient été très intéressantes à décoder du point de vue CIA : guerre du Vietnam, mort de JFK, chute du mur de Berlin...

Ah oui, autre point qui m'a surpris : le portrait fait de Ronald Reagan. C'est à peine s'il est décrit comme quelqu'un de plus intelligent que George W. Bush et Sarah Palin réunis. le portait réalisé en fait un homme faible, qui ne comprend rien de ce que ses conseillers lui racontent et qui est à peine capable de se déplacer seul dans la Maison Blanche. Difficile de faire coïncider ce profil avec l'homme qui m'impressionnait tant à la télévision quand j'étais enfant.

Edit : il existe même une mini-série télévisée en trois épisodes.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
Commenter  J’apprécie          92

Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
De là où il se trouvait, Angleton considérait que le Sorcier avait assez d’expérience en matière d’opérations sur le terrain pour dresser toutes les batteries d’une défection, mais qu’il n’était plus à la hauteur dès que la situation exigeait une véritable culture géopolitique ; et qu’il était un peu trop lourdaud – et, depuis quelques mois, trop ivre – pour suivre Maman dans ce que T.S. Eliot avait appelé, dans son poème Gerontion, « la jungle des miroirs ». Oh, Torriti saisissait bien les premiers niveaux d’ambiguïté : à savoir que même les faux transfuges apportent avec eux des informations exactes pour prouver leur bonne foi. Mais il existait d’autres scénarios plus subtils que seule une poignée d’agents de la Compagnie, avec Angleton à l’avant-poste, pouvait appréhender. Quand on avait affaire à un transfuge porteur d’informations exactes, Maman avait pour ferme conviction qu’il fallait toujours garder à l’esprit que plus l’information exacte qu’il apportait était énorme, plus il y avait un risque que l’autre bord essaye de vous faire avaler un bobard énorme. Quand on avait compris ça, il s’ensuivait, aussi sûrement que la nuit suit le jour, qu’il fallait considérer chaque succès comme une calamité potentielle. Il y avait pourtant nombre de vétérans de l’OSS travaillant pour la Compagnie qui étaient incapables de saisir les différents niveaux d’ambiguïté impliqués dans une opération d’espionnage ; qui chuchotaient que Maman n’était qu’un parano complet.
Commenter  J’apprécie          20
Le taxi attendait le long du trottoir, portière entrouverte. Le Calabrais s’installa sur la banquette arrière et entreprit de retirer lentement ses gants de latex, doigt après doigt. Le chauffeur, un jeune Corse au nez méchamment cassé, conduisit d’abord lentement le long de la rue encore déserte afin de ne pas attirer l’attention, puis accéléra et prit un grand boulevard pour foncer vers Civitavecchia, le port de Rome sur la mer Tyrrhénienne, à trente-cinq minutes de trajet. Là, dans un entrepôt situé sur les quais, à un jet de pierre du Vladimir Ilitch, cargo russe qui devait appareiller avec la marée du matin, le Calabrais avait rendez-vous avec son contrôleur, un homme sec à la barbe blanche hirsute et aux yeux pensifs, connu sous le nom de Starik. Il lui rendrait alors tout le matériel de l’assassinat – les gants, le crochet à serrure, le boîtier à seringue, le gobelet contenant les dernières gouttes de lait drogué, et même la fiole vide – et lui remettrait le dossier portant la mention KHOLSTOMER. Il recevrait en échange le sac contenant une rançon de roi, 1 million de dollars en billets usagés de valeurs diverses ; un salaire tout à fait convenable pour un quart d’heure de travail. Quand les premières lueurs de l’aube teinteraient le ciel à l’est, quand la sœur des Servantes de Jésus Crucifié (émergeant d’un sommeil trop lourd) découvrirait Albino Luciani mort dans son lit, victime d’une crise cardiaque, le Calabrais embarquerait sur le petit bateau de pêche amarré qui l’emporterait en deux jours vers l’exil des plages de Palerme inondées de soleil.
Commenter  J’apprécie          10
Page 992
"En théorie, toi moi et la rezidentura avons l'énorme avantage de travailler contre le principal adversaire - les sociétés occidentales, leurs gouvernements et même leurs agences de renseignement sont plus ouverts que les nôtres et plus faciles à infiltrer. Mais en pratique, nous sommes confrontés à d’énormes désavantages dont même James Angleton à l'apogée de sa gloire n'avait pas idée. Nos dirigeants se croient capables d'analyser eux-mêmes les renseignements collectés. Et nos agents sur le terrain ont peur de dire à leurs officiers traitants quoique ce soit qui aille à l'encontre des idées préconçues des dirigeants en place; et même si nous disons la vérité à nos officiers traitants, ils ne voudront pas risquer leur carrière en la transmettant à leurs supérieurs. Staline ne doutait pas que c'était l'Occident qui tentait d'encourager une guerre entre l'Union Soviétique et l'Allemagne de Hitler, et toute information qui contredisait cette théorie - y compris les dizaines de rapports selon lesquels Hitler projetait d'attaquer la Russie - était tout simplement enterrée. Seules les informations qui allaient dans le sens des soupçons de Staline, lui étaient transmises. A un moment, le Centre est même arrivé à la conclusion que Kim Philby avait été retourné parce qu'il n'arrivait pas à trouver de preuve pour corroborer le faut que la Grande-Bretagne essayait de monter Hitler contre Staline. Notre problème est structurel - les renseignements qui sont transmis tendent à renforcer les idées fausses au lieu de les corriger.
Commenter  J’apprécie          10
Roman ? Documentaire ? En quelques pages on ne sait plus !
Pas spécialement intéressé par l'espionnage, saturé par les Ludlum de ma jeunesse, je me suis pourtant lancé dans celui-ci : Pas déçu !
Une plongée dans l'après guerre, avec coups tordus et services secrets prêts à tout. Personnages attachants, on est loin d'un James Bond, les espions ne sont pas fait d'airain mais de chair et de sang.
Commenter  J’apprécie          50
Reniflant pour dégager un sinus irrité, le Sorcier écarta les lames d’un store vénitien imaginaire avec deux doigts épais de sa main gantée, et regarda à travers la vitre sale. Au coucher du soleil, une brume moutarde avait dérivé de la steppe polonaise, à une cinquantaine de kilomètres à peine à l’est, drapant le secteur soviétique de Berlin d’un calme surnaturel et tapissant ses caniveaux pavés semblables à des intestins d’une espèce d’algue qui, pour reprendre l’expression pertinente de Torriti, puait le complot à plein nez. un peu plus loin, des choucas battirent soudain l’air et croassèrent furieusement en tournoyant autour de la flèche d’une église délabrée transformée en entrepôt. (Le Sorcier, adepte de la logique de la cause à effet, guetta l’écho du coup de feu qu’il avait sûrement manqué.) Dans la rue étroite qui bordait le cinéma, une casquette d’homme de quart enfoncée sur la tête, Silwan I, connu aussi sous le nom de Doux Jésus, et qui était l’un des deux gitans roumains que Torriti employait comme gardes du corps, traînait un chien muselé dans la lumière glauque d’une lampe à vapeur de mercure. À l’exception de Doux Jésus, les rues de ce que les pros de la Compagnie appelaient « Moscou-Ouest » paraissaient désertes. « S’il y a des Homo sapiens qui fêtent le nouvel an ici, marmonna Torriti, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils le font discrètement. »
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Robert Littell (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Littell
La peste sur vos deux familles de Robert Littell - La chronique de Clara Dupont-Monod
autres livres classés : espionnageVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (1251) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3012 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..