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Citations de Robert de Montesquiou (22)


XI AVIS


Vous qui n’aimez que l’air des ravissantes roses,
Évitez ce jardin où n’en fleurit que peu ;
Où l’exhortation de l’hortensia bleu,
Frileuse, épanouit ses corymbes moroses.

Des hortensias bleus dont la lumière est feue
Faisant honte à l’abeille et peur aux passereaux,
Et n’attirant, autour du front de ses héros,
Que des chauves-souris tout au long d’une lieue.

Essaims mystérieux, énigmatiques fleurs ;
Boules de neige glauque et libellule atroce ;
Abeille de silence, aux rayons sans couleurs,

Qui compose son miel solitaire et féroce
Au massif où la lune a laissé ses pâleurs
Tomber, du haut des cieux, de son blême carrosse.

p.15
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Robert de Montesquiou
Ce qui caractérise les arrivistes, c'est que non seulement ils n'arrivent guère, mais ils ne partent pas.
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On remet un jour à Hugo, — selon une anecdote plus ou moins véridique — une lettre adressée Au plus grand Poète de France. Il la fait porter chez
Lamartine, qui la retourne au premier. — « Nul ne saura jamais, aurait ajouté Vigny, lequel des deux s'est décidé à l'ouvrir. »
Que la suscription ait revêtu : Au plus mystique, c'était lui-même; au plus plastique, Gautier; au plus précordial, Valmore.
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Robert de Montesquiou
Il y a des degré dans l'humour, ainsi que dans le vice et dans la vertu.
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La création d’un beau nouveau, Baudelaire l’assigne à l’artiste, pour l’une des trois conditions du bonheur. C’est une ingénieuse façon de l’entendre que de promener un regard averti, sur un littoral inexploré. Point n’est toujours besoin, pour cela, de se mettre en route vers de distantes rives. Le voyageur court souvent après la fortune, qui l’attendait en son lit.
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XX

LUCIFERS

Les étoiles des lis ont éclairé la plaine,
Les pétales de l’astre ont éclos dans la nuit ;
De constellations de fleurs la route est pleine,
Et, de moissons de feux, la voûte brûle et luit.

Les anges ont baissé leurs yeux sur les prairies.
Les hommes ont levé leurs yeux vers les azurs ;
Et l’échange s’est vu des blanches confréries
De l’étoile éthérée et du pétale pur.

Les pétales se sont envolés vers les voûtes,
Les étoiles se sont éprises des humains ;
Et des anges aux cieux se sont trompés de routes,
Et des hommes en bas ont trouvé leurs chemins.
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XVIII

PRÉSAGE


Sous les villosités violettes des tartres
Les blancs Olympiens ont pris des tons caducs
Et, des arbres sans sève, et des plantes sans sucs,
L’automne qui descend les vêt comme de martres.

L’ombre et la vétusté les rouillent de leurs dartres,
Ces dieux à qui les rois voulaient des airs de ducs ;
Et le soleil mourant qui fuse sur les stucs,
Y verse les joyaux des verrières de Chartres.

Le Ciel est tout en fleurs, l’occident, tout en fruits ;
On dirait des éclairs forgés avec des bruits,
Des bouches de clairons et des rayons d’épées.

L’horizon est vraiment historique ce soir…
Car, dans le panier d’or du couchant, on croit voir
Tomber des grains saignants faits de têtes coupées !
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XXIII


Les arbres d’un vert noir où le regard s’enfonce,
D’un velouté mystère étoupent les bosquets ;
Des dieux marmoréens superbes ou coquets
Sont des taches de lait sur l’azur qui se fonce.

Le bassin au ciel vaste envoie une réponse
Faite des astres qui s’y mirent par bouquets.
Le jet d’eau qui retombe en grappes de muguets
Met comme un spectre bleu dans la nuit du quinconce.

C’est la nuit. Le couchant fut rouge. Il plut des ors.
Le Soleil-Roi fut pris — tel un quatorze cors ;
II chut dans le bassin comme un bouquet de têtes.

Le Paros devint flamme à ce saignant bourbier ;
Et, rouge exécuteur de ces royales fêtes,
Le jet d’eau rejaillit en grappes de sorbier.

p.46-47
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Robert de Montesquiou
Un enterrement est une cérémonie au cours de laquelle chacun des invités juge indûment occupée par le mort une attention qu'il voudrait fixée sur lui.
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Elle « résout la sécheresse du cœur », Michelet l'a dit, qui, seul, a légué les formules vraiment caractéristiques de ce doux-amer génie. Elles flottent par -dessus toutes autres paraphrases et surnagent ainsi qu'une arche par un déluge, ou tout au moins comme le manuscrit de Camoëns pouvait reluire au-dessus du flot.
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En pente douce, en dôme vert, monte l’allée
Des marmots noir mêlés au marbre violet.
Soixante-six bambins font un troupeau complet,
Sous vingt-deux miroirs d’eau qu’évente la feuillée.

Trois par trois assemblés sous la coupe émaillée,
Tel, chasseur, tient sa pique, ou, chantre, un flageolet.
Gaines, ou chèvrepieds, ils vont par triolet ;
Et, trois autres, Tritons, ont la jambe écaillée.


Sous l’ombre le zébrant d’un dessin de Kaschmir,
Bicentenaires, ils regardent s’endormir
Un tout petit enfant sérieux comme un bonze…

Et la mort du sommeil qui sur lui se posait,
Sous les yeux immortels de ses frères de bronze,
Apprenait à mourir au vivant marmouset.
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La Nature reprend ses droits sur tes vestiges,
Double marbre, Hyacinthe et Pan, grâce et laideur ;
Pan redevient lui-même et grave ses litiges
Sur ce groupe pétri de stupre et de candeur.

Pan redevient le Tout, vibration, odeur ;
L’effarement des bruits, l’élancement des tiges ;
Et, pour multiplier ses fourmillants prestiges,
Un reflet qui vacille irise leur froideur.


Le Chèvrepied velu sent l’envahir la mousse ;
L’oiseau niche en son cœur où vibre une voix douce,
Quand, sur un duvet blond, le baiser prend son vol.

Et c’est des roseaux joints de la syrinx verdie,
Que j’entends, dans le soir où Phœbé s’irradie,
Couler le cristal frais des chants du rossignol.
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PEINTRE DU ROY

Portraitiste attiré du vieux Versailles, Lobre,
J’aime à m’entretenir avec vous de ses maux ;
De ses bergers de pierre aux muets chalumeaux,
De ses rois, de ses dieux que ronge un morne opprobre.

Nous nous promènerons, un triste et riche octobre,
Sous l’abri blondissant des charmilles d’ormeaux ;
Et nous regarderons, en somptueux émaux,
Le parc agoniser d’un geste auguste et sobre.


La première à s’enfuir est l’âme des tilleuls.
Ils brodent sur les eaux l’or vivant des linceuls
Dont la pompe funèbre automnale se feutre.

Les marbres sont souillés, les arbres sont rouillés ;
Et d’un étrange élan énigmatique et neutre,
Eux-mêmes, les Tritons, se sont agenouillés.
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Tant de soleils sont morts dans ces bassins augustes,
Qu’on dirait des coffrets d’étoffes et d’atours :
Robes couleur des nuits, rubans couleur des jours
Que vécurent des dieux dont s’effritent les bustes.

Leur gloire immesurée et leurs grâces injustes
Ne sont plus que de l’herbe au dallage des cours ;
Un texte inattendu commente leurs discours :
La mousse en leurs cœurs froids et sur leurs lèvres frustes


Les rois n’ont plus de sceptre entre leurs doigts brisés ;
Vénus n’a plus de rose entre ses doigts rosés ;
Cupido n’a plus d’aile ; Apollo, plus de lyre…

Et la glace des eaux les aide à se flétrir ;
À l’heure de s’éteindre heureux de se sourire,
Heureux de se mirer à l’heure de mourir !
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Verbe fait d’un silence où des luths ont gémi ;
Souffle éclos d’une haleine où vécurent des roses ;
Regard né d’un mystère où moururent des choses ;
Parole interrompue aux lèvres d’un ami.

Dormeur mal éveillé, rêveur mal endormi
En délectations suavement moroses.
Effets survivanciers de l’envol de leurs causes ;
Mot qui sourit à peine, et qui pleure à demi.


Voile qu’un dieu défunt a pris pour manuterge ;
Adieu d’un mort cueilli sous la flamme d’un cierge,
Et sur le seuil du temps longuement dégusté.

Front que l’ombre obnubile et que la flamme effleure ;
Deuil qui persiste, amour qui cesse, chant qui pleure
Sur un lac fait de lys qui saignent : Vétusté !
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PERLES ROUGES

Mes vers ont reflété votre Miroir, ô vasques
Dont l’orbe s’arrondit tel qu’un clair bouclier ;
Vos Glaces, Galerie, où rien n’ose oublier,
Et dont le cœur est plein de plumes et de casques.

Tous les paniers géants, les justaucorps à basques
Dans ce double cristal vont se multiplier ;
Et des perles en pleurs, des larmes en collier
Roulent au bord des yeux, lorsque tombent les masques.


En vain le Temps est rude, et le Ciel est changeant ;
Le grand Louis, qui fut notre Grand Alexandre,
Dans le soleil couchant, tous les soirs, vient descendre…

Et rougir et pâlir, en l’or, et sur l’argent
Que ces rangs, alternés de pourpre et de grisailles,
Font, tour à tour, neiger, et saigner, sur Versailles.
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Ésotérique, le mot qui est une forme verbale du mystère, devait spécialement apprêter à rire à notre beau négateur. Il l’a répété environ sept fois au cours de son factum. Coq-du-village de la critique, il retourne cette perle. Je ne sais s’il la croit fine, mais le moindre grain de mil ferait bien mieux son affaire. A vrai dire, il lui donne une fois un sens justement opposé à ce qu'il signifie; et rien dans les allures de Belnon m'autorise à supposer que ce soit un tour d’esprit, une antiphrase sémillante. Au reste, il finit par le citer dans une phrase de moi, ce mot qui lui fait de l’effet. Vous verrez que c’est moi qui le lui aurai appris. Que ce lion ne m’a-t-il lu avec plus de soin?
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Pendant qu'il travaille, penché sur la planche de cuivre, qui lui met un reflet rouge sur la ligure, il me confesse ses goûts de bibeloterie, son amour des bois sculptés du Dix-Huitième Siècle, et il m'avoue que, pour le tableau qu'il finit dans le moment, tableau vendu seulement deux mille francs, il vient d'acheter un cadre aux armes de France, de quinze cents francs.
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Tout de même, ce Celte plaisante quelquefois. Un jour, il ouvrit à une dame, qui voulait son image à l'eau-forte. C'était la Dame dont d'Aurevilly aurait écrit : « Elle est peinte à sept couches, comme une voiture ». — Rendez-vous fut pris, pour la séance. « Quand vous reviendrez, ne vous fardez pas ! » fit seulement l'artiste sur le seuil. Autant dire : ne revenez point. Le modèle ne reparut plus. Ce fut peut-être un tort. S'il avait suivi le conseil négatif, qui sait si la beauté ne se fût pas retrouvée sous les sept voiles de la poudre et de l'onguent, de la crème et de l'opiat, du carmin, de l'antimoine et de la céruse ?
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Cette aile de papillon qu'est l'éventail, nous la retrouvons aux mains gantées d'une autre jeune femme en noir, décolletée en cœur, et qui, la première, au Salon des Pastellistes, fixa la faveur du public et l'attention de la critique. Une tiède atmosphère du soir, rosie à travers l'abat-jour, par une lampe discrètement allumée, quelques fleurs, et cette autre aile, d'ange celle-là, qu'est une harpe debout et silencieuse, tout, jusqu'au format insolitement carré de cette jolie toile, retenait le regard, et n'a cessé de le charmer aux expositions ultérieures, où son retour lui permet de venir, selon l'expression de Vigny, éprouver victorieusement la durée de l'opinion et de la mode.
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