Roger Bastide

Philosophe, ethnologie et sociologue français du 20ème siècle, Roger Bastide est beaucoup moins connu que Claude Lévy Strauss. Pourtant, il s’est intéressé à la civilisation brésilienne et a enseigné en France et au Brésil.

Paru en 1957, « Brésil, terre des contrastes » a été réédité et réactualisé en 2000 sous la direction de Claude Ravelet.

Ce livre est un incontournable pour les historiens ou géographes s’intéressants de prêt au plus grand pays d’Amérique du sud mais pas seulement, les voyageurs peuvent y trouver de nombreuses informations permettant de mieux saisir cette « terre de contrastes ».

Construit en 12 chapitres, l’auteur propose aussi une synthèse des problèmes que connait le pays dans les années 50.

C’était bien avant la dictature et Roger Bastide a tendance à être très optimiste sur la situation et la place du Brésil dans le monde, notamment quand il écrit « Le Brésil offre la plus éclatante réussite, celle d’un groupe de noirs qui a su marier harmonieusement le vieux et le neuf, l’Afrique et l’Europe, le maniement des techniques modernes de travail et la spiritualité, religieuse ou artistique, héritée de leurs ancêtres ».

Il me semble qu’il y a encore du chemin à faire pour cette « harmonie » constatée à l’époque, vu le nombre des favelas.

Ceci-dit, ce livre est agréable à lire et bien écrit.



Lu en janvier 2016

C'est une oeuvre difficile pour les non initiés qui date de 1972. Soit presque 50 ans. les sciences humaines ont évoluées grâce à ces découvreurs, ces défricheurs de l'anthropologie et de la sociologie.

C'est une oeuvre en trois parties d'inégale importance. Les deux premières expliquent la troisième.

Il y a le rêve sorte de monde profane et naturel où l'âme s'éveille aux fantasmes que la société contemporaine normative entrave. le rêve est associé à la transe.

La transe est expliquée par rapport aux peuples d'Afrique et du Brésil. La transe est un rêve éveillé. Elle est liée à la possession par des dieux ou des fantômes. La transe est attachée au don de prophétie.

La folie, enfin. L'homme est un être humain social. Il évolue au sein d'une cellule familiale proche et élargie. Il se socialise auprès de ses pairs durant sa scolarité. Puis entre dans le monde des adultes plus ou moins préparé. Tous ses rapports construisent son identité, individuelle et sociale. Et cela quelque soit son sexe et sa couleur de peau. Il s'agit de modèles normatifs pour une société donnée.

Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Il y a eu l'esclavage qui a brisé les anciens liens tribaux puis la suppression du travail servile qui a jeté sur la route des hommes sans autonomie. La hiérarchie économique et culturelle des blancs ont eu des répercussions dans l'inconscient des personnes de couleurs ayant entraîné un complexe d'infériorité.

Jean BASTIDE est ethnologue. Et lorsqu'il écrit cet essai, cela fait une douzaine d'année qu'il s'intéresse à la psychiatrie sociale. Il est spécialiste du Brésil, un pays multiculturel. Il a pu étudier les tensions entre les sexes, entre les âges, entre les statuts sociaux, entre la couleur de peau.

Dans une société, il n'y a pas de symétrie parfaite. La rapidité du progrès technique est venu bouleverser l'équilibre social. Ceux qui ne peuvent pas s'adapter sont rejeter hors de la société.

» Ce livre de 1958 m’avait beaucoup marqué lors de sa parution dans la magnifique collection « Terre humaine » .Mon intérêt pour ce culte et ces pratique était né lors de ma lecture de certains albums de Corto Maltese . Roger Bastide , sociologue , s’est appuyé sur son expérience du Brésil pour en réaliser une étude très complète. Outre qu’il s’agit d’une technique de l’extase (comme le chamanisme) et qu’elle renvoie aux cultes les plus archaïques , je suis aussi intéressé par son aspect syncrétique et le rôle qu’elle a joué en tant que socle identitaire pour les communautés noires implantées au Brésil par l’esclavage.